Famara Kalbert Mané, au cours de cet entretien accordé au journal Le Quotidien, se positionne comme un défenseur des intérêts de toutes les 15 communes du département de Goudomp. Selon le maire de la commune de Simbandi Balante, les chantiers sont vastes et le gouvernement Amadou Ba doit presser le pas pour ne pas créer davantage de frustrations auprès des populations des provinces du Balantacounda et du Brassou. Cela fait, le phénomène dit Sonko n’existerait plus.

Dans la parution du journal Le Quotidien du vendredi 15 septembre passé, en votre qualité de porte-parole du Collectif des maires du département de Goudomp (tous de la coalition Bby), vous avez fait une sortie assez virulente contre le gouvernement, qui ne prendrait pas au sérieux les préoccupations du Balantacounda. Est-ce parce vous êtes conscients de la fin toute proche du règne de votre régime ou alors c’est l’extériorisation sincère d’un ras-le-bol ?
En réalité, les maires du département de Goudomp n’ont fait aucune sortie virulente contre le gouvernement. Nous avons juste fait des constats lors de cette rencontre. Il arrive que la plus haute autorité de l’Etat prenne des décisions très importantes en direction des populations, mais que l’effectivité pose souvent problème, voire même ceux qui sont censés les mettre en œuvre n’en font pas une affaire personnelle.

Chaque fois que des projets et programmes sont annoncés, nous avons toujours constaté des lenteurs très nuisibles à l’exécution. Nous sommes vraiment victimes, peut-être, de la générosité du chef de l’Etat en direction des populations du département de Goudomp, au point que ceux qui sont censés traduire ces vœux en réalité ferment les yeux et se bouchent les oreilles. Comment comprendre cela ? Comment pouvons-nous rester indifférents face à cette situation des lampadaires ? Goudomp est un jeune département, qui est né des flancs de la réforme de 2008, et a besoin de plus d’investissements pour relever le niveau des infrastructures. Le chef de l’Etat, en plein Conseil des ministres décentralisé et à la suite de l’audience qu’il avait bien voulu accorder aux élus et cadres du département, a clairement notifié que pour le département de Goudomp, la dotation en lampadaires devrait passer de 200 à 300 unités, compte tenu de la spécificité de notre contrée. Mais, après cette importante déclaration, aucune action du ministère de l’Energie et de l’Aner (Agence nationale d’électrification rurale) n’a été faite jusqu’à nos jours. Nous avons même reçu des bons de retrait en bonne et due forme, lors d’un Crd (Comité régional de développement) tenu à Sédhiou.

En plus des lampadaires, les interpellations sont allées dans le sens de la mise en œuvre du projet de construction du pont de Témento, afin de permettre aux populations du Balantacounda et du Brassou de rejoindre leur capitale régionale, Sédhiou, sans difficultés. Ce projet de construction du pont de Téménto est d’ailleurs inscrit en 1er plan dans le Plan d’investissement triennal.
En plus de cela, il y a la question de la poursuite des travaux d’électrification de nos localités. A ce niveau, le Pudc et la Senelec ont fourni de gros efforts. Il s’agira pour ces derniers, d’accélérer les travaux déjà entamés afin de permettre aux populations de sortir de cette pénombre, qui pose d’énormes problèmes de sécurité et de vol de bétail. D’ailleurs, nous invitons le ministre en charge de ce secteur à venir en appoint à ces vaillants éleveurs qui ont vu leur cheptel disparaître, petit à petit, dès l’avènement de la crise casamançaise.

Revenez sur l’ensemble des revendications portées par les maires du Balantacounda/Brassou…
Il ne s’agit pas de revendications, mais plutôt du rappel des besoins de nos populations. Ces besoins tournent autour des questions liées à l’accélération des travaux d’électrification entamés par le Pudc et la Senelec dans nos différentes communes, la dotation de nos municipalités en lampadaires solaires par l’Aner conformément à la directive présidentielle, le pavage des rues dans toutes les 15 communes, le relèvement du plateau technique des centres de santé de Goudomp et de Samine, un quota pour le programme «Xëyu ndaw ñi», mais surtout l’effectivité du démarrage de la construction du pont de Témento.
A ce niveau, les populations s’impatientent compte tenu des difficultés liées à la traversée du fleuve Casamance, avec les risques de chavirement des pirogues. En pleine saison des pluies, accéder à la capitale régionale constitue un casse-tête pour tous. La construction du futur pont de Témento est devenue plus qu’une urgence. Nous perdons énormément de temps et peinons à rejoindre la ville de Sédhiou. Il arrive même que certains pensent que nous, élus, sommes là uniquement pour des intérêts crypto-personnels. Et je pense que dans le suivi des affaires locales, il urge que des mesures soient prises allant dans le sens de satisfaire les vrais besoins du Balantacounda/Pakao/Brassou et du Fouladou, pour éviter de hausser le niveau de frustration des populations.

N’avez-vous pas l’impression que ces doléances sont faites tardivement, puisqu’on est à quelque cinq mois de la fin de ce régime ?
Les investissements dans nos municipalités ne sont pas liés à la fin d’un régime. L’Etat, c’est la continuité, les problèmes des populations resteront des problèmes à résoudre par ceux qui ont ou auront en charge les destinées de cette belle Nation. Ce qu’il faut déplorer, ce sont les lenteurs constatées dans l’exécution des projets et programmes, qui portent préjudice à nos vaillantes populations très disciplinées. Cela crée même des frustrations. Je pense que le régime en place est vraiment conscient que l’urgence est là.

Le constat est là, nous avons vraiment espoir que certaines doléances seront véritablement résolues avant la transmission du pouvoir par le Président Sall. D’ailleurs, je profite de vos colonnes pour lui rendre un grand hommage inédit et exceptionnel pour services rendus à cette belle Nation. Nous devons tous lui décerner la Palme d’or et prier que son successeur fasse encore plus et mieux, au grand bonheur du Peuple sénégalais.

Quelle est votre position sur le choix porté sur le Pm Amadou Ba afin de porter la candidature de la Coalition Bby à l’élection présidentielle de 2024 ?
Quelquefois, il est extrêmement difficile d’entrer dans le cœur d’une personne pour connaître ce qu’il ressent. Mais il arrive que chaque individu, dans son for intérieur, voie ou ressente cette réalité. Et personnellement, moi, je le vis. Je voudrais juste dire qu’il y avait des signaux très forts qui ont éclairé le choix du Premier ministre Amadou Ba. Je ne le connais pas mais, en réalité, c’est quelqu’un de très sérieux, qui ne fait pas beaucoup de bruit. Il est aussi très humble et sait porter une attention particulière aux problèmes des populations. C’est un homme ouvert et il connaît aussi le fonctionnement de l’Administration. Il sait si bien défendre cette Nation au plan international. Pourquoi ne pas se réjouir du choix porté sur sa personne ? A travers ce choix, c’est tout le Sénégal qui est honoré, même ses adversaires de l’opposition l’apprécient.

Nous avons tous donné carte blanche au Président Sall pour nous choisir le candidat de la grande coalition présidentielle. Il l’a fait. Pourquoi ne pas le porter haut et s’en tenir à sa parole ? En tout cas, moi, y compris tous nos partisans dans nos différents villages de la commune de Simbandi Balante, qui constituons le premier vivier électoral du département de Goudomp, sommes décidés à l’accompagner, à nous battre à ses côtés afin qu’il puisse devenir le 5ème président de la République du Sénégal, qui sera exclusivement au service des populations.

Je suis pour cette candidature bien avant même le choix de Son Excellence Macky Sall. Nous avons espoir que Amadou Ba aussi aura un regard particulier sur cette jeune commune du Balantacounda. Il est vraiment capable de fédérer les énergies et de hisser le développement de notre cher pays. Je voudrais vous notifier que je ne l’ai jamais rencontré, ni échangé avec lui, mais il est important de noter que c’est Dieu qui unit le destin des hommes.

En définitive, c’est un choix du cœur et de la raison, comme tout autre candidat qui aurait pu l’être. Maintenant, il reviendra au candidat Amadou Ba de venir avant les élections à Simbandi Balante, pour rencontrer les couches de la société.

Croyez-vous que vous responsables politiques du Balantacounda avez une mission facile, faire élire le candidat du pouvoir ? Les réalisations et l’énormité des chantiers militent-elles en votre faveur ?
En réalité, il faut saluer les actions du chef de l’Etat dans ce jeune département. Nous avons, effectivement, bénéficié de nombreux investissements visibles et palpables, à l’image de ces nombreux forages fonctionnels. Beaucoup de collèges et d’écoles élémentaires ont bénéficié de salles de classe déjà construites et équipées avec du matériel de dernière génération.

Le régime actuel a beaucoup contribué à l’accès à l’eau potable dans les villages les plus reculés. Il déroule, en ce moment, un important travail d’investissement en matière d’électrification rurale et de mise en place de fermes agricoles dans nos différentes communes.

La présence du Pudc et de la Senelec en est une parfaite illustration. Bientôt, il sera procédé à la réception desdits travaux.
Seulement, et c’est important de le souligner, nous avons déploré l’absence des fils du terroir dans les grands instances de décision. Nous espérons qu’avec le futur président de la République, Amadou Ba, le Balantacounda ne jouera plus les seconds rôles.

Le phénomène Sonko, qu’en pensez-vous ?
Vous dites phénomène. Je ne comprends pas cela. Je suis juste ce type de Sénégalais qui a reçu une bonne éducation de ses parents et de la société. En tant qu’éducateur, je n’aime pas parler des gens. Ce monsieur, je ne le connais pas, aucune relation ne nous lie. C’est juste qu’il est un collègue-maire que je respecte, car nous portons en commun le mandat des populations. Je n’aime pas la violence, je suis pour le respect des institutions et des principes de la démocratie.

J’invite la nouvelle génération à faire preuve de pardon et de non-violence afin de bâtir un futur meilleur.
Nous devons user de notre intelligence pour continuer à construire un Sénégal où les hommes et les femmes vivront en parfaite harmonie par des liens de cousinage, où les populations vont continuer à se soigner sans bourse délier et bénéficier d’une éducation et d’une formation de qualité.
Propos recueillis par Abdoulaye KAMARA-Correspondant – akamara@leuotidien.sn