Le 10e anniversaire de l’Union africaine des radiodiffusions (Uar), qui a eu lieu du 21 au 24 février dernier à Dakar, a été un moment de réflexion avec beaucoup de recommandations. Autant dans le contenu des médias de service public pour faire face au numérique que dans le combat pour la baisse des droits de retransmission des événements sportifs. A l’issue des travaux, Le Quotidien s’est entretenu avec le directeur de l’Uar, Grégoire Ndjaka, qui révèle que seuls 14 pays sur 42 ont regardé la Can 2017.

Qu’est-ce qu’on peut retenir du 10e anniversaire de l’Uar ?
Pour nous, ce fut un grand moment. Un moment de rencontre entre les grands noms des chaînes de télévision d’Afrique et de télévision publique, mais aussi un moment de très grande réflexion. On a eu droit à un forum qui a vu la participation d’experts de renommée mondiale. Et pendant ce forum, nous avons parlé de quelque chose qui nous concerne tous, ce sont les contenus. C’est ainsi que pendant deux jours on a planché sur la question, la problématique des contenus et autres. Mais à côté du forum, nous nous sommes aussi intéressés à l’avenir des médias de service public à l’heure du numérique. C’est très important parce que c’est un monde qui bouge beaucoup. Il fallait voir dans quel sens les choses pourraient aller. Dans le futur, que deviendraient les médias de service public. Et enfin on a parlé de sport. C’est une question d’actualité. Vous savez que nos médias sont de plus en plus en difficulté du fait du coût très élevé des droits de retransmission. Pour moi, c’était donc un grand moment de réflexion, mais aussi de rencontre.

Quels sont les enseignements que l’on peut tirer de cela ?
En ce qui concerne les médias de service public, on s’est rendu compte qu’ils doivent se réajuster pour faire face à la donne du numérique. Parce qu’avec le numérique, tout change, tout va vite et il faut s’adapter. Et en ce qui concerne les questions de contenu, nous nous sommes dit à la fin que nous avions tous intérêt à produire africain, authentiquement africain. Parce que lorsqu’on produit africain, on a l’opportunité de vendre la culture de chez nous, de faire la promotion de cette culture. Maintenant aussi, on peut se faire beaucoup d’argent en produisant africain parce qu’on peut vendre. On peut vendre à d’autres chaînes de télévision, même aussi avoir des moyens. En produisant africain, on donne à sa chaîne de télévision une image, une image originale, une image qui vous singularise et vous particularise par rapport aux autres.

Est-ce à dire qu’il faudra impérativement s’adapter au numérique ?
Oui, aujourd’hui on ne peut plus ignorer le numérique. C’est une donnée incontournable. Il faut utiliser le numérique pour produire, il faut s’approprier de cet outil.

Et concernant le sport ?
En ce qui concerne le sport, nous nous sommes dit que la bataille qui a été engagée sur les droits de retransmission sportif doit se poursuivre afin que les coûts des droits puissent baisser un peu et que l’on puisse à la fin trouver des droits aux coûts abordables et accessibles à toutes les chaînes de télévision. Parce que, comme vous le savez, il y a des chaînes de télévision qui ne peuvent pas se permettre d’acheter les droits de retransmission.

Est-ce que ce sont entre autres les enseignements tirés de la dernière Can au Gabon ?
Tout à fait. Ce sont les enseignements tirés de la dernière Can au Gabon où seuls 14 pays sur 42 ont pu se permettre de diffuser les matchs de la Can 2017.

Qu’est-ce qui a manqué aux autres ?
Les moyens financiers bien sûr.

Peut-on s’attendre à voir les prix baisser ?
Les chefs d’Etat ont réagi et émis le vœu que les prix puissent être revus à la baisse. Mai­nte­nant, il appartient aux détenteurs des droits de voir la bonne solution pour cela.

C’est une mission de l’Uar en quelque sorte…
Oui, c’est un problème que nous avons commencé à résoudre. Nous avons porté notre pierre et nous pensons qu’à la prochaine édition les gens vont aller en s’améliorant.

Cela devrait normalement commencer avec la Coupe du monde 2018 en Russie…
C’est exact. Cela devrait commencer avec la Coupe du monde, mais nous n’avons pas beaucoup de problèmes avec la Fifa. On a moins de problèmes avec la Fifa que par rapport à la Caf. On nous dit que les matchs de la Fifa, lorsqu’ils arrivent en Afrique, ils sont déjà vendus et rentabilisés sur d’autres continents. Mais nous souhaitons simplement que la politique menée par la Fifa jusque-là en faveur de l’Uar se poursuive.

Donc, il n’y a pas de crainte à avoir pour la prochaine Coupe du monde 2018…
On verra si les droits de retransmission de la Coupe du monde sont encore octroyés à l’Uar. Si c’est le cas, il n’y aura pas de crainte. Maintenant, est-ce que les choses vont changer ? C’est là la grande question. C’est la grande interrogation. Nous avons rempli toutes les conditions et attendons que la Fifa se prononce.

Avez-vous bon espoir ?
Dans ce domaine, il faut attendre la dernière minute pour savoir si on avait raison ou pas. Parce que tout peut changer.

A quand la prochaine rencontre avec les membres ?
Déjà il faut dire que l’As­semblée générale qui a eu lieu en février était prévue en novembre dernier. Malheu­reu­se­ment à cause de la Coupe du monde et la démobilisation de certains pays, elle n’a pas pu avoir lieu. Mais nous pensons qu’en novembre de 2017, on devrait avoir la prochaine édition.

Ce sera à Dakar ?
Non, ce n’est pas sûr. Nous n’avons aucun intérêt à ce que cet événement se tienne à Dakar. Parce que tout simplement c’est rotatif. Et quand il se tient à Dakar, l’Uar supporte le coût. Il faudrait que les membres, selon leur statut, prennent en charge l’événement. La prochaine rencontre ce sera le 11e anniversaire. Nous avons d’ailleurs des pays qui se sont déjà manifestés pour accueillir l’événement et nous pensons que cela ne devrait pas avoir lieu à Dakar.

Des pays comme… ?
C’est encore un secret puisque les consultations se poursuivent.