A l’issue de la 11ème Assemblée générale de sa structure, le directeur général de l’Union africaine de radiodiffusion (Uar) a tiré le bilan de leur conclave de Kigali. C’est un Grégoire Ndjaka, satisfait des travaux, qui s’exprime sur les nouveaux défis qui interpellent l’Uar, évoque les recommandations du Président Paul Kagamé et leurs attentes par rapport aux nouveaux membres qui intègrent la structure continentale.

La 11e Assemblée générale de l’Union africaine de radiodiffusion vient de prendre fin après une semaine ici à Kigali. Quel bilan tirez-vous de cette édition ?
Disons que je suis vraiment satisfait. Pour la première fois, nous avons pu poser des actes concrets. Cette Assemblée générale a connu la participation du président de la Caf, M. Ahmad Ahmad. C’est une grande première dans l’histoire de l’Uar. Il est venu nous parler des questions liées aux droits sportifs. Nous avons eu surtout la présence du président de la République du Rwanda et président de l’Union africaine, M. Paul Kaga­mé, qui nous a entretenus pendant près de deux heures sur les questions qui concernent l’avenir de l’Uar, l’Union africaine et beaucoup d’entre nous. Les questions de survie, de développement liées au vivre ensemble.

Cette sortie du Président Kagamé a-t-elle forcément eu un impact sur la vie de l’Union africaine de radiodiffusion ?
Et quel Président ! C’est toujours un moment important dans la vie d’une organisation comme la nôtre de recevoir la plus haute autorité du pays. Et celle-ci est doublée d’une casquette de président de l’Union africaine. Il y a là un motif de réelle satisfaction.

Qu’est-ce l’Union compte faire des recommandations du Président Paul Kagamé ?
Juste après le départ du Prési­dent Kagamé, nous avons mis sur pied une task-force pour commencer à travailler sur ces questions : celle des droits sportifs et aussi de la création d’une chaîne panafricaine. C’est un très vieux projet qui n’avance pas beaucoup. Là, le Président nous a donné des indications pratiques et a dit : «Je m’engage à vous aider dans ce domaine-là.» Et nous nous sommes dit : «On va saisir la balle au rebond.» Nous avons donc mis en place, tout de suite, une task-force. Je vais vous dire que j’ai reçu la première mouture de travail de cette structure. Je rentre à Dakar et je reviendrai ici dans un mois pour essayer de rencontrer le Président (Kagamé), après avoir mûri correctement ce projet pour le lui remettre.

Après 11 ans de vie commune, est-ce qu’on peut dire que Kigali aura été un tournant dans la vie de cette Union ?
Je n’aime pas parler de tournant. Cela me semble prétentieux. Je voudrais dire que c’est une étape dans la vie de l’Union. Nous avons commencé à Dakar. Et je crois qu’aujourd’hui, les membres de l’Union se rendent compte de l’importance de cette structure. Vous avez vu, nous avons complétement renouvelé notre bureau. Et pour rentrer au bureau, ça a été une bataille. Il y a des batailles pour la présidence. Des élections très courues et démocratiques. C’est la preuve, s’il en était encore besoin, que cette Union a déjà commencé sa marche vers l’avant. Et je vais vous dire que nous avons une séance de travail avec nos Unions sœurs d’Asie, arabes et nous avons mis sur pied un plan commun de travail. Nous aurons bientôt notre plateforme d’échange de programmes. Elle va être tout de suite intégrée aux autres. Cela veut dire que si vous êtes à Dakar, à Yaoundé ou à Bamako, vous avez une chaîne de télévision et n’avez plus besoin de courir pour avoir des éléments. Et tout cela, nous allons le mettre gratuitement. Il faudra simplement être une structure en règle avec l’Union. C’est tout.

Au cours de cette Assem­blée, il y a eu l’ouverture au secteur privé. Qu’est-ce qui a motivé ce choix et qu’est-ce vous attendez de ces chaînes de télévision ?
Disons que ça a été un accouchement difficile parce qu’à sa création il y a 11 ans, on avait déjà mis dans les statuts de l’Union la possibilité d’accueillir les membres du secteur privé. On les appelle les membres participants. Mais pendant 9 ans, mes prédécesseurs ont évité de s’engager dans ce chantier attrayant, mais très glissant. Lorsque je suis venu, j’ai commencé par la concertation avec les autres membres. Nous nous sommes rendu compte que ça commençait à être quelque chose de vital.

En accueillant ces nouveaux membres, Ouest Tv, Label Tv et Africable, c’est comme si on ouvrait les fenêtres d’une maison pour que l’air pure puisse rentrer et vienne revivifier les habitants de la maison. Donc pour nous, cette étape est importante dans la mesure où le secteur privé viendra avec son dynamisme, sa fougue et ses moyens financiers et intellectuels et contribuera au développement de l’Union. C’est ce que nous espérons.
Qu’est-ce que vous attendez d’eux ?
Nous espérons qu’ils rentrent dans la grande marche que nous avons entreprise et qu’ils apportent leur expérience, leur savoir-faire, leur entregent pour qu’on puisse construire une Union véritablement au service des membres.
Parlons des droits du football avec la prochaine Coupe d’Afrique des Na­tions prévue au Cameroun en 2019. Comment comptez-vous gérer ce nouveau chantier ?
Nous avons eu une première expérience. Nous avons essayé pour Gabon 2017 de négocier en groupe. Nous avons pu éviter que les tarifs ou les prix des droits ne continuent pas leur envolée. Donc, nous les avons stabilisés. Mais même en les stabilisant, nous nous rendons compte que seuls 13 pays sur 54 ont pu diffuser ces matchs. Cela veut dire qu’il y a un autre problème. Aujourd’hui, nous sommes à la recherche d’une solution. Il faut arriver à faire en sorte que les prix puissent baisser. Et le président Ahmad Ahmad (de la Caf) nous a proposé une piste de réflexion, à savoir que l’on puisse transformer les droits en crédits publicitaires. Là encore, il faudra éviter des abus. On ne peut pas prendre prisonnier une chaîne de télévision pendant toute une année.
Il faudrait qu’on s’entende sur la période, le nombre de passage et la qualité de ce qu’on va y mettre. Prenons par exemple le Sénégal, on ne peut pas faire la publicité sur la bière ou sur autre chose. Donc, il y a un code éthique qu’il faut mettre en place. C’est une réflexion qu’il faut poursuivre. Et cette réfle­xion n’est pas officiellement engagée. Cela veut dire que nous devons éviter que l’on ne nous endorme. Nous avons un plan de travail, nous avons tiré toutes les conséquences et toutes les leçons de ce qui s’est passé la dernière fois. Je pense que nous serons aux côtés de nos membres pour la Coupe d’Afrique 2019.
Le prochain défi, c’est l’Assemblée générale de 2019 au Maroc. Quel sera le contenu de cette rencontre ?
Disons que nous parlons du Maroc depuis l’année dernière. Et pour tout vous dire, cette Assemblée générale devait avoir lieu au Maroc, mais nous avons choisi délibérément de la faire à Kigali, au Rwanda. Cela veut dire que nous avons commencé à travailler sur cette question. Nous allons poursuivre la réflexion avec le Président directeur général de la Slrt qui vient d’ailleurs de rentrer au Conseil et qui va occuper le poste de 3e vice-président. Mais en tout état de cause, Maroc 2019 sera une amélioration de Kigali 2018, parce qu’il n’est pas question pour nous de régresser. On va continuer à avancer, à nous développer parce que nous sommes conscients d’une chose : les membres ont besoin d’une Union forte. Et pour qu’elle le soit, il faut travailler. Pour travailler, il faut s’arrêter un moment pour faire le procès de ce que nous avons fait. Et les gens qui nous regardent disent : «Ça s’est bien passé.» Mais nous, au fond, nous avons des regrets. Il faut pouvoir les positiver. Cette négation, il faut la positiver pour que demain soit mieux qu’aujourd’hui.
Vous voyez grand. Mais est-ce que l’Union a les moyens de sa politique ?
Les moyens, c’est vous et moi. Lorsque nous sommes venus à la tête de l’Union, on a trouvé moins de 15 millions de francs Cfa. Aujourd’hui, je peux vous dire, sans risque de me tromper, que nous avons 10 à 15 fois ce que nous avions il y a deux ans. Lorsque vous travailler, les gens vous font confiance et vous font des propositions. Pendant cette Assemblée générale, nous avons eu beaucoup de propositions. L’Unicef, le Japon… Ce sont des données nouvelles, des bouffées d’oxygène qu’il faut simplement savoir capitaliser et faire en sorte que la machine continue sa marche ascendante. Et croyez-moi, je suis persuadé et je suis optimiste, je travaille pour que les choses s’améliorent.