Réélu à la tête de l’Union africaine de radiodiffusion, Gré­goire Ndjaka revient sur les décisions fortes prises lors de l’As­sem­blée générale de Mar­rakech. Entre autres sujets, les Droits Tv de la Can «Egypte 2019».

Monsieur le directeur, vous venez d’être réélu à la tête de l’Union africaine de radiodiffusion. Quel est le bilan qu’on peut tirer de ces assises ?
C’est une Assemblée générale tout à fait particulière, mais aussi une Assemblée générale pleine d’enseignements. Particulière par la qualité des intervenants et des participants qui, pour moi, m’ont rassuré par le fait que l’union avance et intéresse de plus en plus de gens. Ces gens sont intéressés par le travail, la qualité des échanges et autres. Mais cette Assemblée générale était aussi particulière en ce sens que nous avons essayé de toucher du doigt les problématiques du paysage audiovisuel africain. Nous avons aussi parlé de la question très glissante des «Fake News». Vous savez que partout à travers l’Afrique, les «Fake News» ne laissent personne indifférent. Nous avons traité de ce sujet. Tout comme nous avons traité de l’impact des nouveaux médias dans la vie de tous les jours. Vous avez pu voir ici des financiers, des personnes qui travaillent dans le domaine de l’agroforesterie, d’autres qui sont seulement des conservateurs de l’environnement, nous dirent comment les nouveaux médias peuvent avoir un impact sur cette profession. Pour la première fois, cette réunion se tenait dans un Royaume, le Maroc. Nous avons très souvent travaillé avec des Républiques. Il y a toujours quelques petites variations qu’il faut intégrer, promouvoir et bien comprendre.
L’un des points saillants de cette assemblée a été l’accès aux droits de retransmission de la prochaine Can de football, à des prix accessibles aux Africains. Quelle lecture vous en faites ?
C’est une question qui revient toujours parce que le sport et singulièrement le football, sont les contenus les plus prisés sur les chaînes de télévision. Et comme il faut payer pour accéder à ces contenus, il y a toujours des problèmes. Il y a encore des problèmes parce que quelquefois, les montants à payer ne sont pas à la portée de nos chaînes de télévision. Nous avons, sur ce plan-là, entrepris un certain nombre d’actions qui se sont concrétisées l’année dernière avec la visite historique et très attendue du président de la Caf, Monsieur Ahmad Ahmad, à qui nous disons encore merci. Cette fois avec la participation de l’Uar à l’appel à candidature lancé par la Caf, je profite de l’occasion pour dire que pour nous, aujourd’hui, il faut féliciter la Caf pour la transparence qu’elle a imposée dans ce secteur. Nous allons travailler de manière mutuellement bénéfique avec la Caf sur les droits de la Can. Nous attendons calmement les résultats de cet appel d’offres.
Il y a quand même eu des recommandations faites par l’assemblée dans ce sens…
Effectivement ! L’Assemblée générale a confirmé le mandat qui a été donné par 31 pays au Directeur Général que je suis pour être le médiateur, négociateur principal des droits. L’Assemblée générale a aussi réaffirmé son attachement à l’Uar dans ce dossier et elle a dit que tout doit se faire autour de l’Uar. En réalité, on nous a confortés dans cette position de négociateur. L’Assemblée générale a aussi émis le vœu que la Caf ne puisse pas donner les droits à un non-Africain. Pour elle, les droits de retransmission des événements qui sont organisés en Afrique se jouent en Afrique par des Africains, ces événements devraient donc être aussi vendus au public par un Africain.
Un autre chapitre a été abordé au cours de cette assemblée, ce sont les échanges de contenus avec l’«Aub Vision». Comment cela va se passer ?
C’est l’une des particularités de cette assemblée. C’est pour la première fois qu’on parle des échanges de programmes qui s’effectuent déjà. Avant, c’était de la spéculation coupée de la réalité de tous les jours. Ici, on a pu faire le bilan de notre réseau d’échanges de programmes trois mois après son début. Et nous nous sommes rendu compte que c’est un réseau prometteur parce qu’en trois mois, nous avons eu un trafic de 800 nouvelles. Il n’y a nulle part dans le monde, un réseau qui fonctionne à ce rythme-là. Cela veut dire que si nous continuons dans cette voie, nous avons toutes les chances de nous hisser à la première place. Mais nous voulons nous hisser à la première place pas seulement en quantité, mais en qualité aussi.
Quelles sont vos priorités pour votre nouvelle mission à la tête de l’Uar ?
D’abord merci à Dieu parce que ce qu’il faut comprendre, c’est que mon mandat courait encore. J’ai un mandat qui court pour une année. Mais le Conseil d’administration et l’Assemblée générale ont décidé d’ajouter à cette année, quatre autres années. Ils ont dit que les orientations nouvelles qui ont été mises sur pied au niveau de l’Uar ont commencé à porter leurs fruits et qu’ils soutenaient tout cela. En réalité, c’est une équipe qui est au travail à l’Uar. Une équipe faite de femmes et d’hommes qui pensent qu’il faille en ce moment relever le défi, impacter une sorte de renouveau communicationnel. Je situe mon action dans ce couloir-là. La chose qui va me préoccuper pour les cinq prochaines années, c’est l’intérêt des membres. Il faut offrir des services aux membres, former les hommes et les femmes qui travaillent dans les médias, améliorer notre relationnel avec les autres unions sœurs, mais aussi avec les détenteurs de tous les contenus qui existent afin que l’on puisse, en regardant la télévision africaine, se dire, quelque chose à changer.
Après l’adhésion de E-Médias, nouvelle chaîne privée sénégalaise, au sein de l’union, allez-vous continuer à tendre la main aux autres chaînes privées du continent ?
Nous n’avons pas à tendre la main aux chaînes privées africaines. Celles qui le veulent sont membres de l’Uar. L’Assemblée générale a renouvelé sa confiance à Label Tv à travers notre aîné, Mactar Sylla, afin qu’il siège au Conseil d’administration de l’Uar. Cela veut dire que pour nous, la question de renouveler, tout cela ce sont des questions largement dépassées aujourd’hui. Nous saluons par la même occasion l’adhésion de E-Médias au Sénégal. Il y a aussi la Rai, la Radio de la Paix en Côte d’Ivoire.
On parle d’un bouquet de l’union africaine de radiodiffusion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un projet qui va être traduit en acte dans les prochains jours. Les négociations sont très avancées.