Propos recueillis par Alioune Badara NDIAYE (Correspondant) – C’est un Secrétaire général du parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) très décontracté et qui se veut très clair dans ses déclarations qui a ouvert vendredi les portes de sa maison de Ndargoundaw (Rufisque nord), au journal Le Quotidien. Cette même maison qui avait subi une attaque lors des événements de mars 2021. Surfant sur les divers plans de l’actualité dans le pays, Seydou Diouf a sans gants, estimé que ses collègues députés dans l’affaire présumée de trafic de passeports diplomatiques devraient répondre aux enquêteurs sans même que leur immunité parlementaire ne soit levée. Cours sur le principe de levée de cette protection pour parlementaire, le leader du Ppc a plaidé pour une modernisation de l’Hémicycle, non sans se pencher sur les Locales 2022 au cours desquelles il aspire pour une première, à «compétir» pour la Ville. L’actualité, c’est l’affaire présumée de trafic de passeports diplomatiques. Comment avez-vous accueilli cette information mettant en cause des collègues à l’Hémicycle ?
Ça m’a choqué et ça m’attriste parce que je connais les collègues incriminés. J’ai vu comment ils assumaient leurs fonctions. Qu’est-ce qu’il faut faire ? On n’est pas en session. Ce sont des accusations, et ce que nous en savons c’est ce que nous rapporte la presse au quotidien. Est-ce avéré ? Est-ce pas avéré ? Je ne peux pas me prononcer sur l’affaire. En tout état de cause, pour l’image de l’Assemblée nationale, ce n’est pas une bonne chose. J’attends que les enquêtes se poursuivent et qu’on sache où se situe la vérité.
Il est question de levée de l’immunité parlementaire actuellement.
Je vois que le débat est agité sur la levée de l’immunité parlementaire. Le président de l’Assemblée les a entendus. Mais en tout état de cause, au stade où nous en sommes (enquête préliminaire pour situer des responsabilités), je dis qu’il n’y a pas besoin de lever l’immunité parlementaire. Lorsque l’officier de police judiciaire a besoin de quelqu’un dans le cadre d’une procédure d’enquête préliminaire, il n’y a pas besoin de lever une immunité parlementaire. Il faut au Sénégal qu’on remette les choses à l’endroit. Les gens se sont laissés aller dans l’affaire de (Ousmane) Sonko pour dénaturer l’immunité parlementaire. L’immunité parlementaire, ce n’est pas ça. Au stade de l’enquête préliminaire, je le répète, il n’y a pas besoin de lever l’immunité parlementaire. S’ils sont convoqués demain par l’officier de police judiciaire, la Section de recherches ou autre ils (les députés Mamadou Sall et Mamadou Biaye. Ndlr) doivent y aller. C’est une enquête préliminaire, on peut vous entendre dans ce cadre et qu’il n’y ait pas lieu à poursuivre. Or, l’immunité ne peut être levée qu’en cas de déclenchement de poursuites. Pourquoi alors dans notre pays, les gens se complaisent à tordre les règles, à les interpréter, alors que les choses sont très claires.
Claires en quel sens ?
On vous dit qu’‘’aucun député ne peut être poursuivi ou arrêté sans qu’au préalable ne soit levée son immunité parlementaire. Hors session, aucun député ne peut être arrêté, etc.’’. Je mets au défi n’importe quel constitutionnaliste, homme de droit ou tout autre, au nom de quoi un député convoqué par un officier de police judiciaire ne doit pas aller répondre. Ce qu’on a fait dans l’affaire Sonko ne se justifiait pas et moi je l’ai dit. Le commandant de la Section recherches était bien fondé à le convoquer sur cette affaire. Maintenant, c’est lorsque le procureur pose un acte de poursuite qu’il faut préalablement lever l’immunité parlementaire. On biaise trop le débat dans notre pays et quelques fois, on le biaise jusqu’au point où, pour ne pas donner l’impression d’un acharnement, l’Etat se plie, la justice se plie. Un pays ne peut pas fonctionner comme ça.
Le constat justement, c’est que l’Assemblée nationale est régulièrement décriée dans la conduite des affaires ?
On aura beau tirer sur l’Assemblée nationale, mais sur beaucoup de questions agitées, l’interprétation est fausse. Maintenant, je ne couvre pas les députés, je ne couvre pas l’Assemblée nationale. J’estime qu’entre députés et même hommes politiques, nous devons revoir les rapports que nous avons par rapport aux fonctions que nous occupons. En comprenant que nous occupons ces fonctions par le biais de la confiance des Sénégalais et pour les servir. La fonction politique est une fonction sacerdotale qu’il faut assumer avec humilité.
Et que dites-vous du procès peu reluisant fait contre les députés ?
Une seule personne experte en tout, ce n’est qu’au député qu’on demande ça. On ne le demande ni à un ministre ni à un Directeur général. On demande aux députés de se prononcer sur toutes les questions et on leur refuse d’assumer correctement la fonction avec des assistants parlementaires traités correctement. On lui refuse d’avoir une diversification dans sa source d’informations parce que sa seule source, c’est l’information gouvernementale, parce qu’il n’a pas l’expertise à l’Assemblée nationale. Dans les assemblées qui se respectent, l’expertise est mise à la disposition de l’Assemblée nationale. Ces assemblées nationales ont les moyens budgétaires d’aller recruter des cabinets qui leur donnent des perspectives de croissance économique qui viennent, quelques fois, confronter le rapport économique et financier du gouvernement.
Il faut donc, selon vous, moderniser l’Assemblée nationale ?
Je suis pour une Assemblée à moderniser totalement dans ses pratiques y compris d’ailleurs dans le temps qu’on met pour traiter une question. Y compris lorsqu’un projet de loi arrive, le temps qu’on doit lui donner pour le traiter. Programmer les choses. Savoir qu’un texte de projet de loi, on ne peut pas l’examiner sur une séance si on veut faire un travail législatif de fond.
Une autre actualité, ce sont les Locales qui se profilent à l’horizon et pour lesquelles votre parti vous a désigné comme candidat pour la mairie Ville de Rufisque
Mercredi dernier, le Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc), à travers sa convention des femmes, a organisé un très grand rassemblement pour m’inviter à candidater à la candidature de Benno bokk yaakaar pour la Ville de Rufisque. Comme je l’ai dit au millier de personnes présentes à l’occasion, c’est une invite à laquelle j’adhère et que j’accepte en toute responsabilité et en toute humilité, pour plusieurs raisons. La première raison déterminante, c’est l’urgence de l’heure. La situation de notre ville requiert un sursaut de la part des Rufisquois. Je suis né, ai grandi et ai fait toute mes humanités à Rufisque. Lorsque j’ai eu la possibilité de construire une maison, je ne l’ai pas fait ailleurs, je l’ai fait ici à Rufisque. Je dors dans cette ville chaque jour, je m’y réveille pour aller travailler à Dakar. Lorsque nous avons été façonnés comme je le suis par Me Mbaye Jacques Diop, dont tout le monde connaît l’attachement à Rufisque, les combats qu’il a menés pour le développement de cette ville, lorsqu’on a grandi sous la coupole de cet homme, on a forcément cette ville de Rufisque chevillée au corps. C’est ce vécu de Rufisque, ce compagnonnage avec Me Jacques Diop qui m’ont inculqué cet amour de la ville.
Qu’est-ce qui justifie ce sursaut que vous évoquez ?
Quand vous regardez la situation actuelle de la ville, on voit que l‘on laisse chacun faire ce qu’il veut. Prenez comme preuve, l’occupation anarchique dans la ville. C‘est un désordre indescriptible, parce qu’on laisse chacun installer sa petite cantine, son petit étalage ; on laisse chacun créer sa petite gare routière au bord de la route. Il faut discuter avec les acteurs qui ont autant intérêt à avoir une ville qui part d’un aménagement cohérent ; c’est le premier défi de Rufisque. Quel aménagement pour faciliter la mobilité dans la ville ? Est-ce qu’on doit continuer à avoir une ville avec un seul centre-ville, un seul grand marché ? Est-ce que l’expansion démographique et celle territoriale ne doivent pas être accompagnées avec des équipements structurants ? Ce sont des projets et il faut les concevoir, mais malheureusement, comme on a un saucissonnage de notre ville en trois communes, forcément la ville doit impulser le dialogue avec les trois communes pour y arriver. Ce sont les véritables enjeux de Rufisque ; il faut les mettre en œuvre quitte à déplaire. Il faut remettre de l’ordre dans la ville. La situation aujourd’hui, j’estime qu’elle est très grave. Moi, je veux porter un changement tout de suite sur Rufisque ; ne serait-ce que du point de vue de l’approche que la municipalité a de ces questions-là.
D’autres candidatures au sein de BBy, notamment de l’Apr, se sont déclarées. Avez-vous des chances de passer devant eux ?
Je ne dénie à personne le droit d’être candidat à la candidature. Par contre je le dis et le répète : si les choix reposent sur des critères objectifs en termes de degré d’engagement sur le terrain politique, de loyauté dans l’engagement militant, d’ancrage territorial, de parcours et d’expérience dans Bby, je ne me fais aucun souci. Si les critères sont objectifs, le Ppc n’a aucun problème pour «compétir». Par contre, si on veut nous dire que pour la ville de Rufisque, on réserve la place à l’Apr ; ça ne marchera pas avec nous. Les choses doivent être très claires sur ça. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va me dire que parce que je ne suis pas de l’Apr, je ne vais pas être le candidat de la coalition à la tête de la ville de Rufisque et qu’il faut réserver le poste à l’Apr. Le jour où on me dira ça, ce sera la fin de mon compagnonnage avec l’Apr. Je veux que ce soit très clair. Nous n’avons jamais conditionné notre compagnonnage avec le Président Macky Sall. Nous n’avons jamais rien demandé, on ne nous a jamais mis un cadre à un poste de direction. Moi-même, malgré le parcours que j’ai, en toute modestie, on ne m’a jamais convié dans un gouvernement. A l’Assemblée, je suis dans une posture de travail qui me contraint d’ailleurs mais que j’assume. J’ai du respect pour les membres de Bby qui sont à Rufisque, qu’il s’agisse du Pit qui regorge de cadres, de la Ld, d’Aj, de l’Arc du président Badara Mamaya Sène, etc. Et ils veulent que nous, on accepte que le débat sur la candidature à la ville soit l’affaire entre deux membres de l’Apr intra-muros ; on ne peut pas accepter cela.
Vous proposez donc des concertations entre les différents candidats ?
Nous sommes dans une coalition et allons travailler sur la base d’un principe. Moi-même, je suis le seul en dehors de Samba Sy, à siéger en tant que chef de parti à la Conférence des leaders de Bby. Je suis Secrétaire général de parti membre de la Conférence des leaders de Bby. Il faut savoir raison garder, parce que l’option, elle est très claire. Là où nous avons des collègues d’institutions territoriales qui ont fait du bon travail et ont des chances d’être reconduits, Bby doit les reconduire.
Comme Souleymane Ndoye (président du Conseil départemental candidat déclaré à la Ville) ?
Je ne personnalise pas mais, je dis que la coalition doit reconduire ces gens. Et ça, c’est le principe par rapport au travail que nous avons entamé dans la coalition Bby. Et lorsque manifestement, celui qui était aux manettes n’a pas donné des satisfactions et que la coalition court le risque de perdre la collectivité, ou bien que celui qui est aux manettes n’est pas de la coalition, on va positionner quelqu’un ; c’est le cas de la ville de Rufisque. Mon oncle Daouda n’est pas de la coalition, donc on va positionner quelqu’un, mais il faut que celui qu’on positionne puisse être un acteur politique majeur, qui a une dimension nationale parce que Rufisque aujourd’hui n’est pas une ville qui peut être dirigée par quelqu’un qui n’a pas assez d’envergure au plan national.
D’un côté, le choix du Ppc sur votre personne et de l’autre les décideurs. Quelle sera votre position si vous n’êtes pas choisi comme candidat de Bby ?
A partir de la semaine prochaine, je vais demander à nos amis de se préparer parce que, quel que soit le schéma, nous devrons aussi proposer à Bby des candidats dans les différentes listes des communes. C’est un travail que nous allons entamer. Maintenant, comme je dis, en politique on n’insulte pas l’avenir. Le moment venu on avisera, mais une chose est claire : nous demandons aux uns et aux autres de savoir raison garder, parce que lorsque vous avez des alliés fidèles qui ne conditionnent pas leur soutien, qui ne vous réclament absolument rien, mais qui, sur cette élection, vu sa nature, vous parlent, vous devez les écouter et les entendre. Quand nous constatons que l’heure est grave pour notre ville et que nous devons appeler à un sursaut des Rufisquois pour changer le destin de la ville, nous devons être entendus par le président de la République. Pour Rufisque, nous avons des exigences. Si on nous met quelqu’un de mieux armé que nous, le Ppc se rangera derrière celui-là. Il faut qu’on connaisse à cette personne une expérience meilleure que la nôtre. La ville est dans une situation qui requiert la présence d’un homme expérimenté, connu, reconnu et capable d’en porter le destin.
Vous parlez d’expérience, mais vous n’avez été que directeur de Cabinet du maire et n’avez jamais intégré un Conseil municipal ?
J’étais directeur de Cabinet et je préparais toutes les délibérations. J’ai eu l’occasion pendant plusieurs années aussi, et je prends ceux qui étaient là comme témoins, de cumuler les fonctions de directeur de Cabinet et de Secrétaire général de la municipalité. Il est arrivé ici, sous le magistère du président Mbaye Jacques Diop, qu’il y ait des moments où la mairie n’avait même pas de Secrétaire général. Je préparais toutes les délibérations du Conseil municipal et chaque fois qu’une délégation devait représenter le maire quelque part, ou bien lui-même devait y aller, j’étais là. Avec la séparation de Rufisque et Bargny en 1990, il y avait des conséquences, notamment sur les années 93, avec des difficultés budgétaires. Moi-même j’ai écrit un plan de redressement financier de la ville. Ça fait partie de mes documents de maîtrise. Plan de redressement que j’avais présenté en ce sens devant la Directrice nationale du trésor, Aissatou Niang Ndiaye. J’ai été conseiller régional de Dakar en qualité de rapporteur de la commission éducation, sous la présidence de Mar Diouf. J’ai alors bel et bien l’expérience de ces organes. La preuve, je suis même formateur en décentralisation pour des conseillers municipaux, ici et ailleurs. Qu’on me sorte, de tous ceux qui veulent diriger la ville de Rufisque, un qui a le même parcours que moi. Je suis factuel et pas dans des élucubrations.
Comment se porte le Ppc que vous a légué Me Mbaye Jacques Diop ?
Ce qui s’est fait mercredi, à savoir préparer en deux jours ce grand rassemblement, n’est pas donné à tout le monde et c’est un indicateur surtout dans le contexte actuel. C’est dire que le parti est en train de rebondir, parce qu’il faut comprendre le parcours du Ppc. Lorsque le président Mbaye Jacques Diop est arrivé à un certain âge et que sa santé commençait à être fébrile, il avait l’habitude de dire à ses amis qu’il ne cherchait plus rien. Certains sont restés et d’autres sont partis voir autre chose, et il a géré le parti dans cet esprit de famille. Quand on est arrivé aux manettes avec cette situation il fallait gérer deux défis : celui du maintien des responsables du parti à leurs niveaux de responsabilités, mais aussi celui de l’ouverture pour que le parti puisse rebondir, essaimer et s’élargir pour redevenir attractif sur la base d’un idéal que nous tirons des enseignements de Me Mbaye Jacques. Nous l’avons fait, mais tout n’a pas été simple parce que quelques fois y a des incompréhensions. Nous avons une bonne présence sur Rufisque, mais du travail reste à être fait surtout dans les nouveaux quartiers. Nous avons eu à sortir le parti de Rufisque, c’est un défi relevé. A Bargny, le Ppc a un excellent ancrage, y compris dans les régions de l’intérieur. A Sédhiou, les Galaly Mané, Lansana Ndiaye, sont là-bas pour le parti. Mercredi, lorsqu’on faisait le rassemblement, le collègue de Kolda, Abdou Malick Diallo, était président. Idem à Kaolack, où nous avons nos responsables. On est conscients du chantier qui nous attend, parce qu’on est un parti politique qui réfléchit également sur le devenir du Sénégal. Le parti va se structurer davantage parce que j’estime que nous sommes à la croisée des chemins, notre pays est aussi à la croisée des chemins et le Ppc ne peut pas être absent dans le débat national.
Pensez-vous que votre parti dispose d’une base assez solide pour vous propulser à la mairie au cas où vous ne seriez pas le candidat choisi par Bby ?
Aucune base politique d’un parti politique ne peut réaliser une élection. Le parti politique qui a pour objectif de mobiliser un électorat, veut mobiliser des militants ; ça c’est le rôle d’un parti. Une élection, c’est trois choses. Avoir une machine politique, c’est-à-dire un parti avec ses ramifications à l’échelle du territoire. Deuxième chose, c’est l’espoir suscité auprès des électeurs que vous êtes le meilleur, et troisièmement, c’est cette capacité à communiquer, à parler vrai, à dire les choses et à rassurer. Ce sont ces trois choses combinées qui font une élection. Quand bien même j’ai la certitude aujourd’hui, vu la manière dont le Ppc est organisé, que les moyens de le faire sont là. Mon ambition, c’est de repositionner Rufisque dans le Sénégal. Sur ce j’appelle nos amis de l’Apr au sens du discernement et de la générosité. Il faut qu’on fasse preuve de générosité vis-à-vis des alliés, parce que sinon, les gens vont prendre leur destin en main et ce n’est pas bon. Je reste convaincu que le président de la République saura trouver les bonnes formules. A l’épreuve du temps, Bby a su faire preuve de solidité et ça nous le devons au Président Macky Sall.
La bonne formule pour Benno selon vous, c’est votre candidature ?
Je respecte tout le monde, mais mettons sur la table les profils et les parcours et demandons aux Rufisquois, c’est tout.
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