«En plus de la pandémie, la Cdc peine à recouvrer ses ressources»La pandémie de Covid-19 et ses effets sur l’économie, notamment sur les programmes du chef de l’Etat, ont mis en avant la Caisse des dépôts et consignations et son directeur général. Cheikh Ahmed Tidiane Ba tient à exprimer, avec Le Quotidien, l’optimisme qui l’habite dans sa mission à travers cette structure. Mais l’homme politique n’a pas manqué non plus l’occasion de réaffirmer de manière nette ses ambitions pour sa localité de Dakar.Vous avez récemment déclaré que la Cdc était méconnue du grand public. Que fait exactement la Caisse ?

Permettez-moi d’abord, au nom de tous les agents de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), de présenter mes vœux les meilleurs au président de la République et au peuple sénégalais qui sort d’une année éprouvante.
Oui, je l’ai dit lors du Conseil présidentiel sur le Pap2A. La Caisse est un établissement public certes pas inconnu, mais méconnu. Pour parler simplement, la Cdc pourrait se résumer en trois (3) mots : sécurisation, fructification et financement.
La sécurisation parce que les ressources gérées par les Caisses des dépôts et consignations, de par leur nature ou leur origine, requièrent une protection particulière. Je donne un exemple : vous devez acheter un immeuble et passer par un notaire. Compte tenu des procédures administratives et de diverses contraintes, le séjour de votre argent chez le notaire peut être plus ou moins long. Le législateur demande alors au notaire de déposer cet argent à la Caisse des dépôts. L’argent est ainsi déposé dans les comptes du notaire domiciliés dans les livres de la Caisse des dépôts, un tiers de confiance qui en assure la garde et la gestion jusqu’au dénouement de la procédure d’achat, pour le restituer à son bénéficiaire désigné.
Cet exemple vaut pour tous les fonds visés par la loi, notamment les fonds d’épargne et de retraite, les cautionnements, les dépôts de garantie des usagers auprès des concessionnaires de services publics, les consignations pénales, judiciaires et assimilées. Les ressources ainsi gérées et sécurisées sont donc fructifiées à travers des supports de placement sûrs et sans risque.
Les intérêts et produits issus des opérations de fructification sont destinés au financement de l’économie dans toutes ses composantes, avec notamment un focus sur certains secteurs jugés prioritaires et définis par le législateur qui sont : le logement social et de standing, les travaux d’équipements des collectivités territoriales, la politique de la ville, les Petites et moyennes entreprises, les projets stratégiques et structurants de l’Etat.

La Caisse des dépôts et consignations a-t-elle ressenti les effets du Covid 19 dans ses activités et ses projets ? Comment avez-vous pu y faire face ?
Effectivement, nos activités ont été globalement impactées par le Covid-19. Quand je dis globalement, je veux faire référence au groupe Cdc, à savoir l’établissement public et les filiales. Ces dernières en effet sont relativement plus touchées du fait qu’elles évoluent dans des secteurs concurrentiels. Je peux citer l’exemple d’Air Sénégal, qui était dans une phase de lancée fulgurante, mais évoluant dans un secteur fortement impacté qu’est le transport aérien. Heureu­sement que l’Etat a pris des mesures fortes, allant dans le sens d’alléger ses effets sur la compagnie.
S’agissant de l’établissement public, dès la survenance de la pandémie, nous avons, après une profonde réflexion inclusive, élaboré un plan de relance dont les principales lignes d’actions sont alignées à celles de l’Etat.
Elles consistent principalement à la mise en place d’un fonds d’investissement pour soutenir les investissements du secteur privé et impulser la relance économique. Les secteurs cibles sont l’agriculture, l’immobilier, les transports & logistiques, le tourisme et l’hôtellerie, l’industrie et le commerce, le développement territorial. Il y a aussi la levée de ressources, destinées au financement des Pme-Pmi, d’investissements structurants de l’Etat et la constitution de garanties auprès d’investisseurs potentiels pour le financement de l’habitat social.

Nous sommes à la fin de l’année, et l’on peut donc se permettre une ébauche de bilan pour la Cdc. A ce jour, peut-on avoir une idée de votre situation financière, de vos participations dans différents projets ou sociétés ?
Le bilan de la Cdc, de manière globale, reste très appréciable. A ce jour, la Cdc est présente, en tant qu’investisseur, dans divers secteurs d’activités que sont l’immobilier, l’énergie, le transport aérien, la santé, la pharmacie, les assurances, pour ne citer que ceux-là. De nombreux projets sont en cours de réalisation ou d’étude. Je peux citer l’important programme des logements sociaux à Bambilor, la Tour des Mamelles, les sphères administratives régionales, les résidences Keur Maodo de Tivaouane, la centrale énergétique de Bokhol, l’unité pharmaceutique de fabrique de solutés Parenterus et le projet d’hôpital Asfadar, Air Sénégal, Senelec.

C’est le lieu de remercier mes devanciers qui ont initié la plupart de ces projets que nous menons à la maturité.
Sur le plan financier, je peux dire que la situation actuelle de la Cdc se présente relativement bien. D’ailleurs, il convient de noter que pour des soucis de respect du principe d’image fidèle, et afin de s’assurer de l’exactitude du bilan présenté, nous avons procédé à la réévaluation du bilan de la Cdc à compter de l’exercice 2019. Les actifs immobilisés réévalués font ainsi progresser le total bilan de 42% en 2020. Dans la même période, le montant des ressources stables de la Cdc, porté par la collecte des dépôts et consignations, est en progression de 17%. Cette croissance du solde des ressources peut être un indicateur de l’amélioration de la confiance des partenaires envers la Cdc.
Aussi, la taille de notre portefeuille d’investissement a augmenté de 9%, de même que le portefeuille de placement qui présente une bonne situation, avec une hausse de près de 10%.
Ces chiffres, quoiqu’éloquents, restent encore relativement faibles par rapport aux ressources potentielles que la Caisse pourrait mobiliser. En dehors de l’impact de la pandémie de Covid-19, des contraintes subsistent encore en matière de recouvrement des ressources dévolues à la Cdc. Il s’agit notamment de l’imprécision des textes réglementaires en la ma­tière, qui sont en cours de révision, mais également de la non-domiciliation de certains fonds, comme le Fonds de réhabilitation des sites miniers et le Fonds des retraites, entre autres.
En tout état de cause, notre ambition est double cette année : assurer à l’Etat une rentabilité financière et mobiliser davantage de ressources au bénéfice de nos populations.

La Cdc est un outil important dans la politique de relance de l’économie. Trouvez-vous un cadre d’insertion dans le Pap2A mis en œuvre par le chef de l’Etat ?
Bien évidemment, il ne saurait en être autrement. En tant que structure publique, le document portant Pap2A constitue pour nous le référentiel des nouvelles politiques publiques et donc de toutes nos actions. Tous nos investissements sont orientés dans le sens de répondre aux orientations qui y sont définies.
Il convient de rappeler que la Cdc a des missions d’intérêt général et surtout d’appui aux politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités territoriales. Le modèle «Caisse de dépôt» est un modèle économique unique en son genre et dont le principe est la transformation des ressources collectées et gérées par des institutions publiques au service de l’intérêt général en investissements de long terme destinés à soutenir la croissance et le développement des pays qui l’ont adopté. La Cdc du Sénégal n’est pas en reste et doit servir d’effet de levier pour la mobilisation de capitaux privés destinés au financement de projets peu attractifs pour des investisseurs traditionnels.
Je dois aussi dire que la position lucide et engagée du chef de l’Etat, relativement à la dette, me rassure. Beaucoup de pays riches ont aujourd’hui des taux d’endettement, par rapport au Pib, supérieurs à l’unité.
Même si, comme le recommande le Président, il faut adosser notre endettement à des normes prudentielles, la Cdc entrevoit ainsi, grâce surtout à ses actifs, mais avec le soutien de l’Etat, la possibilité de chercher les moyens de ses ambitions.

On connaît les ambitions de la Cdc dans la politique d’habitat de l’Etat. Cela vous a même poussé à mettre en place une filiale, la Compagnie générale immobilière du Sahel (Cgis).
Cependant, on a l’impression que l’habitat social tant prôné par le chef de l’Etat est le parent pauvre de votre politique. Où en est votre cité de Bambilor ?
Vous avez parfaitement raison de dire que la Cdc reste très attachée aux ambitions de l’Etat en matière de politique immobilière. Il faut aussi comprendre que dans l’immobilier, il y a le logement social, et aujourd’hui, avec l’ambitieux programme des 100 mille logements sociaux, qui est une initiative heureuse du chef de l’Etat que nous saluons, la Cdc travaille à apporter sa contribution. Il faut rappeler que notre mission première est d’accompagner l’Etat dans les politiques publiques. C’est donc tout naturellement que nous nous engageons fortement dans la réalisation de ce programme, à travers déjà le projet de Bambilor, dont la remise des clés se fera bientôt pour une partie des premiers acquéreurs.
Aussi nous sommes en collaboration directe avec le ministère de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique avec qui un «MOU» (Ndlr : Memorandum of understanding) relatif au programme des 100 mille logements a été récemment signé.
Nous mettrons aussi à contribution notre filiale immobilière Cgis qui va apporter, elle aussi, sa contribution à ce programme. La Cgis sera ainsi présente dans les différents segments du secteur, à savoir le développement, la construction, le financement, les services et le conseil. Elle se veut un intégrateur de solutions et nous ambitionnons de faire d’elle une référence dans l’immobilier.
Par ailleurs, il faut noter que nous sommes déjà en collaboration avec le ministère de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, la Sn-Hlm et la Bhs pour la prise en charge du projet immobilier des Hlm Maristes. Il en est de même avec le ministère du Commerce et des petites et moyennes entreprises pour le projet de construction des nouveaux marchés.

L’Etat du Sénégal a décidé de confier une bonne partie de l’assiette foncière de l’ancien aéroport de Dakar à la Cdc. Pouvez-vous éclairer l’opinion sur les détails de cette opération ?
Je voudrais d’abord renouveler mes remerciements à son Excellence Monsieur le président de la République et lui réitérer toute ma reconnaissance pour la confiance manifestée envers la Caisse. D’abord, en nous confiant la gestion de 30 ha dans la zone de l’aéroport de Yoff, et ensuite, plus récemment, en nous demandant de lui faire une proposition par une formule de Partenariat public-privé (Ppp), pour la construction de nouveaux marchés modernes et sécurisés dans les chefs-lieux de région.
Je profite d’ailleurs de l’opportunité que vous m’offrez pour lancer un appel, relativement au Ppp sur les marchés, au privé national pour se rapprocher de la Caisse et, qu’en fast-track, nous puissions ensemble prendre en charge cette volonté du président de la République. Evidement nous entrerons en relation avec toutes les parties prenantes, notamment les ministères et l’Ams.
Pour revenir à votre question, je vous renvoie à la déclaration de Monsieur le ministre des Finances et du budget qui, au lendemain du Conseil des ministres où cette décision a été annoncée, a clairement précisé que l’Etat va céder ces 30 ha à la Cdc pour un montant de 60 milliards de F Cfa qui seront reversés dans les comptes du Trésor public.
Il faut préciser ici que les autorités cherchent, à travers la Cdc, à faciliter l’accès à ce foncier aux Sénégalais qui en ont les moyens et nous ont donné instruction de le faire par une gestion transparente et équitable.
L’objectif est d’aller vers un aménagement concerté et durable à même d’éviter les problèmes récurrents rencontrés dans certains nouveaux quartiers avec des inondations et des difficultés d’accès constatées.
Afin d’assurer une bonne mise en œuvre de ces orientations, nous avons mis en place un Comité de pilotage composé de cadres de la Cdc, du ministère de l’Urbanisme et d’experts indépendants.
Une plateforme applicative de gestion de l’assiette foncière de Yoff est aussi en cours de développement avec différentes fonctionnalités innovantes. Cette plateforme permettra aux futurs acquéreurs de s’inscrire en ligne et de faire leur réservation. Elle permettra de gérer une base de données des offres foncières, mais aussi des demandes et dossiers déjà initiés, avec des informations utiles sur les «commercialisateurs» agréés, les notaires et autres partenaires techniques et financiers.
Aussi, dès la réception du plan de lotissement, nous avons procédé à son exploitation pour une valorisation optimale du site et nous avons subséquemment effectué les projections de recettes et de dépenses selon les standards connus et les informations sur le «marché immobilier».
Dans le même ordre d’idées, nous avons recueilli et obtenu l’autorisation de notre Commission de surveillance pour acheter les 30ha au prix convenu avec l’Etat, et procéder à sa valorisation.
Le ministre des Finances et du budget, que nous remercions, a déjà donné toutes les instructions pour une mise à la disposition de la Cdc du titre de propriété pour un démarrage effectif des travaux d’aménagement, de développement et de commercialisation du site.

La Cdc a l’habitude de se positionner comme promoteur du développement de l’économie nationale. Mais vous donnez plus l’impression de ne vous intéresser qu’à des gros projets, comme Air Séné­gal, au détriment quelque peu des Pme et Pmi. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
Je l’ai dit tantôt, la Cdc est un investisseur institutionnel de long terme qui accompagne l’Etat dans les politiques publiques de développement. Nous avons un portefeuille assez diversifié, c’est-à-dire que nous sommes pratiquement présents sur tous les segments de l’économie.
Cependant, il est important de souligner que pour les Pme, celles-ci éprouvent souvent le besoin d’obtenir un financement direct alors que la Cdc ne dispose pas d’agrément bancaire lui permettant de faire du crédit direct. C’est un sérieux problème, et nous en sommes conscients. C’est d’ailleurs l’objet de la création d’une filiale dédiée à l’accompagnement des Pme pour leur faciliter l’accès à la commande publique, à savoir la Caisse des marchés publics (Cdmp Sa) qui est dans sa phase d’opérationnalisation. Avec ce levier, nous espérons jouer pleinement notre rôle d’accompagnement des Pme.

Pour en revenir à votre politique immobilière, la Cdc devait construire des cités administratives ré­gionales dans certaines localités. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Effectivement, l’Etat du Sénégal, à travers l’Agpbe, a donné mandat à la Cdc pour la réalisation de sphères administratives régionales. A l’instar des sphères de Diamniadio, l’Etat compte doter les régions des infrastructures de dernière génération à même de mettre les fonctionnaires établis à l’intérieur du pays dans d’excellentes conditions de travail. Nous avons ainsi signé une convention avec l’Agpbe pour la réalisation des quatre premières sphères administratives régionales, à savoir Thiès, Diourbel, Sédhiou et Kaffrine. Cette dernière est dans sa phase de réalisation effective. Le chef de l’Etat a dernièrement visité les chantiers et marqué sa satisfaction dans l’état d’avancement des travaux qui seront terminés d’ici juin prochain. Nous sommes en train de discuter avec nos partenaires pour le démarrage des travaux sur les autres régions.
C’est un projet important qui permettra à l’Etat d’économiser sur la location de villas conventionnées pour abriter ses services dans les régions.
La première Sphère administrative régionale (Sar) de Kaffrine est bâtie sur une superficie de 2,5 ha sur le site actuel de la préfecture. Elle sera composée d’un Building administratif regroupant une trentaine des services régionaux, d’une gouvernance, d’une préfecture, d’une annexe du Palais présidentiel, des résidences du gouverneur et du préfet, d’un héliport modulable en terrain multifonctionnel et d’un gymnase.

Parmi vos filiales, il y a Caco Sa et Cgis. Répondent-elles à vos attentes ?
Je dis d’emblée oui, pour marquer ma satisfaction pour le travail effectué par ces deux structures. Caco est notre filiale ingénierie et bureau d’études. Elle est en train de réaliser de belles performances, qui dépassent même nos prévisions. Je dois saluer le professionnalisme et l’engagement de ses équipes qui ont réussi à recevoir la certification Iso 9001, un an seulement après le lancement de la société.
La Cgis est une filiale détenue à 100% par la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Dans le cadre de ses activités, elle propose entre autres des prestations liées au conseil, à la gestion et à la commercialisation de produits et services immobiliers.
L’augmentation conséquente de son capital en 2020, qui passe de 400 millions F Cfa à 2 milliards 400 millions F Cfa, la constitution d’une assiette foncière propre et la génération d’un chiffre d’affaires prometteur, confèrent aujourd’hui à la Cgis une assise non négligeable qui lui permettra de se déployer de façon optimale en 2021. Après la mise en place des outils de pilotage et de management, la Cgis ambitionne de mettre sur le marché ses premiers programmes immobiliers en 2021.
Les deux sociétés sont donc en train de travailler sur beaucoup de projets, mais le plus en vue reste la Tour des Mamelles.
Permettez-moi de m’arrêter un peu sur cette Tour, située en face de l’Artp, que les Dakarois voient pousser. La Tour des Mamelles est un immeuble iconique de 20 niveaux, dont 3 niveaux de sous-sol, un rez-de-chaussée, 16 étages et une terrasse. Elle est bâtie sur une surface d’environ 48 mille m2 de centre d’affaires, de bureaux et espaces multifonctions répondant aux besoins et exigences les plus élevées du marché ouest-africain en termes d’immobilier professionnel.
Pour répondre à une forte demande du marché local et international, une réflexion est entamée pour voir les possibilités de rajout d’appartements sur la Tour qui est, à ce jour, exclusivement dédiée aux professionnels.
Aujourd’hui, le projet suit son cours normal et l’édifice commence à s’imposer dans le paysage des Mamelles. Je suis heureux de vous annoncer que la commercialisation va démarrer au courant du premier trimestre 2021.
Actuellement, tous nos projets dans le secteur de l’immobilier et des infrastructures sont portés par nos deux filiales Caco et Cgis qui travaillent en parfaite intelligence.

Venons-en à votre casquette politique. Vos ambitions pour la commune de la Médina sont connues. Envisagez-vous de briguer la mairie de la commune ou bien vous ambitionnez bien plus ?
Mon ambition est de contribuer plus fortement au développement de mon pays. C’est une vocation naturelle que j’exprime déjà à partir des stations que le président de la République a bien voulu me confier jusqu’ici.
Et la Médina, ma localité, qui occupe une place de choix dans Dakar, capitale du Sénégal, mérite tous les sacrifices pour faire d’elle une zone moderne, disposant de toutes les commodités pour sa population, et pleine d’opportunités pour sa jeunesse. J’ai la volonté d’en faire une cité smart, socialement stable et économiquement émergente.
Naturellement, pour accomplir ce rêve, je suis candidat pour les Médinois que je veux servir. Je l’ai déjà dit, je suis candidat à la candidature. Je dis cela parce que nous évoluons au sein d’une coalition, Bby, qui polarise beaucoup de leaders locaux et je suis dans la «discipline politique». Cela signifie que nous engagerons le débat dans le Bby, mais que nous resterons extrêmement vigilants. Dans un système d’élection directe du maire, toute erreur de casting risque d’être fatale.

Depuis sa sortie de prison, Khalifa Sall est en train de remobiliser ses troupes, et le maire de la Médina est réputé être l’un de ses fidèles. Ne craignez-vous pas un autre revers face à Taxawu Dakar lors de prochaines confrontations ?
Pas du tout, dans la mesure où nous avons fini de renverser la tendance à Dakar, et plus particulièrement à la Médina. Les résultats issus des dernières élections législatives et présidentielle sont assez parlants. Nous avons gagné aussi bien Dakar que la Médina. Les Médinois portent assurément le Président Sall dans leur cœur.
Au demeurant, les réalités politiques locales ne sont pas les mêmes que celles nationales. Beaucoup de personnes qui nous ont fait face lors de la Présidentielle sont aujourd’hui disposées à nous accompagner.
Je dois dire, sans démagogie, que nous sommes largement majoritaires à la Médina. Les chiffres issus des divers récents sondages l’attestent à suffisance. Mais nous sommes conscients que nos adversaires politiques useront de tous les moyens pour nous barrer la route, mais nos soutiens et nos membres sont sur le terrain et font face.
Les déclarations non fondées, les calomnies, les insultes, les menaces, armes souvent utilisées par certains politiciens ne «divertiront pas nos intelligences» sur la route de l’émergence communale, pour reprendre le mot du Président.

En même temps que l’on a annoncé un nouveau report des Municipales, il y a aussi tout un débat sur la suppression des villes, dont celle de Dakar. Quel est votre sentiment là-dessus ?
Nous sommes d’avis que la communalisation doit être intégrale. Mais cette question doit être abordée avec lucidité et sans passion pour l’intérêt des populations. Le débat ne doit pas être pollué pour éviter que des considérations politiciennes ne prennent le dessus sur les avis des spécialistes de la matière. J’attends de m’imprégner davantage des modifications envisagées pour donner un point de vue objectif.
Le Sénégal a une longue histoire en matière de décentralisation et nous ne doutons point de la volonté du chef de l’Etat de faire en sorte que nos villes puissent apporter de manière substantielle leur contribution au développement du Sénégal.