Mounirou Kane accuse le maire de Keur Massar, Moustapha Mbengue, de «mauvaise gestion». Dans cet entretien, le conseiller municipal, membre du comité directeur du Pds, annonce que Karim Wade sera au Sénégal après la campagne de collecte de parrainages. Pour lui, en désignant Moustapha Niasse, Tanor Dieng et Mimi Touré comme délégués régionaux, Macky Sall admet qu’il est «minoritaire».

Où en êtes-vous avec le parrainage à Keur Massar ?
On est en train de se déployer sur le terrain, d’échanger avec les Massarois et de leur vendre le projet de société du président Karim Meïssa Wade. Et cela se passe très bien parce que nous avons constaté un engouement autour de sa candidature. Malgré son absence du territoire pour des raisons que tout le monde connaît, les citoyens lui vouent encore cette fidélité.

En tant que responsable Pds à Keur Massar, quelle lecture faites-vous de la gestion du maire Apr, Moustapha Mbengue ?
Je précise que depuis le vote du budget municipal, il n’y a pas eu une seule session de Conseil municipal. Nous assistons à une gestion partisane, familiale et «gabegique» du maire. En 2015, nous étions à 1,5 milliard, mais dès l’année suivante, pour éviter la loi sur l’Ofnac, le maire a fait en sorte que son budget soit en deçà du milliard. C’est aberrant ce qui se passe à Keur Massar. Nous avons assisté au marché Aynoumady à la vente de tables à 500 mille francs Cfa l’unité sans une seule délibération du Conseil municipal. Nous avons transmis ce dossier au sous-préfet des Niayes et à la Brigade de gendarmerie de Keur Massar pour y voir plus clair. Il n’y a aucune réalisation phare à Keur Massar et les populations peuvent le certifier. La place publique que nous avons ici, appelée Place de l’Emergence, est vendue à 10 mille francs le m2. Vu qu’il est un maire et député membre du parti au pouvoir, il continue de faire ce qu’il veut, sans l’aval de ses administrés et impunément. Moustapha Mbengue a été incompétent durant tout son mandat et il le restera. Nous ne tolérerons plus que la commune de Keur Massar, avec toutes ses potentialités, soit entre des mains inexpertes. Nous avons affaire à un repris de justice qui est en train de dilapider le reste de l’assiette foncière de Keur Massar.

Comment se porte le Pds dans la commune ?
Il est vrai que nous avons connu des problèmes après la perte du pouvoir comme d’ailleurs beaucoup d’autres communes au Sénégal, mais nous sommes parvenus à nous redresser. Aux Locales de 2014, nous étions 4ème avec 1 300 voix. Aux Législatives de 2017, nous sommes arrivés 2ème avec plus de 7 000 voix. Si nous avons obtenu un tel score, c’est parce que nous avons abattu un énorme travail dans ce sens. Et nous continuons de le faire en direction de la Présidentielle du 24 février.

L’arrivée de nouveaux leaders comme Sonko ou Bougane Guèye Dany ne vous fait-elle pas peur ?
Non, je ne pense pas. D’ailleurs, c’est bien que ces leaders viennent ici parce que Keur Massar en a besoin. Personnel­lement, je salue l’arrivée de Pastef, du mouvement Gueum sa bopp et d’autres mouvements citoyens. Je puis vous assurer que le Pds garde toujours sa force dans la commune. Maintenant, nous sommes ouverts à tout le monde. Si vous vous rappelez en 2017, le Président Abdoulaye Wade avait adressé une lettre au Comité directeur du Pds dans laquelle il disait à juste raison : «Seul le Pds peut secouer le baobab, c’est-à-dire le parti au pouvoir. Mais ouvrez-vous à d’autres forces pour le terrasser !» Et aujourd’hui, nous sommes en train de discuter avec les forces de l’opposition ici à Keur Massar pour faire face à la mouvance présidentielle.

Qui sera le candidat du Pds à la Présidentielle de 2019 ?
C’est une question qui n’a pas le mérite d’être posée. Nous avons un candidat qui est Karim Meïssa Wade qui a été choisi en mars 2015. Et aujourd’hui, nous nous déployons sur le terrain avec nos fiches de parrainage pour requérir des parrainages. La semaine dernière, Dr Cheikh Dieng était à Mbour où ils ont collecté 800 mille signatures. Le parti a organisé une deuxième tournée nationale où des délégations ont sillonné le pays pour aller faire l’état des parrainages et ramasser les premières fiches. Et nous savons que la candidature de Karim Meïssa Wade fait peur au régime de Macky Sall. C’est pour cela qu’il y a beaucoup de bruit. Pour son retour, il a son propre agenda. L’avenir du Sénégal est entre les mains de Karim et il viendra se présenter à la Présidentielle. Ce que je peux vous dire, c’est qu’après la campagne de parrainage, Karim sera là.

Et pourtant, certains responsables libéraux continuent de contester sa candidature au sein du Pds…
Non, personne n’a contesté sa candidature au Pds. Ce qu’il y a, c’est que nous avons un groupe qui est très patient et prêt à prendre tous les risques pour la candidature de Karim Wade. Et puis, un autre qui pense qu’il faut aller vers une autre candidature. Mais fondamentalement, aucun de ces groupes n’a dit que Karim n’est pas candidat.

Le Président Macky veut gagner les élections avec plus de 60% au premier tour. Est-ce possible ?
Le Président sait pertinemment que les bulletins qui lui parviennent prouvent qu’il subit un certain recul dans l’opinion. Aujourd’hui, tous les sondages donnent le Président Macky Sall perdant au premier tour. Au pire des cas, il ne pourra se retrouver qu’avec 34%. S’il a décidé de désigner le président de l’Assemblée nationale, le président de Hcct et son Envoyée spéciale coordonnateurs régionaux de collecte de parrainages, c’est parce qu’il sait qu’il est minoritaire dans ce pays.

L’actualité récente, ce sont les crimes enregistrés dans votre commune. Quelle lecture en faites-vous ?
Je voudrais préciser que nous avons plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme sur la recrudescence de l’insécurité à Keur Massar. Nous devons prendre à bras-le-corps ce phénomène parce que ce n’est pas une question qui concerne seulement le pouvoir ou l’opposition. Toutes les populations massaroises doivent se donner la main et essayer de diagnostiquer le mal.