ENTRETIEN AVEC… Ndèye Anna Ndiaye, directrice d’Africa GreenTec : «Nous restons concentrés sur la continuité de nos activités et la protection de nos équipes»


Ndèye Anna Ndiaye, directrice d’Africa GreenTec Sénégal, opératrice d’énergie solaire, revient dans cet entretien sur la situation de l’entreprise qu’elle dirige, sur certaines procédures judiciaires en cours et l’avenir de l’entreprise.Mme Ndiaye, le cas Africa GreenTec a été évoqué dans un article de presse, suivi ensuite d’un communiqué officiel de la maison mère mentionnant votre nom dans la plainte contre M. Torsten Schreiber. Quelle est votre réaction face à cette situation ?
Ma réaction est avant tout guidée par un souci de clarté et de responsabilité. Il arrive un moment où le silence peut être mal interprété, et c’est pourquoi je tiens simplement à rétablir les faits dans leur juste contexte. Je suis restée volontairement discrète ces derniers mois afin de laisser toute la place aux procédures officielles et à la Justice de mon pays, que je respecte beaucoup, faire son travail. Aujourd’hui, après les nombreux échanges publics et privés autour de ce dossier, il me semble essentiel de rappeler le cadre qui doit nous guider : le respect, la transparence et la responsabilité. Mon intention n’est pas d’alimenter la polémique, mais d’apaiser, d’éclairer et de recentrer le débat sur l’essentiel : les faits et notre mission.
Certains communiqués ont laissé place à des interprétations. Quelle est votre lecture de la situation ?
Il est normal que dans un dossier complexe, plusieurs voix s’expriment. Ce que je peux affirmer, c’est qu’Africa GreenTec Sénégal reste une entité distincte, régie par le Droit sénégalais et engagée dans une démarche de conformité totale. Des faits ont été portés à la connaissance des autorités compétentes, et les procédures suivent leur cours. De notre côté, nous restons concentrés sur la continuité de nos activités et la protection de nos équipes.
Vous avez évoqué un audit indépendant. Que peut-on en dire sans entrer dans les détails de l’enquête ?
L’audit a été mené par un cabinet externe et reconnu pour son sérieux. Il a permis d’apporter des éclaircissements sur certains points de gestion passés et de renforcer nos procédures internes. Les conclusions ont été transmises aux autorités concernées, conformément à la loi. C’est un exercice que nous avons souhaité transparent, justement pour éviter toute confusion ou récupération.
Vous avez déposé une plainte contre M. Torsten Schreiber. Que pouvez-vous en dire dans le respect du cadre légal ?
Je confirme avoir saisi la Justice sénégalaise à titre personnel et en ma qualité de dirigeante d’Africa GreenTec Sénégal. Les faits reprochés relèvent de la compétence des juridictions, et il appartient désormais aux autorités d’en juger. Par respect pour les procédures en cours, je n’entrerai pas dans le détail. Ce que je peux affirmer, c’est que ma démarche vise avant tout à protéger les intérêts du Sénégal, de nos partenaires et des communautés que nous servons.
Certains craignent que cette affaire n’affecte la crédibilité d’Africa GreenTec. Quelle est votre réponse ?
La crédibilité se construit sur la durée, pas sur les turbulences d’un moment. Nous avons toujours tenu nos engagements sur le terrain, livré nos projets et honoré nos partenaires. La meilleure réponse à la polémique, c’est la constance dans l’action. Nous restons concentrés sur notre mission : apporter une énergie propre, durable et accessible aux zones rurales.
Comment vivez-vous cette période en tant que femme leader ?
C’est une période exigeante, humainement et professionnellement. Mais c’est aussi une épreuve qui m’a renforcée. Je crois profondément que les femmes leaders ont un rôle-clé dans la moralisation de la vie économique en Afrique. L’éthique ne se proclame pas, elle se pratique -même quand cela coûte. Et je reste fidèle à cette ligne de conduite.
Vous avez toujours mis l’accent sur l’éthique et la souveraineté locale. Comment ces valeurs guident-elles vos choix aujourd’hui ?
Elles sont au cœur de ma manière d’agir. J’ai toujours défendu une coopération basée sur la transparence, la responsabilité et le respect mutuel. Ce que nous traversons aujourd’hui est une occasion de repenser nos modèles, de renforcer nos mécanismes de gouvernance et d’affirmer que le développement ne peut pas se faire au détriment de la probité.
Vous parlez souvent de «protéger les intérêts du Sénégal et des communautés rurales». Que cela signifie-t-il concrètement ?
Cela signifie que chaque euro, chaque franc Cfa investi dans nos projets doit servir à améliorer la vie des populations rurales. Notre mission va au-delà de l’énergie : il s’agit d’un engagement pour la dignité, pour l’autonomie et pour l’avenir du pays. Et c’est pour cela que nous devons être intransigeants sur la transparence et la bonne gestion des ressources.
Quelle est aujourd’hui la situation d’Africa GreenTec Sénégal ?
La situation d’Africa GreenTec Sénégal est effectivement marquée par une période de transition. Depuis les tensions survenues au sein du groupe, la maison mère s’est plus concentrée sur elle-même. Cependant, ici au Sénégal, nous avons fait le choix de ne pas rester immobiles. Notre véritable force réside dans notre équipe 100 % locale, composée de femmes et d’hommes profondément engagés pour leur communauté et leur continent. Guidés par une vision panafricaniste, nous restons fermement alignés sur notre mission : servir les populations rurales, leur garantir un accès durable à l’énergie et contribuer à leur autonomisation. Malgré le contexte, nous continuons notre travail, avec des projets en cours. En somme, nous restons fidèles à nos valeurs, et déterminés à faire de l’énergie un levier de transformation durable pour nos communautés.
Quel message souhaitez-vous adresser à vos partenaires et à ceux qui vous soutiennent ?
Je veux simplement dire merci pour la confiance et la patience. Nous restons debout, transparents et déterminés. La Justice fera son travail, et nous, le nôtre : électrifier, autonomiser, inspirer. L’Afrique a besoin d’énergie -pas de polémiques. Et sur ce point, ma position restera toujours la même : zéro compromis sur l’éthique.
Par Bocar SAKHO – bsakho@lequotidien.sn

