Pape Abdou Mbaye, Directeur régional Sen’Eau (Dakar-ville) : «A l’exception des interruptions résultant de cas de force majeure, un service d’eau continu est assuré…»

Directeur régional de Sen’Eau Dakar-ville, Pape Abdou Mbaye revient dans cet entretien, sur la distribution de l’eau dans la capitale après les perturbations notées ces derniers jours, la facturation, les défis que la société doit relever…Par Bocar SAKHO – M. le Directeur régional, quelle est la situation de la distribution de l’eau à Dakar après les dernières inondations ?
En l’absence de perturbations sur le fonctionnement des unités de production comme ce fut le cas ces derniers jours, consécutives à l’instabilité de l’alimentation en électricité et aux inondations, la desserte en eau est assez correcte sur la quasi-totalité des quartiers de Dakar. Pour des raisons de sécurité et pour prévenir des dommages matériels, les inondations survenues le vendredi 5 août dernier nous ont obligés à mettre à l’arrêt total notre usine dénommée «Point B», qui se trouve sur la route du Front de terre en face de la Zone de captage.
L’arrêt de cette station de pompage, qui est au cœur du dispositif de distribution d’eau potable sur Dakar, a eu comme effet une dégradation de la desserte sur Dakar et plus particulièrement sur les zones de Ouakam Comico et Yoff, du fait de leurs positions en hauteur ou en bout de réseau par rapport aux réservoirs des Mamelles qui les alimentent.
On peut dire que la desserte est revenue ou est en train de revenir à la normale dans la capitale ?
Le même niveau de desserte d’avant les effets des fortes précipitations enregistrées est retrouvé sur l’ensemble des quartiers de Dakar. Cela, grâce une forte mobilisation de moyens humains et matériels qui a permis la sécurisation des installations de production, la stabilisation de l’énergie électrique et la remise en service de l’usine du Point B à sa pleine capacité.
Les arrêts notés ces derniers jours sont dus en partie à l’inondation de l’usine du Point B… Est-ce que la situation est totalement réglée ?
Toutes les eaux de pluie ont été évacuées et l’usine fonctionne correctement à nouveau. C’est l’occasion de saluer la forte synergie entre les autorités administratives, l’Onas, la Senelec et la Sen’Eau, qui a permis d’obtenir ce résultat.
Qu’allez-vous faire pour que cette situation ne se reproduise plus au niveau de cette usine ou dans l’une de vos autres infrastructures ?
Les inondations sont des phénomènes naturels dont la prévention va au-delà des limites géographiques de nos installations et relève par conséquent des services compétents de l’Etat. Néanmoins, nous avons identifié des solutions de renforcement du système de drainage et d’évacuation des eaux de pluie de l’usine du Point B, qui seront mises en œuvre en accord avec la société de patrimoine qu’est la Sones.
Il y a toujours la situation de certaines localités comme Yoff qui sont en bout de réseau, qui sont confrontées à des problèmes d’eau. Qu’est-ce que la Sen’Eau fait pour améliorer la situation ?
Sur Yoff, à la faveur de la stabilité retrouvée de l’alimentation électrique et du fonctionnement de l’ensemble des ouvrages de production du système d’alimentation en eau potable de Dakar, la distribution d’eau revient à la normale dans tous les quartiers de la commune.
Est-il possible d’avoir une distribution sans interruption ?
Ce ne sont pas moins de 120 ouvrages (usines, forages, station de pompage) distincts qui participent à l’alimentation en eau potable de Dakar, à cela s’ajoutent un peu plus de 9200 kilomètres de réseaux de canalisation de transport et de distribution. Il est tout à fait naturel que ces installations qui fonctionnent sans arrêt 24h/24, 7j/7, connaissent parfois des pannes ou baisses de régime.
Notre objectif reste de prévenir autant que possible ces pannes grâce au développement d’une maintenance prédictive qui repose sur des solutions d’informatique industrielle et, lorsqu’elles surviennent, d’optimiser les délais de remise en service grâce au déploiement rapide de nos équipes d’intervention.
A l’exception des interruptions résultant de cas de force majeure ou de travaux sur des ouvrages de production ou sur une conduite maîtresse de transport, un service d’eau continu est assuré la plupart du temps.
Bien évidemment, les projets structurants initiés par la Sones, notamment l’usine de dessalement dont les travaux ont été récemment lancés par le président de la République, vont permettre d’améliorer durablement la distribution des zones sous influence des réservoirs des Mamelles, plus particulièrement les communes de Ngor, Ouakam, Yoff et Mermoz.
Ces derniers jours, il y a le débat sur la mensualisation et parfois la cherté des factures, qu’en dites-vous ?
Tous nos abonnés domestiques sont facturés suivant une périodicité de deux mois. Ceci est d’ailleurs une obligation pour la Sen’Eau, en application des dispositions du contrat d’affermage le liant à l’Etat du Sénégal et à la Sones. Chaque abonné peut en faire le constat sur sa facture d’eau où la période de relève donnant le nombre de jours de facturation est mentionnée.
Concernant la cherté des factures, le prix du m3 n’a pas changé, par conséquent si la facture augmente, c’est principalement parce que les m3 consommés ont augmenté. Ce qui est du reste compréhensible avec plus de 100 mille m3 d’eau par jour supplémentaires qui ont été injectés dans l’alimentation en eau de Dakar avec la mise en service de Kms3, intervenue en avril 2021. La facturation à la Sen’Eau est un processus transparent, encadré par le décret portant Règlement du service d’eau et contrôlé par la société de patrimoine, la Sones. C’est l’occasion de remercier tous nos clients pour leur confiance et leur rappeler notre volonté de leur offrir une relation de proximité 24h/24, 7j/7, à travers notre Centre de relation client (Crc). Ils n’ont pas besoin de se déplacer en agence parce qu’ils peuvent consulter et payer en ligne leurs factures, voir l’historique de leurs consommations et faire une demande ou une réclamation, etc. Notre ambition c’est de faire de la Sen’Eau «l’excellence pour le Sénégal, une référence en Afrique».
Aujourd’hui, quels sont les défis que la Sen’Eau doit relever ou des investissements à faire pour avoir un service de distribution de qualité, sans soucis ?
La gouvernance du secteur de l’eau potable en milieu urbain et péri-urbain est assurée par trois acteurs : l’Etat, qui définit la politique et administre les tarifs de l’eau, la Sones, société de patrimoine qui a en charge le développement de l’infrastructure (réalisation d’usines, de forages et d’ouvrages de distribution) ainsi que le contrôle du troisième acteur, qu’est la Sen’Eau, qui a pour mission principale d’assurer la gestion et l’exploitation des ouvrages mis à sa disposition. A ce titre, pour répondre à votre question, pour la Sen’Eau, il s’agit surtout d’objectifs annuels et pluriannuels qui sont encadrés par un contrat de performance. C’est dans ce cadre que la Sen’Eau doit entre autres : garantir une qualité des eaux distribuées conforme aux recommandations de l’Oms, entretenir l’infrastructure afin de garantir une disponibilité de 98% des ouvrages de production, limiter les pertes d’eau à moins de 15% à compter de la sixième année du contrat d’affermage, renouveler 30 mille compteurs par an et 20 mille branchements par an, renouveler chaque année 60 kilomètres de réseau en équivalent diamètre 100 mm en fonte ductile. Il y a aussi la modernisation de la gestion technique et commerciale du Service affermé, avec notamment la mise en place d’un centre de gestion à distance des ouvrages de production et de distribution.
bsakho@lequotidien.sn
1 Comments
Macha allah une fierte nationale.