Interpellé sur plusieurs questions tenant à l’actualité nationale, le Directeur générale de l’Asepex, par ailleurs porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (Afp), a voulu apporter des réponses, destinées à rassurer l’opinion. Et contrairement à ce que plusieurs observateurs ont tendance à dire, M. Diop veut rassurer sur l’état de son parti, malgré les nombreux départs de dissidents, et sa capacité à transcender l’éventuel départ de son chef Moustapha Niasse.

Le Sénégal vient de subir un échec à l’Ua, avec la candidature de Abdoulaye Bathily. Certains des chefs d’Etat de la Cedeao ont porté leur choix sur Moussa Faki Mahamat, candidat du Tchad. Etes-vous d’accord que c’est là une défaite de la diplomatie sénégalaise ?
Commençons d’abord par féliciter Monsieur Moussa Faki Mahamat qui, nous l’espérons, dans le cadre de son mandat, portera haut le flambeau pour que l’unité africaine soit une réalité. Le terme unité africaine montre  qu’aujourd’hui déjà, il peut y avoir  plusieurs candidatures, mais le plus important, c’est que parmi  ces candidatures, il puisse y avoir un choix qui permette d’avoir quelqu’un qui pourra diriger l’Union africaine, dans le cadre d’un programme permettant à l’Afrique d’être unie, solidaire mais également plus économique.
Le Sénégal a eu ce courage et cette capacité de proposer un candidat qui avait le profil, à savoir le professeur Abdoulaye Bathily, qui a également obtenu le soutien aussi bien du chef de l’Etat, du président Moustapha Niasse mais également de tout le Sénégal d’une manière générale, dans l’objectif d’avoir un résultat positif, mais quand il y a plusieurs candidatures, une seul personne a la possibilité de passer. Nous considérons cela juste comme une candidature posée, une campagne bien menée, et à la fin, un résultat qui a permis à un autre Africain de gagner et de diriger l’Union africaine. Il ne faut pas en faire un échec de la diplomatie sénégalaise.

Il parait  que certains pays de la Cedeao n’ont pas voté pour le Sénégal. Cela n’est-il pas un échec ?
Nous constatons avec regret que  l’ensemble des voix n’a pas permis au professeur Abdoulaye Bathily d’être choisi. Maintenant, tout ce que nous pouvons avoir comme analyse, c’est que le résultat n’a pas été probant.

Vous êtes porte-parole et membre du Comité directeur de l’Afp. Comment jugez-vous l’état actuel de votre formation politique ?
Actuellement nous sommes en train de préparer notre premier symposium, qui sera le premier symposium de l’Alliance des forces de progrès, qui va permettre une analyse objective  de l’état des lieux  de notre parti dans les 45 départements du Sénégal, les structures de jeunes, de femmes, des étudiants et des cadres d’autant plus que, vous l’avez bien vu, nous avons eu beaucoup d’adhérents, ces structures font les campagnes de base, parce que nous sommes un parti des masses.  Après  tout cela, bien entendu, nous pourrons voir comment  regrouper l’ensemble des acteurs et travailler sur les orientations  stratégiques et une trajectoire très claire.  C’est cela qui va nous occuper le 18 février prochain. Donc, l’Afp se porte très bien pour répondre à votre question.

Pourtant, l’Afp a enregistré des départs qui devraient l’affaiblir, comme celui de l’ancien numéro 2, Malick Gackou, de Mata Sy Diallo responsable des femmes, Mamadou Goumbala, ainsi que Mbaye Dionne qui n’est plus actif dans vos rangs. Que reste-t-il dans l’Alliance des forces de Progrès ?  
Je répète qu’à l’Afp nous sommes un parti des masses, représenté dans les 567 collectivités territoriales, mais aussi dans les 45 départements et dans les 14 régions, avec des structures mixtes, jeunes, femmes, étudiants. Et nous avons plus d’entrées que de départs. Si le parti n’était composé que de ces personnes-là vous n’alliez jamais entendre parler de l’Afp.
Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur l’avenir de votre parti après les élections législatives. Certains pensent que le président Moustapha Niasse, qui est âgé de 78 ans, doit aller se reposer et laisser  la tête de l’Assemblée nationale à d’autres.
L’avenir de l’Afp est très clair en termes de trajectoire. Nous allons partir aux élections législatives avec Benno bokk yaakaar. C’est sur cette base-là que nous allons travailler. En 2019 nous allons soutenir la candidature du Président Macky Sall. Nous y travaillerons de manière très sérieuse. Nous sommes dans cette trajectoire, nous ne travaillons pas pour des objectifs ponctuels. Moustapha Niasse à la veille des élections législatives, n’était même pas sur les listes, aujourd’hui il est président  de l’Assemblée nationale et il a mené sa mission de manière formidable, par sa capacité à fédérer l’ensemble des députés, ceux de l’opposition, et ceux du pouvoir, sans oublier les non-alignés. Il a su vraiment mener a bien cette législature jusqu’à ce qu’elle arrive à terme. Ce que nous retenons, c’est sa capacité managériale mais également cette riche expérience qu’il a accumulée pendant toutes ces années.

Vous avez perdu beaucoup de communes et de départements lors des élections municipales. Maintenant d’aucuns ne veulent plus voir Moustapha Niasse à la tête de l’Assemblée nationale, tout en sachant que l’Afp ne présentera pas de candidat contre Macky Sall. Votre compagnonnage avec l’Apr n’est-il pas un jeu de dupes ?
Vous parlez de communes perdues et gagnées, je vais vous donner juste l’exemple du département de Dakar que je dirige. Effectivement, nous avons perdu quelques communes, mais également nous avons quelques communes. Nous avons 4 communes, dont le maire de liberté santhie Agne, celui de Fass Gueule tapée colobane, Ousmane Ndoye, le maire de Hann Babacar Ndoye  et celui des Hlm Babacar sadikh Seck, nous avons progressé à Dakar en termes de mairies gagnées, plus le nombre de députés et autres. Il est clair que le parti va se battre pour être plus représentatif. Et lors de ces élections législatives, nous nous battrons pour avoir beaucoup plus de députés. Nous resterons dans la mouvance présidentielle,  mais au-delà de la réélection du Président Macky Sall, nous allons conquérir le pouvoir. L’alternance générationnelle peut être représentée par moi-même, qui étais responsable des jeunes  de Dakar, jusqu’à devenir responsable de tout Dakar ; qui n’était pas porte-parole et qui aujourd’hui est devenu le porte-parole du parti. C’est ça, l’alternance générationnelle. Nous avons un parti qui est dirigé par un homme doté d’un  leadership  incontestable au sein de notre parti.

Quel bilan pouvez-vous tirer du passage de Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale ?
Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale c’est d’abord, un homme d’Etat charismatique, un homme d’Etat qui vu son parcours et ses expériences accumulées pendant 5 ans, fédérer les énergies des acteurs à l’Assemblée nationale, en étant à équidistance  aussi bien de la mouvance présidentielle, de l’opposition et des non-alignés et ça il fallait le faire, il fallait avoir cet esprit de dépassement, fédérer tous les députés élus qui représentent les populations, quelles que soient leurs obédiences. Le deuxième élément, qui est un élément aussi important, c’est la grande rupture issue du référendum à la Constitution, et qui consacrait le fait que l’assemblée puisse maintenant contrôler et évaluer les politiques publiques parce que le contrôle se faisait mais l’évaluation ne se faisait pas. C’est cet acquis qui fait aujourd’hui que le Premier ministre vient à l’Assemblée nationale avec tout le Gouvernement,  et que les députés, de manière très claire, posent des questions qui concernent  la mise en œuvre des politiques publiques sur les différents ministères. L’autre élément également très important, il faut savoir que les députés posent des questions de manière assez fréquente aux ministres, des questions écrites, et un ministre qui ne répond pas à une question écrite au bout d’un certain temps, cette question écrite devient une question orale, ce qui va pousser le ministre à venir répondre devant l’Assemblée nationale sur un certain nombre de questions. Vous avez également la rupture sur le projet de traductions simultanées permettant d’avoir 6 langues nationales et le français. Finalement, quelle que soit la langue utilisée, les députés pourront s’exprimer et être compris en participant aux plénières.  Il y a la formation des députés, le président Niasse a mis en  avant ce qu’on appelle la formation permanente des députés, à travers la communication de l’Assemblée nationale avec le journal de l’Hémicycle et un hebdomadaire qui traite des questions cruciales de l’heure telles que l’eau, l’électricité, le pétrole et autres.

Il a eu à faire face à beaucoup de critiques, notamment sur les impôts des députés non reversés au Trésor et la levée de l’immunité parlementaire de certains députés ?
Ces questions peuvent être évacuées rapidement. Cela  nous a même permis de clarifier un certains nombres de choses, à savoir que le président Moustapha Niass et son équipe ont pris à bras-le-corps les dettes de la 11e législature car l’Etat c’est la continuité. Donc, il a su payer ses dettes mais aussi régler les dettes de l’assemblée au niveau de l’administration fiscale, et de lui permettre d’être en règle. Enormément de choses ont été faites, c’est juste que la communication fait parfois défaut. L’autre élément c’est de savoir que ce n’est pas le président de l’Assemblée nationale qui lève l’immunité d’un parlementaire, c’est l’ensemble des députés qui prennent leurs responsabilités pour lever l’immunité d’un parlementaire, surtout quand il s’agit  d’un député qui a demandé lui-même qu’on lève son immunité.