En septembre dernier, il était victime d’un terrible accident de la circulation à Londres, où il réside aujourd’hui. Six mois après, Pape Ndiaye Souaré se remet doucement des graves blessures qui lui ont été infligées. Joint par téléphone par le site du club lillois, Losc.fr, l’ancien Dogue (26 ans), aujourd’hui à Crystal Palace, nous raconte à quoi ressemble son quotidien et ne manque pas de se remémorer ses années lilloises. Entretien.
Pape, on vient prendre de vos nouvelles. Comment allez-vous ?
Ça va, ça va. Franchement ça va beaucoup mieux, merci.
Le 11 septembre dernier, vous avez été victime d’un grave accident de voiture. Souhaitez-vous en parler ?
Oui, ça ne me dérange pas. Je revenais de l’aéroport, à Londres, où je venais de déposer mon agent. Sur le chemin du retour, sur l’autoroute, quelqu’un m’est rentré dedans. Je me souviens de tout, du début à la fin. Ce sont des choses qui peuvent arriver à tout le monde, c’est la vie. Aujourd’hui, je veux simplement remercier le Bon Dieu de m’avoir gardé en vie, car j’ai eu beaucoup de chance.
Vous vous en sortez avec la mâchoire et le fémur fracturés. Débute alors une longue convalescence…
Ç’aurait pu être pire. Aujourd’hui, je ne souhaite qu’une chose : me soigner tranquillement et tout faire pour revenir, pour rejouer au foot. Cette période est longue, c’est vrai, mais courte à la fois. Je reste focalisé sur mes blessures. Ma mâchoire s’est bien remise. Reste donc ma jambe à soigner. J’ai la chance de bénéficier de très bonnes conditions de soins, je progresse au quotidien sans me poser de questions. Dans mon cas, il faut prendre les jours les uns après les autres. Je sais que je suis sur le bon chemin.
A quoi ressemblent vos journées aujourd’hui ?
Depuis le début, je suis soigné au club par le staff médical de Crystal Palace qui est extraordinaire avec moi. J’ai donc la chance d’avoir les mêmes horaires que mes partenaires. J’arrive à l’entraînement en même temps qu’eux, c’est juste qu’au lieu d’aller sur le terrain, je reste en soins, comme si j’étais victime d’une blessure sportive dite «normale».
Vous vous êtes fixé une échéance pour rejouer ?
Non, vraiment pas. Je vais te redire la même chose : je travaille au jour le jour, sans me fixer de cap. Je ne sais pas encore si je retrouverai toutes mes capacités. En tout cas je fais tout pour. Je suis très croyant, je prends ce que Dieu me donne et je fais en sorte de rendre le meilleur. Aujourd’hui, j’ai cette envie de retrouver le terrain, d’aider mon équipe. Je ne me pose pas plus de questions.
J’imagine que vous avez reçu pas mal de messages de soutien suite à cette épreuve…
Oui, beaucoup d’appels, de messages et ça m’a fait énormément plaisir, ça m’a aidé de me sentir soutenu. Il y en avait beaucoup de la part des membres du club et des fans de Crystal Palace, mais aussi des supporters du Losc. Quand j’ai eu cet accident, le coach (Alan Pardew) est venu rapidement me rendre visite à l’hôpital avec les médecins du club. Ils ont eu pour moi des paroles très fortes qui m’ont beaucoup touché.
Remontons le fil de ton parcours. Vous arrivez au Losc en 2008 en provenance du Sénégal. Vous avez alors 18 ans. Que gardez-vous de ce grand saut en Europe ?
(Il rit) Le froid déjà. Ça, on ne peut pas l’oublier quand on arrive d’Afrique en plein hiver. Heureusement, je n’étais pas seul, j’étais avec mon compère, Idrissa, avec qui j’ai vécu pas mal de temps et que j’ai retrouvé en sélection puis en Angleterre (Gana Guèye joue aujourd’hui à Everton). On s’est beaucoup aidé mutuellement.
En 2011, vous remportez le doublé Coupe-Championnat dans la peau d’un jeune joueur (4 matchs de L1, cette saison-là). Ce titre reste-il un moment fort de votre carrière lilloise ?
Oui, c’est un grand souvenir. Même si j’ai peu joué en 2011, j’ai fait partie de cette équipe, j’ai beaucoup appris en regardant les titulaires. Et je suis heureux d’avoir pu gagner ma place par la suite avant de quitter le Losc. C’était important pour moi de rendre au club ce qu’il m’a donné.
Car rappelons-le, en 2012, en manque de temps de jeu, vous avez été prêté à Reims. Ton histoire lilloise aurait pu se finir là, mais vous revenez en 2013 dans la peau d’un titulaire.
Avec Rudi Garcia, je n’avais pas la chance de jouer, j’étais peut-être aussi plus jeune. Je suis donc parti à Reims où le club m’avait repéré grâce à mes performances aux Jeux Olympiques de Londres 2012 avec le Sénégal. On m’y a fait confiance (23 matchs de Ligue 1). Et à mon retour au Losc, René Girard était devenu l’entraîneur. Il a cru en moi et m’a titularisé. J’ai saisi ma chance et j’ai montré mes qualités (33 matchs en 2013-2014). C’est là que l’Angleterre s’est intéressée à moi.
Vous quittez finalement le Losc à l’hiver 2015. Quel bilan tirez-vous de ces années lilloises ?
J’ai vraiment beaucoup grandi au Losc. Je suis arrivé à 18 ans. J’en ai aujourd’hui 26. Si je dois citer une seule ville en Europe, ce serait Lille. Je ne connais rien d’autre en France. J’y ai d’ailleurs toujours ma maison. Le club m’a tout donné, je ne peux que le remercier pour ça. Je n’ai pas changé au fond, je suis resté le même. J’ai simplement franchi le palier de venir en Premier League. Tous les joueurs rêvent de jouer ici. J’ai eu cette chance et je ne peux qu’être fier de moi d’avoir su la saisir.
Vous participiez à la Can 2015 au moment de votre transfert en Angleterre. Vous êtes donc parti sans avoir le temps de saluer les supporters lillois. Qu’aimeriez-vous leur dire aujourd’hui ?
Qu’ils restent comme ils sont, c’est-à-dire présents derrière leur équipe. Que ce soit sur le terrain ou en tribunes, ils sont tous des Dogues. Ils me manquent et je les embrasse tous. Franchement. Je suis encore l’actualité du Losc, surtout en ce moment. Je sais que cette saison n’est pas facile mais j’ai confiance en cette équipe. Elle va remonter, tout comme on va essayer de se maintenir avec Crystal Palace.
Losc.fr