Deux techniciens qui font le «Manko». En décidant d’appeler à ses côtés son collègue du Duc, Parfait Adjivon, pour la saison 3 de la Basket Africa League (Bal), Pabi Guèye, coach de l’As Douanes, a posé un acte fort qui doit être donné en exemple. Le Quotidien a rencontré le duo qui vient de hisser les Gabelous à leur première finale continentale.Pour votre première collaboration, vous êtes en finale de la saison 3 de la Bal. Qu’est-ce qui fait la force de votre duo ?Pabi Guèye : «Coach Parfait

, pour faire un jeu de mots, c’est le parfait collègue, le parfait assistant. C’est quelqu’un qui lit dans mes pensées pour me donner les informations que je n’ai pas pu avoir avec l’émotion du match. Je n’hésite pas à appliquer ses recommandations. Je l’ai une fois zappé et je l’ai regretté (rires). C’était contre Fer­roviario de Beira. Il m’avait dit que je devais sortir Jean Jacques parce qu’il avait trois fautes. Je ne l’ai pas écouté et 30 secondes après, le joueur s’est retrouvé avec 4 fautes. Cela veut dire l’expérience qu’il a et que les conseils qu’il me donne sont très précieux. Vraiment je n’ai pas de regret à travailler avec lui.»

Parfait Adjivon : «C’est une collaboration qui se passe très bien. Il y a des tâches qui m’ont été assignées et je me contente de les remplir. C’est celle d’être assistant-coach. On avait déjà discuté des attentes qu’il a envers moi. Le haut niveau va vite, surtout par rapport au coaching. Le coach titulaire ne peut pas tout faire. C’est à nous assistants de lui proposer des solutions, de parler aux joueurs.»

Est-ce que c’était facile de nouer cette collaboration, sachant que vous êtes quand même des rivaux en championnat national ?
Parfait Adjivon : «Nous sommes des entraîneurs et nous connaissons notre métier. C’est comme si on était en Equipe nationale. Un sera titulaire et l’autre assistant. On a toujours vécu cette situation. J’ai eu à collaborer avec d’autres entraîneurs en Equipe nationale, alors que nous sommes des adversaires en championnat. Ce qu’il faut, c’est connaître son rôle et faire preuve de loyauté. Un assistant ne peut pas bénéficier des passifs du coach titulaire. Les résultats vous incombent à 400%. C’est aussi un privilège d’être un assistant et je l’assume pleinement avec beaucoup de plaisir et d’engagement.»

Pabi Guèye : «Entre Parfait et moi, il n’y a pas d’animosité. C’est un professionnel. On peut être adversaires d’un jour, mais on restera toujours des collègues. C’est une personne que j’apprécie. Il a été mon coach en Equipe nationale. Pour vous montrer sa modestie, aujourd’hui, il est mon assistant. Je ne peux pas connaître des choses qu’il n’a pas vécues tout au long de sa carrière sportive. Je peux même dire qu’il a plus d’expérience que moi. Ce qu’il me demande, je le prends et j’essaie de le mettre en valeur. Mais souvent, nous sommes sur la même longueur d’onde. Même sur les stratégies de match, c’est souvent les mêmes options, autant en attaque qu’en défense. On a parfois des divergences, mais c’est comme ça que cela doit se passer. On est deux personnes différentes, au caractère différent, mais je suis très content de l’avoir à mes côtés.»

A travers votre duo, on peut dire que c’est l’expertise sénégalaise qui est récompensée ?
Parfait Adjivon : «Nous n’avons absolument rien à prouver à qui que ce soit. Comme je disais tout à l’heure, ce complexe d’infériorité, il faut que ça cesse. Je n’envie pas un coach brésilien qui coache en Angola. Il a eu une opportunité qu’il a saisie. Nous aurons peut-être ces opportunités demain. Mais je suis très fier et très content d’être au Sénégal et faire toutes mes classes au Sénégal avec de très bons coaches sénégalais qu’on ne présente plus. Il y a Ab­dourahmane Ndiaye Adidas, Moustapha Gaye, Cheikh Sarr et tant d’autres. Il faut reconnaître, comme coach Pabi a dit, un entraîneur, ce qui le détermine, c’est la compétence et l’expérience. On est compétents et on a de l’expérience. Depuis combien de temps nous faisons ce métier. On a côtoyé le haut niveau. Le complexe est révolu, le basket est universel. Nous connaissons notre valeur. Les entraîneurs expatriés nous respectent. Ils ont beaucoup d’estime pour nous.»

Pabi Guèye : «Il faut mettre en exergue ce qui se passe chez nous. Nous savons très bien ce qui se passe dans le haut niveau, sinon, nous n’allions pas être ici. J’ai eu très mal quand un journaliste américain a posé la question à Parfait en disant : «Est-ce que ce n’est pas un problème de niveau, raison pour laquelle vous avez été éliminés ?» On ne peut pas progresser en si peu de temps pour arriver en finale. Il faut que ce complexe d’infériorité cesse. Le basket parle le même langage, nous allons dans les mêmes stages. Maintenant, tout est question d’opportunité. On se contente de ce que nous avons sur le plan local et on essaie d’aller chercher de l’expérience ailleurs pour mieux développer notre basket.»

Ensemble, comment comptez-vous aborder cette finale contre Al Ahly ce samedi ?
Pabi Guèye : «C’est continuer le travail qu’on a entamé depuis 3 à 4 mois. Parfait sait ce que j’attends de lui. Il le fait très bien depuis qu’on est ensemble. Ce sera juste une finale. On sera à 40 minutes de rentrer une fois de plus dans l’histoire. Et sur un match, tout peut arriver.»

Parfait Adjivon : «On y va avec beaucoup de plaisir. On savait qu’on allait faire un très bon match contre le Petro, après qu’on a mis notre stratégie en place. Nous connaissons notre force. C’est une finale, il faut se faire plaisir. Nous croyons en nous. L’adversaire n’est pas notre problème. On fait focus sur notre style de jeu. Avec tout le soutien du Peuple sénégalais, nous y arriverons. Qu’il continue à croire au basket sénégalais.»
Recueillis par Woury DIALLO wdiallo@lequotidien.sn (Envoyé spécial à Kigali)