Ancien ambassadeur du Sénégal au Mali et en France et ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mankeur Ndiaye, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Rca et chef de la Minusca, est un homme occupé à remettre ce pays, ravagé par une terrible guerre, sur le chemin de la paix. Dans cet entretien, le diplomate dévoile les acquis obtenus par la Minusca, liste les défis à relever pour permettre à la Rca de retrouver la paix et de se démocratiser.

M. Ndiaye, quelles actions avez-vous entreprises de­puis que vous êtes arrivé à Bangui déchirée par des années de guerre civile ?
J’aimerais commencer par rappeler que depuis son établissement par la Résolution 2149 adoptée par le Conseil de sécurité le 10 avril 2014, sur recommandation du rapport du Secrétaire général des Nations unies du 3 mars 2014, la Mission multidimensionnelle et intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Rca dispose d’une force 11 370 militaires, 2008 policiers et gendarmes, et 1425 civils. Il s’agit d’une mission multidimensionnelle à la recherche d’une solution politique durable à la crise centrafricaine. Elle est dotée d’un budget de 937 millions de dollars américains par l’Assemblée générale des Nations unies pour la réalisation des énormes tâches qui lui sont assignées par le Conseil de sécurité des Nations unies dans un contexte de fragilité de l’Etat dont les démembrements et représentants avaient cédé presque 2/3 de 622 000 km2 de territoire aux groupes armés. Je ne peux passer sous silence ces précisions liminaires qui donnent une idée sur la portée et la nature du mandat du Conseil de sécurité dont j’ai la lourde charge de mettre en œuvre avec tout le système des Nations unies sous ma direction stratégique et dans un contexte sans précèdent de propagation du Covid-19.
Revenant à votre question sur les actions entreprises depuis ma nomination par le Secrétaire général de l’Onu comme son Représentant spécial en République centrafricaine (Rca) et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), il faut dire que des progrès continuent d’être enregistrés dans bien des domaines de notre mandat malgré les défis qui subsistent encore. Vous savez comme moi combien la crise centrafricaine reste complexe tant elle peut évoluer en dents de scie. J’en veux pour preuve la première remise en cause, par les groupes armés signataires, de la composition du gouvernement inclusif établit par le président de la République, Faustin-Archange Touadéra, en application de l’article 21 de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019 et ce, juste quinze jours après mon arrivée et prise de fonction à Bangui. Ce fut d’ailleurs mon baptême du feu et premier défi politique que nous avons pu dépasser au bout d’efforts de négociations concertées, à Addis Abeba, sous l’égide des garants dudit accord, l’Union africaine (Ua) et la Communauté économique des Etats de l’Afri­que centrale (Ceeac) avec la facilitation des Nations unies que j’ai exercée au nom du Secrétaire général, Antonio Guterres.
Le succès de ce compromis d’Addis Abeba se mesure à la survie du gouvernement inclusif, à la fonctionnalité des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord de paix et au progrès dans la mise en œuvre. Ce fut donc, pour moi, un temps fort couronné de succès encore perceptibles à travers la survie du gouvernement inclusif et le maintien de tous les groupes armés signataires dans le processus de paix. Au moment où je vous parle, nous partageons, avec tous les partenaires internationaux y compris l’Union africaine, l’Union européenne, les partenaires techniques et financiers et le corps diplomatique en Rca, la conviction que l’Accord, négocié à Khartoum du 24 janvier au 5 février 2019 et signé à Bangui le 6 février 2019, est une voie crédible vers la réconciliation nationale et une paix durable, tant il offre aux Centrafricains, de tous bords, une opportunité réelle de mobiliser des réponses appropriées aux causes profondes de la crise. Cette dynamique de soutien indéfectible de la mise en œuvre de l’Accord matérialise en Rca l’engagement collectif des Etats membres à y déployer des efforts concertés pour la promotion de solutions politiques viables à la crise conformément à la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix des Nations unies, initiée par son Secrétaire général le 16 août 2018, plus connue sous le vocable d’Action pour la paix (A4P).

On peut dire que la Rca est sur la bonne voie ?
Je ne cesserai d’encourager l’élan d’appropriation nationale de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation par toutes les composantes de la société centrafricaine. Je suis de ceux qui croient que le succès du processus de paix, en cours en République centrafricaine, passe inéluctablement par la socialisation de l’Accord du 6 février qui en est la charpente intrinsèque. Les progrès dans le désarmement et la démobilisation de 1674 ex-combattants provenant de 8 des 14 groupes armés, bien que timides, méritent d’être encouragés, soutenus et accélérés. J’admets du reste, et je ne suis pas le seul, que le Programme de désarmement, démobilisation et réintégration, combiné aux nouvelles lois sur la décentralisation et les partis politiques, offre des perspectives intéressantes vers la dissolution et la transformation des groupes armés dans le moyen et/ou le long termes ; si toutes les parties signataires de l’Accord exécutent leurs obligations de bonne foi.
Parmi les progrès les plus significatifs figure également la reconquête des parties du territoire national jadis concédées sous la pression des groupes armés. A ce jour, 1464 éléments de la police, 2167 gendarmes et 2035 militaires des forces armées centrafricaines ont été redéployés. L’on peut aussi relever, pour s’en réjouir, les avancées dans la restauration et l’extension de l’autorité de l’Etat avec 15 des 16 préfets et 62 sur 71 des sous-préfets en poste ainsi que le redéploiement des fonctionnaires de l’administration territoriale et judicaire, dans des préfectures où ils étaient absents depuis plusieurs années. Les Nations unies et les partenaires internationaux continueront d’apporter leur soutien au gouvernement pour l’effectivité des services et autorités déconcentrés de l’Etat. En réalité, une extension de l’autorité de l’Etat implique, en principe et a contrario, une réduction graduelle de l’emprise des groupes armés sur le territoire national qui reste un des objectifs stratégiques découlant de la résolution 2499 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Minusca adoptée le 15 novembre 2019.
Ce climat propice au déroulement du processus de paix n’en cache pas moins la persistance de défis dans la mise en œuvre du mandat ambitieux du Conseil de sécurité de l’Onu, et en particulier la protection des civils très souvent mise à mal par certains groupes armés aussi bien signataires que non-signataires de l’Accord de paix. C’est la raison pour laquelle je n’ai cessé d’œuvrer avec mes équipes, pour faire avancer le processus de paix et le dialogue politique inclusif dans un contexte pré-électoral tout en plaidant pour un soutien continu de la Communauté internationale malgré l’impact du Covid-19 sur les opérations et programmes de la Minusca.

Comment se porte le dialogue politique à la veille de l’élection présidentielle qui va être cruciale ? Quelle est l’implication de la Minusca dans ce processus électoral ?
La résolution 2499 du Conseil de sécurité de l’Onu, en date du 15 novembre 2019, demande à la Minusca d’aider les autorités centrafricaines «à préparer et à organiser des élections présidentielle, législatives et locales pacifiques en 2020 et 2021 en leur offrant ses bons offices, en leur fournissant un appui en matière de sécurité et un soutien opérationnel, logistique et, le cas échéant, technique, en particulier de manière à faciliter l’accès aux zones reculées, et en coordonnant l’assistance électorale internationale».
De manière pratique, cet appui se traduit par l’implication de l’ensemble du personnel civil et en uniforme dans les tâches essentielles au bon déroulement du processus, notamment dans la mise en place des bureaux de démembrement de l’Ane, l’élaboration de la cartographie électorale, le déploiement du matériel et des agents, pour l’enregistrement des électeurs de Bangui vers les 16 préfectures, et la sécurisation du processus électoral avec l’élaboration d’un plan de sécurisation intégrée des élections, le tout en étroite concertation avec la contrepartie nationale qui demeure souveraine et première responsable de la bonne tenue de ces élections.
A titre d’exemple au niveau logistique, nos moyens aériens ont permis de transporter près de 120 tonnes de matériels vers les préfectures et plus de 400 agents recenseurs vers et au départ de 5 préfectures difficiles d’accès au travers de l’affrètement de plus de 50 vols spéciaux. Les activités opérationnelles, logistiques et techniques sont menées en étroite coordination avec l’Autorité nationale des élections (Ane) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), entre autres acteurs.
Il faut dire que la Minusca dispose de sa Division de l’assistance électorale avec 17 Bureaux électoraux régionaux (Ber) sur l’ensemble du territoire, à raison d’un Ber par préfecture et pour la capitale Bangui, pour appuyer l’Ane et ses démembrements dans la mise en œuvre des activités électorales.
Dans le cadre de mes bons offices, j’ai entamé une série de rencontres avec les acteurs impliqués dans le processus électoral, notamment les responsables de la mouvance présidentielle, de l’opposition, de la Société civile, etc., pour encourager le dialogue et la concertation, dans la recherche des solutions consensuelles, afin que le processus électoral soit apaisé, inclusif et crédible en définitive. Il est essentiel que toutes les parties prenantes travaillent dans cet esprit de solidarité nationale, pour préserver la paix et la stabilité requises pour un environnement favorable au bon déroulement de tout le processus électoral. A cet égard, je ne peux manquer de relever, pour l’encourager avec tous les partenaires internationaux, le dialogue inter et intra-institutionnel noté entre le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel dans la gestion consensuel du processus électoral de manière compatible aux principes démocratiques et exigences de l’Etat de Droit. Je précise que sur la question électorale, je travaille en étroite collaboration et dans une parfaite synergie avec les membres du « G5+», un groupe d’Etats membres et d’institutions partenaires de la Rca composé par la France, les Etats-Unis, la Russie, l’Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, l’Union européenne et la Banque mondiale.

Est-ce qu’il est évident de procéder à des opérations de recensement à cause du déficit sécuritaire et des risques encourus par les agents recenseurs ? Quelle est la logistique mise en place pour y arriver ?
Au 7 septembre 2020, l’opération d’enregistrement des électeurs avait été menée dans 3487 centres d’inscription sur les 3608 prévus par l’Ane, soit un taux national de 96,65%. Ce­pendant, dans certains endroits comme dans les préfectures d’Ouham-Pendé, de Nana-Mambéré et de la Ouaka, l’insécurité causée respectivement par certains groupes armés dont Retour, Réclamation et Réha­bilitation (3R) et l’Union pour la paix en centrafrique (Upc), a perturbé le processus de recensement. Nous avons décidé d’y répondre de manière ferme dans le cadre de la mise en œuvre du plan de sécurisation intégrée des élections, élaboré conjointement par le gouvernement et la Minusca, mais aussi dans le cadre de notre mandat qui nous autorise à recourir à la force, entre autres moyens mis à notre disposition par le Conseil de sécurité.
La Minusca, en coordination avec l’Ane, a pris des dispositions pour renforcer la sécurisation des agents recenseurs dans les zones où l’enrôlement n’a pas pu avoir lieu, pour que les 71 centres d’inscription concernés soient ouverts. Nous ne tolérerons aucun obstacle à l’opération d’enrôlement et mettons en garde tout groupe armé qui chercherait à perturber les opérations électorales. C’est un engagement qu’ils ont pris en vertu de l’article 20 de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de «soutenir l’organisation d’échéances électorales aux niveaux présidentiel, législatif, régional et municipal dans un climat apaisé» ; ils doivent le respecter !

Quelle est la situation sécuritaire dans le pays ? Est-ce que les divisions ou les tensions confessionnelles se sont estompées ?
La sécurisation est un défi permanent. Il y a des progrès notables dans certaines régions qui résultent à la fois de la mise en œuvre de l’Accord de paix, de la posture robuste de nos casques bleus déployés sur le terrain et de la restauration graduelle de l’autorité de l’Etat. Mal­heureusement, des violations persistent dans d’autres régions, notamment dans le nord-ouest de la Rca où depuis la mi-juin 2020, la Minusca et les Forces armées centrafricaines (Faca) mènent une opération militaire conjointe contre le 3R, pourtant signataire de l’Appr-Rca. Nous menons deux autres opérations militaires à Ndélé (nord-est) et au sud de la préfecture de la Ouaka, auxquelles s’ajoute une moyenne de 2500 patrouilles par semaine pour protéger les populations civiles et prévenir les violences des groupes.
Cette posture robuste s’accompagne d’un appui de notre part aux initiatives locales de paix qui portent des fruits dans certains endroits. Ainsi, quelques mois après de violents affrontements à Ndélé, les communautés Goula et Rounga, généralement de même confession, ont récemment signé un accord de paix et renoué le dialogue. La ruée vers l’exploitation illégale et, le contrôle des ressources minières et naturelles, plus particulièrement la compétition et les tensions qui en découlent rendent la situation centrafricaine extrêmement complexe. Sans vouloir verser dans la controverse, l’analyse approfondie des instances et séquences de violence qui se sont succédée en Rca nous suggère d’aller au-delà des manipulations confessionnelles apparentes pour déceler les motivations réelles et causes profondes de la crise centrafricaine que l’Etat, les parties prenantes, les Nations unies et la Communauté internationale tentent de juguler par des solutions politiques durables endossées par l’Accord du 6 février qui emprunte les contours d’une approche globale de résolution des préoccupations essentielles à la transformation du conflit.

Vous êtes en train de participer à la formation des forces de défense centrafricaines. Après 800 élèves-policiers, 550 élèves-gendarmes dont 138 femmes ont officiellement rejoint les rangs des Forces de défense et de sécurité centrafricaines au cours d’une cérémonie organisée le 1er septembre 2020. Quelle est la part de contribution des Nations unies dans cet effort ?
Vous savez, la Minusca joue un rôle de premier plan dans l’appui aux autorités pour le renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure, notamment l’assistance technique, la formation, la sélection, le recrutement et la vérification préalable de policiers et de gendarmes, avec l’appui de donateurs onusiens et externes. Le recrutement et la formation des deux premières vagues de recrues (500 en 2017-18 et 1000 en 2018-19) avaient bénéficié d’un appui financier, logistique, technique et sécuritaire de notre part au travers de la composante Police de la Minusca (Unpol). Pour ce troisième recrutement, organisé par les autorités centrafricaines dans le cadre de l‘appropriation nationale progressive de leur propre sécurité, nous apportons un appui important à tous les niveaux (logistique, technique et sécuritaire). Ces recrutements et formations sont suivis d’une autre étape toute aussi importante, à savoir le déploiement effectif des policiers et gendarmes dans les préfectures avec le soutien de la Minusca. Ces efforts en soutien des forces de sécurité intérieur s’inscrivent dans notre programme global de soutien à la Réforme du secteur de la sécurité (Rss) en Centrafrique dont l’objectif est de contribuer au professionnalisme et à l’efficience des Forces de défense et de sécurité dans un contexte de contrôle démocratique progressivement renforcé.

Vous avez dit lors de cette cérémonie que le retour de la paix et de la cohésion sociale en République centrafricaine est le gage de tout développement durable dans le pays. Quel est le chemin parcouru jusqu’ici ?
Un pas important avait été franchi en janvier dernier avec la remise au chef de l’Etat de l’avant-projet de Loi sur la Commission Vérité, Justice, Réconciliation et Réparation (Cvjrr). A l’époque, j’avais encouragé les députés à faire leur travail pour renforcer la démocratie, la justice et l’Etat de droit afin de préserver l’unité de la Nation, en rappelant que l’opérationnalisation de la Cvjrr peut porter les semences de l’unité retrouvée et apaiser les cœurs meurtris. Je continue à plaider auprès de mes différents interlocuteurs centrafricains pour un soutien total à l’Appr-Rca pour que le pays puisse avancer effectivement vers la paix et la réconciliation. En même temps, la Mission que je dirige soutient les initiatives pour la cohésion sociale à travers des Projets à Impact Rapide. Ainsi, sur les 83 projets réalisés en 2019-2020 pour un montant de 2.9 millions de dollars, 45 ont porté sur la promotion de la cohésion sociale et du vivre-ensemble. La réconciliation con­cerne tous les Centrafricains dont implication dans ce processus est essentielle, comme l’a souligné le Forum de Bangui en 2015.

Quel est le degré d’implication des pays voisins aussi dans le processus de paix ? C’est un peu difficile sans doute vu le contexte politico-sécuritaire. Pensez-vous que le retour définitif à la paix en Rca est presque acquis ?
Le retour définitif à la paix en Rca reste l’objectif de tous Centrafricains et de la Communauté internationale, qui soutient l’Appr-Rca pour que le pays puisse parvenir à la stabilité et la sécurité. Ce n’est pas une tâche aisée compte tenu des engagements non tenus par certains groupes armés signataires mais nous restons déterminés à soutenir le processus de paix. Bien entendu, les pays voisins contribuent à cet effort tant sur le plan bilatéral que multilatéral, à travers la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) et la Conférence internationale sur la réégion des Grands Lacs (Cirgl). Les visites des Présidents du Rwanda et de la Rdc à Bangui ainsi que les commissions mixtes tenues avec le Cameroun, le Tchad et la République du Congo témoignent de la volonté de la sous-région à travailler ensemble pour relever les défis sécuritaires et promouvoir la paix en Rca. La coordination des engagements de l’Onu au niveau régional avec les projets conjoints en matière de transhumance et de sécurité transfrontalière autour du Bureau régional des Nations unies en Afrique centrale (Brenuac) et mes échanges réguliers avec mon homologue, François Fall, Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Brenuac participent de cet élan de renforcement de la coopération intermissions pour mutualiser nos efforts de réponses coordonnées aux préoccupations régionales qui impactent la Rca.

Vous avez été ambassadeur et ministre des Affaires étrangères et maintenant vous êtes le représentant du Secrétaire général des Nations unies en Rca. Avez-vous été obligé de vous réadapter ou s’agit-il de continuité dans votre longue carrière de diplomate ? Qu’est-ce que cela a changé dans votre parcours ?
En tant que Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Rca et chef de la Minusca, j’ai pour mission de veiller à la mise en œuvre effective du mandat du Conseil de sécurité. La tâche est énorme et d’autant plus grande que la Minusca reste l’expression de la solidarité internationale envers un pays plongé dans une grave crise depuis 2013, ce qui accroit les attentes des populations. Les responsabilités sont certes grandes, y compris la gestion de 13 250 personnels civils et en uniforme déployés sur l’ensemble de ce territoire vaste comme la France et la Belgique réunies. Toutefois, mon parcours de diplomate et mon expérience dans les fonctions et grandes missions de l’Etat ainsi que ma pratique de la scène et des politiques internationales m’ont permis de m’approprier l’environnement complexe des opérations multidimensionnelles de maintien de la paix.

Vous suivez l’actualité de votre pays. Qu’en pensez-vous ?
Bien entendu, mon statut de fonctionnaire international, la fonction politique que j’exerce en qualité de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et le devoir de réserve qui en résulte, ne m’exonèrent pas de ma responsabilité envers mon pays, le Sénégal, qui m’a tout donné. Je n’ai donc jamais cessé de suivre l’actualité et de mettre mon expérience à la disposition de mon pays par les canaux les plus appropriés et dans une forme compatible avec mes obligations en vertu du statut du personnel des Nations unies.