Pour les besoins de la célébration de l’édition 2023 de la naissance du Prophète Mohammed (Psl) ou Maouloud Al Naby (Saw), Tivaouane, la capitale de la Tijaniyya, s’apprête à accueillir, en fin septembre, des millions de fidèles qui, en majorité, campent et cuisinent à l’air libre ou sous des tentes de fortune. La ville sainte de Maodo, qui compte beaucoup de bas-fonds et de zones inondables, mériterait plus d’attention du point de vue assainissement.

Par Cheikh CAMARA – C’est l’édition 2022 du Maouloud Al Naby ou Gamou, qui a ouvert l’ère d’un cycle d’au moins 10 ans de sa célébration en plein hivernage. Ce qui remet ainsi sur le tapis l’ennuyeuse équation de l’assainissement de la capitale de la Tijaniyya. Une problématique qui laisse apparaître une crainte majeure d’inondations. Une situation très désobligeante d’autant que la cité de Maodo accueille à cette occasion des millions de pèlerins. D’où la nécessité de prendre toutes les dispositions, mobiliser tous les moyens nécessaires pour parer à toutes les éventualités. Dans l’urgence, l’équation des eaux pluviales et celles usées nécessiterait une mobilisation et une synergie entre l’Etat, les collectivités territoriales, le secteur privé, les autorités religieuses et les populations, entre autres. Alors que la commune a bénéficié d’un programme d’assainissement, financé à hauteur de 4, 3 milliards F Cfa, le problème demeure. Ce programme, qui s’inscrit dans le cadre du plan d’assainissement de 10 villes du Sénégal et financé à hauteur de 70 milliards de F Cfa par l’Etat du Sénégal avec le concours de la Banque ouest-africaine de Développement (Boad), ne couvre que 10 quartiers sur les 72 de Tivaouane. Et il ne prend en charge que la problématique des eaux usées, laissant en rade celle des eaux pluviales.

Pour l’instant, les coûts des travaux spécifiques de Tivaouane sont estimés à plus de 4 milliards de F Cfa. Ils visent la réalisation de 16, 53 km de réseaux d’eaux usées, 1558 branchements domiciliaires, deux stations de pompage, 50 édicules scolaires devant impacter 5000 élèves, une station d’épuration d’une capacité de 2100 m3/jour dans la ville de Tivaouane. L’objectif visé est d’améliorer les conditions de vie de plus de 22 000 personnes et l’assainissement d’une dizaine de quartiers de la ville de Tivaouane. Il s’agit de Ndiandakhoum, Lamsar, Jaalo, Kouly, Tivaouane Wolof, Escale, Ndoute, El Hadji Malick Sy, Médine, Keur Matar. Et au-delà de cet aspect, les réalisations devraient permettre d’éliminer les réseaux d’eaux usées ménagères, la stagnation d’eau sur la voie publique, mais aussi de limiter l’exposition des populations au péril fécal.

Les fortes précipitations, qui s’abattent à présent sur Tivaouane, ont montré la vulnérabilité de la cité religieuse, en ce qui concerne les questions d’assainissement. En effet, après chaque pluie, plusieurs quartiers sont envahis par les eaux de ruissellement, notamment Djiddah, Keur Khaly, Kouly, etc., causant beaucoup de désagréments aux populations, au niveau de certains endroits de la ville où se déploient, souvent, les sapeurs-pompiers pour procéder à l’évacuation des eaux avec des motopompes. Mais, la tâche est rendue très difficile par l’absence de déversoirs. C’est dire que la cité religieuse est victime aujourd’hui de ce manque manifeste d’un réseau d’assainissement digne de ce nom. Les habitants alertent sur la question depuis 2016 et pensent qu’«il est temps de mettre en place un système d’assainissement adéquat et fonctionnel, pour mettre définitivement un terme au calvaire des populations».
Correspondant