Les réfrigérants qui se trouvent dans les réfrigérateurs participent à la destruction de la couche d’ozone à cause des gaz comme le Cfc, le chlore et le Hcfc. Mais en plus d’être énergivores, ils occasionnent aussi des cancers de la peau et des cataractes. Et c’est tout le sens du combat des autorités qui prônent le retour vers une climatisation verte. Par Justin GOMIS –
Les Sénégalais sont friands des équipements ou appareils de seconde main. Ils préfèrent le plus souvent acheter ces matériels venant de l’extérieur à moindre coût, au lieu des neufs qui coutent plus cher. Mais, ce qu’ils ignorent, c’est que ces matériels produisent des émissions néfastes sur l’environnement et la santé. D’après Dr Abdoulaye Gaye, «ils participent à l’augmentation des émissions». Selon le Coordonnateur national du projet Refroidissement respectueux de l’ozone et du climat en Afrique de l’Ouest et du Centre, qui présidait hier à l’atelier de renforcement de capacités des journalistes sur la couche d’ozone et le climat, «ce sont des équipements très énergivores». Et quand ils consomment beaucoup d’énergie, «ils participent ainsi aux émissions de CO2», a-t-il expliqué. Avant de montrer que ces «émissions sont produites dans des pays par des centrales qui utilisent des énergies fossiles qui participent à l’augmentation des effets de serre».
D’ailleurs, les effets de ces émissions sur la santé ont été mis en évidence depuis les années 70 par les scientifiques. D’après Ibrahima Kane, responsable à la Direction de l’environnement des établissements classés et par ailleurs assistant de la coordinatrice du Programme ozone Sénégal, si les cancers de la peau et les cataractes existent de façon naturelle, il n’en demeure pas moins que ces émissions engendrent aussi ces maladies. «A chaque fois qu’il y a une diminution de la couche d’ozone, les rayons ultraviolets B viennent sur terre de manière très intense», a-t-il remarqué. A l’en croire, «d’après des études faites dans certains pays où la couche d’ozone a eu le plus d’impact possible, on s’est rendu compte qu’il y a des pics de concentration en termes de cancer de la peau, des pics de concentration en termes de maladies liées à la cataracte. Alors qu’il y a une situation de référence qui est là de façon connue. Ils se sont posé des questions, ont fait des investigations et se sont rendu compte que la majorité de ces personnes-là qui ont été affectées, sont restées trop longtemps sous le soleil sans prendre des mesures de précaution».
«C’est pourquoi on lance souvent des appels aux populations qui vont en vacances en période de canicule à la mer, de prendre des produits pour se protéger la peau et de porter des lunettes anti-UVB», a-t-il dit. Selon toujours l’assistant de la coordinatrice du Programme ozone Sénégal, ces rayonnements ultraviolets B impactent non seulement notre santé, mais également l’Adn. «Ils attaquent le système immunitaire humain comme animal, végétal et même dans les fonds marins et causent aussi la baisse de la production agricole, parce que les plantes, qui doivent grandir, ne pourront plus le faire, parce que l’Adn est atteint», a-t-il détaillé.
Suivant ces réactions chimiques, «un atome de chlore ou de brome est en mesure de détruire 100 000 molécules d’ozone», a-t-il informé en outre. Il explique : «Ce qui se passe est que quand les techniciens font la maintenance, il y a souvent des rejets de gaz, si c’est le Cfc, il y a le chlore, le Hcfc. Une fois que le chlore est libéré, il va jusqu’à la stratosphère. L’ozone est composé de trois molécules, à savoir d’oxygène O3. Arrivé à ce niveau de la stratosphère, le chlore va casser la molécule d’ozone et on a plus O3, mais plutôt O2. Un atome de chlore est en mesure de détruire 100 000 atomes d’ozone. Ce qui fait que ce processus continue. Au finish, on peut voir ce processus qui permettait de réguler, de filtrer les rayonnements ultraviolets B, s’amincir et c’est ce qui fait que les rayons ultraviolets pénètrent avec forte intensité au niveau de la terre. C’est cette forte intensité du rayonnement ultraviolet B qui vient frapper directement les organismes. C’est ce qui est à l’origine de ces maladies cancérigènes. Ces rayonnements de ces réfrigérants réglementés ont un impact sur le Hcfc, ce sont des substances qui détruisent la couche d’ozone et en même temps, ils ont un haut potentiel de réchauffement global.» Depuis le Protocole de Montréal, l’objectif est d’éliminer ces réfrigérants, qui participent à la destruction de la couche d’ozone et qui affectent la santé des êtres vivants sur la terre.
Aujourd’hui, les autorités encouragent le virage vers la climatisation verte en prônant le renforcement de capacités des ressources humaines. «Nous proposons l’ensemble des appareils qui n’ont pas d’impact sur l’environnement, qui ne détruisent pas la couche d’ozone et qui ne participent pas à l’effet de serre. Nous promouvons à ce que les appareils de refroidissement soient des appareils sobres en énergie. Nous voulons que ce soit des appareils très performants sur le plan énergétique», a dit le Dr Abdoulaye Gaye.
C’est d’ailleurs ce qui explique la pertinence de cet atelier organisé à l’endroit des journalistes, en vue de sensibiliser les populations sur les dangers qui les guettent en utilisant ces matériels. Dans la même veine, «nous avons un ensemble de projets qui sont en cours dans le Nord du Sénégal, au Centre, au Sud, et aussi un autre projet direct qui va se faire avec un partenaire institutionnel. Il s’agira, dans le cadre de ce projet-pilote, d’équiper les bâtiments administratifs avec des climatiseurs verts, c’est-à-dire qui fonctionnent avec le R290 comme réfrigérant», a informé Dr Gaye.
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