Epouse de Soundioulou Sissokho : Ma Hawa Kouyaté ouvre son album souvenir

Difficile d’évoquer le souvenir du «Roi de la kora», Soundioulou Sissokho, sans évoquer la diva qui a partagé sa vie. Sur scène comme dans le quotidien, les deux artistes furent fusionnels. A l’heure de remettre au Musée Théodore Monod de l’Ifan, la kora de son défunt mari, Ma Hawa ouvre avec nostalgie quelques pages de son album souvenir.Soundioulou Sissokho
«Tout ce que je peux vous dire sur Soundioulou, c’est qu’il fut un homme bien, qui aimait sa famille. C’était un homme sans problème et ses chansons le traduisent d’ailleurs. Si on est ici aujourd’hui, c’est aussi pour perpétuer son héritage, pour montrer que Soundioulou n’est plus là, mais que ses enfants sont là. La jeune génération a beaucoup à apprendre de lui. Elle peut apprendre de sa bonne tenue et sa dignité, de l’amour de sa famille et même de la manière avec laquelle il jouait avec sa Kora. Il a appris à jouer la Kora et en avait la pleine maîtrise. On ne peut que dire merci parce que ce n’est pas donné à tout le monde que son instrument soit ramené dans ce musée. C’est une grande marque de reconnaissance à son endroit.»
Reconnaissance des autorités
«Les autorités sénégalaises ne nous doivent plus rien. De Senghor à Abdou Diouf en passant par Abdoulaye Wade et Macky Sall. Dieu merci, ils ne nous ont jamais lâchés parce qu’ils connaissent nos valeurs. Je suis très contente aujourd’hui, mais en même temps, je suis animée d’une certaine tristesse. Si cela ne dépendait que de moi, il ( Soundioulou) serait à mes côtés pour vivre cet honneur. Rien qu’en voyant les gens qui sont réunis autour de moi, ça me donne du baume au cœur.»
Le Président Senghor
«Lorsque je suis entrée avec mon mari à Sorano, notre premier voyage à Londres pour la conférence des mandings, c’est le Président Senghor qui nous avait amenés. Nous avons fait des tournées avec Senghor partout dans le monde, en Europe comme en Afrique. Senghor nous a amenés avec lui partout où il est allé. Tout le Sénégal le savait. Particulièrement nous de l’Ensemble lyrique traditionnel de Sorano. Nous n’avons pas encore rencontré les nouvelles autorités, ça ne fait longtemps qu’elles sont là et nous avons déjà pris notre retraite. Mais avant hier (le 17 juillet 20125), la directrice de Sorano a invité les anciens à prester lors d’une grande soirée. Et elle a tenu un discours rassurant. Nous nous confions aux nouvelles autorités.»
Sortie de disque ratée
«Le poster que vous voyez-la, (elle désigne une affiche sur le mur), je l’ai fait avec Soundioulou à Bruxelles. Le neveu de Emile Badiane, Mamadou Badiane, nous avait payé le séjour et donné l’argent avec lequel nous avons loué les services d’un studio pour réaliser des disques que nous avons convoyés au Sénégal via le Port de Dakar. Il y avait 2000 disques au total. Mais on n’avait pas assez d’argent pour sortir les disques du port et finalement, ils se sont détériorés. Seuls 100 disques ont pu être sauvés et nous ne les avions même pas vendus. Nous les avons donnés en cadeau. A chaque fois qu’on jouait à Sorano, on en offrait à ceux qui achetaient des billets.»