L’accès aux Arv est gravement perturbé par le Covid-19. D’après une étude de l’Oms, la continuité des services est menacée dans 73 pays en raison de la pandémie alors qu’une interruption de six mois de l’accès aux Arv pourrait entraîner un doublement du nombre de décès liés au Sida en Afrique subsaharienne pour la seule année 2020.
Le Covid-19 est en train de bouleverser tous les acquis dans le domaine médical. Sa brutale apparition a aussi impacté les efforts déployés depuis des décennies dans la lutte contre le Sida. L’Organisation mondiale de la santé (Oms), qui a mené une enquête sur la situation, annonce que 73 pays dont la plupart sont situés en Afrique subsaharienne risquent de connaître des ruptures de stocks d’antirétroviraux (Arv) en raison de la pandémie de Covid-19. Au même moment, 24 pays ont un stock d’Arv extrêmement faible, alors que l’approvisionnement pour ces médicaments vitaux reste perturbé. D’après l’enquête, une interruption de six mois de l’accès aux Arv pourrait entraîner un doublement du nombre de décès liés au Sida en Afrique subsaharienne pour la seule année 2020. «En 2019, 8,3 millions de personnes bénéficiaient d’Arv dans les 24 pays qui connaissent actuellement des pénuries, soit environ un tiers (33%) des personnes qui prennent un traitement contre le Vih à l’échelle mondiale», signale-t-on dans un communiqué. Pourtant, bien qu’il n’existe aucun traitement curatif contre l’infection à Vih, les Arv permettent de maîtriser le virus et de prévenir sa transmission sexuelle.
Ainsi, pour assurer en toute sécurité l’accès aux services de santé essentiels pendant la pandémie pour toutes les personnes vivant avec le Vih ou autrement touchées, l’Oms a récemment élaboré des orientations à l’intention des pays. Il s’agit pour les pays de limiter les perturbations de l’accès au traitement contre l’infection à Vih en délivrant des traitements pour plusieurs mois, allant jusqu’à six mois. «A ce jour, 129 pays ont adopté cette politique», renseigne-t-on.
Nouvel outil de traitement de l’infection chez les enfants
Selon l’Oms, il est possible de faire baisser plus vite le nombre de décès liés au Vih dans le monde en renforçant le soutien et les services aux populations touchées de manière disproportionnée par l’épidémie, y compris les jeunes enfants. En 2019, 95 mille décès étaient liés au Vih et 150 mille nouvelles infections chez les enfants. «53% seulement des enfants qui avaient besoin d’un traitement antirétroviral en bénéficiaient. Le manque de formulations pédiatriques appropriées pour les médicaments optimaux est depuis longtemps un obstacle qui empêche d’obtenir de meilleurs résultats pour les enfants vivant avec le Vih», informe le communiqué de l’Oms.
La bonne nouvelle, c’est que la Food and drug administration des Etats-Unis d’Amérique a approuvé une nouvelle formulation de Dolutégravir à 5 mg pour les nourrissons et les enfants de plus de quatre semaines et pesant plus de 3 kg. Cette décision permettra à tous les enfants d’avoir rapidement accès à un médicament optimal qui, à ce jour, n’est disponible que pour les adultes, les adolescents et les enfants plus âgés. L’Oms s’est engagée à accélérer la préqualification du Dolutégravir comme médicament générique afin qu’il puisse être utilisé dès que possible par les pays pour sauver des vies.
«Grâce à la collaboration de plusieurs partenaires, des versions génériques du Dolutégravir seront probablement disponibles pour les enfants d’ici au début de l’année 2021. Ce qui permettra de faire baisser rapidement le coût de ce médicament», a déclaré la Dr Meg Doherty, directrice du département Programmes mondiaux de lutte contre le Vih, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles de l’Oms.