Le visiteur, à Donaye, ne peut pas ne pas remarquer que la partie nord du village inhabitée, constituée de bâtiments délabrés, de la grande mosquée et des cimetières, surplombe la partie habitée. Mieux, une digue de protection, contre les eaux de crue, ceinture le village. Des images témoignant que les premiers habitants comme les suivants maîtrisaient leur géographie et se projetaient sur les conséquences des changements climatiques.

Le premier site de Donaye est un point culminant par rapport à l’actuelle concentration des habitations. Cette partie du village, abandonnée après la fondation du quartier Sinthiou, a été ravagée par les eaux de crue du fleuve en octobre 1999. C’est sur cette partie nord du village que sont implantés la grande mosquée (l’une des plus anciennes du Fouta), le marché et les cimetières. Amadou Salif Sétté témoigne : «Cette partie du village a reçu les habitants la nuit du sinistre, avant le départ pour Podor puis pour Tarédji. Elle n’a pas été inondée.» Et il se souvient «même que durant les grandes crues, cette partie n’a jamais été inondée». C’est de l’ingénierie. L’ingéniosité des anciens est reconnue par les jeunes, car le village était distant du fleuve de plus de 15 mètres. Mieux, ils avaient conscience de l’avancée du fleuve et de l’érosion des berges. A cause de ces deux facteurs, la première mosquée de Donaye a été envahie par le fleuve.

Face à l’avancée du cours d’eau, les premiers résidents utilisaient des moyens rudimentaires pour se protéger. Thierno Mamoudou Ly explique : «Nous avons hérité de ça, les hommes s’organisaient pour couper des branches d’arbres afin de les jalonner le long de la rive du village et les tisser. Ceci empêchait le fleuve d’atteindre les berges.» Les réflexes sont restés. De génération en génération, ce système de protection du village, entouré d’une digue, installé en 1950, est resté ; le legs est toujours entretenu.

Durant des décennies et des siècles, il fallait traverser la digue de protection pour se retrouver dans les champs de culture de décrue, transformés en quartier, finalement dévastés par les eaux de crue en 1999.