«Garanties d’un procès rapide juste et équitable pour l’affaire dite de Kédougou, la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation de la ministre de la Santé et de l’action sociale, ainsi que le président de l’Ordre national des médecins du Sénégal avant toute audition ou poursuite d’un agent de santé…» Telles sont, entre autres, les exigences fixées par le Sames pour lutter contre «l’arrestation quasi-systématique des agents de santé devant tout accident ou incident survenu à l’hôpital». Le Sames a encore décrété 72 heures de grève renouvelables.Par Dieynaba KANE – 

La pression du Sames ne faiblit pas. Le Syndicat autonome des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a encore décrété 72 heures de grève renouvelables, après avoir tenu hier une Assemblée générale de protestation à Kédougou. Dans un communiqué, le Sames précise que cette «grève concerne toutes les activités cliniques et de coordination, ainsi que les actes médico-légaux (genre de mort, expertises, certificat pour coups et blessures, autopsie, etc.)». Les syndicalistes continuent de protester contre l’arrestation de leurs collègues après la mort en couches de Mamy Doura Diallo et de son bébé lors d’une césarienne ratée au Centre de santé de Kédougou.

Grève de 72 heures décrétée
Les membres de cette organisation ne décolèrent pas malgré la liberté provisoire accordée aux agents de santé cités dans cette affaire lundi. Ils soutiennent que «la mise sous contrôle judiciaire n’est nullement une fin en soi, l’équipe du bloc opératoire du Centre de santé de Kédougou, qui a été lavée de tout soupçon par les experts, doit être blanchie totalement par la Justice». D’ailleurs, d’après eux, «la détention inexpliquée de ces vaillants agents de santé a perturbé le système de référence et contre-référence sanitaire dans cette localité où la communauté souffre depuis plusieurs années, d’un accès difficile aux soins curatifs». Et d’alerter : «Durant ces 6 jours de garde à vue qui a entraîné la fermeture du bloc opératoire, 6 femmes enceintes ont été évacuées à l’Hôpital régional de Tambacounda dont 3 ont accouché en cours de route avec 2 mort-nés et un en réanimation néonatale.»

Poursuites encadrées
Le Sames fustige ainsi «la tendance d’emprisonnement quasi-systématique des agents de santé devant tout accident ou incident survenu à l’hôpital». Dans leur document, Amadou Yeri Camara et ses camarades exigent «les garanties d’un procès rapide, juste et équitable pour l’affaire dite de Kédougou, la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation de la ministre de la Santé et de l’action sociale, ainsi que le président de l’Ordre national des médecins du Sénégal avant toute audition ou poursuite d’un agent de santé pour ne pas provoquer des décès évitables à cause de décisions précipitées du Parquet, des concertations entre les ministères de Justice, celui de la Santé et le Haut-conseil de la magistrature (Ndlr : Conseil supérieur de la magistrature)». Sans doute, une demande pour jouir de certains privilèges judiciaires comme les officiers de l’Armée, les députés, le personnel de la Justice… ?
Par ailleurs, l’organisation professionnelle fait savoir que «ce type de décision anéantit tous les efforts de l’Etat et du ministère de la Santé et de l’action Sociale et de ses partenaires pour éviter le décès de femmes enceintes et de nouveau-nés».
Il faut souligner que le Sames a signalé dans son document, «des menaces proférées à l’endroit de Dr Léonce Faye par le mari de feue Doura Diallo». Selon les syndicalistes, «le procureur a ici un cas patent de menace de mort à travers les médias».

dkane@lequotidien.sn