En Espagne, télévisions, radios, journaux, de tout bord idéologique, se sont unis pour dénoncer ce qu’ils appellent de la concurrence déloyale quant aux revenus publicitaires. A leurs yeux, Meta ne respecte pas les normes européennes sur la protection des données personnelles des personnes. La législation oblige tout annonceur à demander le consentement des utilisateurs. Or, le géant américain ne le res­pecterait pas, ce qui soulignerait l’évidence qu’ils profitent et se regorgent de revenus «illicites». Ces médias espagnols ont fait un calcul de ces revenus publicitaires non réglementaires entre mai 2018 et juillet 2023 : le montant s’élèverait à 550 millions d’euros, qu’ils réclament aujourd’hui via les tribunaux. Pour le président de l’Association des médias espagnols (Ami), Martinez de Salazar, cette situation de monopole publicitaire porterait un préjudice financier considérable aux médias nationaux. Au point de mettre en danger la survie même de ces médias, d’importance fondamentale «pour la qualité démocratique du pays». «Ce que Meta a fait, c’est réaliser un profilage massif du comportement de tous les internautes et, à partir de ce profilage massif, sans les en voir avoir informés, ni obtenu le consentement des citoyens, le groupe aurait vendu de la publicité segmentée, générant ainsi un énorme profit à partir d’une action illégale d’un point de vue réglementaire», insiste, Irene Lanzaco, Direc­trice générale de l’association, avant le début de l’audience.

Meta nie en bloc 
«Il s’agit d’une demande infondée qui (…) ne repose sur aucune preuve concernant le préjudice supposé, tout en ignorant intentionnellement l’évolution de l’industrie publicitaire au cours des dernières années», a de son côté réagi Meta dans un message transmis à l’Afp. «Meta respecte toutes les lois applicables et a fourni des options claires, des informations transparentes et une large gamme d’outils aux utilisateurs pour contrôler leur expérience sur nos services», a également affirmé le groupe. L’audience a débuté ce mercredi matin dans un Tribunal de commerce de la capitale espagnole, et doit durer jusqu’à jeudi. En octobre 2024, une requête de ce type avait été faite, moins importante, et Meta n’y avait jamais répondu. Reste à voir si les magistrats donneront suite à cette levée de boucliers en Espagne.
Rfi