En choisissant ce terme d’esquisse d’évaluation, on s’est posé la question de savoir est-ce que le concept bilan est adapté au contexte dans lequel le pouvoir officiel a pris les rênes du pays tout en essayant d’élaborer des politiques publiques dont l’objectif est de satisfaire les besoins fondamentaux des populations. En effet, le bilan est défini ainsi : «Il retrace le compte et l’évaluation de toutes les valeurs qui composent l’actif d’un commerçant ou d’une société, et l’état exact des dettes et charges constituant le passif. Le bilan doit être dressé par an.» De cette définition, on s’aperçoit que le bilan, par sa courte période, ne permet pas de ressortir tous les problèmes posés au pouvoir, à fortiori de les satisfaire.

A notre avis, il serait plus plausible de faire appel à la notion d’esquisse d’évaluation de l’état des lieux. Par ce concept, il faut comprendre ce qui a commencé à être fait par le pouvoir au cours de cette période. En d’autres termes, il s’agit de faire l’évaluation à mi-parcours afin de jauger les résultats de tout ce qui a été réalisé. A cet effet, il y a lieu de replacer cette esquisse d’évaluation dans son contexte socio-économique. En effet, tout le monde sait que le développement est à la fois un processus de changement social et culturel accompagnant la croissance du produit réel global et aussi un objectif, la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Or, dans de nombreux pays du tiers monde aujourd’hui, ce processus de transformation s’opère de façon douloureuse et les besoins essentiels sont loin d’être couverts. Malgré des progrès certains dans le domaine social au cours de ces dernières années, pauvreté et inégalité demeurent des traits dominants du sous-développement. Le Sénégal n’échappe pas à cette situation. C’est dans une telle contexture qu’un nouveau pouvoir a vu le jour au Sénégal et qui a été accueilli par l’état de situation catastrophique de l’économie. En effet, le pouvoir précédent, composé de mange-mil et de menthes religieuses, a ravagé tout sur son passage, à savoir les deniers publics, à travers la corruption, le bradage foncier, les tueries, les disparitions, bref une mise à mort de l’économie dans tous les domaines. Face à cette hécatombe, comment peut-on réaliser un bilan en un (1) an. Une telle question à propos de bilan de l’ancien pouvoir avait été posée à la figure emblématique du Pit, feu Amath Dansokho. Voici ce qu’il répondit : «Les problèmes sont tels que quiconque dit qu’en l’espace d’un an, on peut remettre le pays à l’endroit, raconte des histoires. Ce n’est pas possible. Les problèmes sont profonds. Comme un orfèvre, Abdoulaye Wade a créé une situation pour que personne en dehors du schéma qu’il a arrêté n’ait le temps de gouverner le Sénégal. Le Président Macky Sall travaille justement à trouver des solutions à remettre le pays sur les rails.» (L’As du mardi 14 mai 2013, pages 6 et 7). Au vu de cette prise de position, la question est de savoir est-ce que cette situation n’est pas la reproduction de celle à laquelle le pouvoir officiel fait face. Dans les deux cas, la différence réside dans le fait que contrairement au précédent, le pouvoir officiel a hérité d’une économie méphitique et ruinée. Comment, face à cette situation drastique et dramatique, peut-on demander un bilan au pouvoir officiel ou nier ce qui a été fait ? A ce niveau, il faut reconnaitre que le pouvoir officiel a commencé à bien faire et fixant les grands traits de sa politique économique et sociale. Ainsi, au regard de l’évaluation et du parcours à mi-chemin, il y a lieu de constater quelques avancées significatives, parmi lesquelles :
Le renforcement de l’Etat de Droit ;
La lutte contre la corruption ;
Une Journée nationale consacrée aux tirailleurs ;
Le lancement du Référentiel 2050 ;
Une gouvernance de rupture et de justice sociale ;
Le New deal pour un Sénégal souverain en économie numérique ;
Mise en place d’un Pôle financier et judiciaire ;
Lancement de coopératives productives et solidaires dont l’objectif est de créer des emplois pérennes, renforcer le tissu communautaire et favoriser une économie ouverte.
Au regard de tous ces projets, le Sénégal se dirige inexorablement vers un développement endogène et souverain.
En conclusion, il y a lieu de retenir que la situation de l’état des lieux, loin d’être globalement positive au sens brejnévien, a néanmoins un seuil de recevabilité acceptable.
Kossoro CISSOKHO
Docteur en Droit
Spécialiste en Administration Publique
Certifie de l’Institut International du Droit de Développement de Rome