L’annonce du Président Macky Sall qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle du 25 février prochain, continue de susciter beaucoup de commentaires et de controverses dans le pays et à l’étranger entre les émigrés. Il ne peut en être autrement compte tenu des circonstances dans lesquelles il s’est résolu enfin à mettre fin à ses hésitations. En effet, il ne l’a fait que suite à des troubles graves et des interventions venant de l’intérieur du pays et de l’étranger, puisque ces troubles, qui ont coûté très cher à notre pays tant en vies humaines qu’en biens matériels, ne pouvaient laisser personne indifférent.
Durant presque deux ans, cette situation a atteint un paroxysme qui fait dire que le Président n’avait d’autre choix que de déposer les armes et renoncer à sa tentative de forcer pour faire admettre sa candidature, une de trop, illégale par-dessus le marché, dont l’issue était prévisible.

Que cette annonce de sa décision de ne pas être partant pour sa propre succession le 25 février 2024 s’analyse comme une renonciation de participer ou une décision volontaire de dernière minute à se conformer à la Constitution, l’essentiel est qu’il a posé un acte très important, indicateur d’un retour à la raison très salutaire, mettant fin à la situation catastrophique de ni guerre ni paix, dont la raison, qui n’en vaudrait pas la peine, participe de l’acharnement contre le candidat déclaré, Ousmane Sonko, afin de le mettre hors d’état de pouvoir faire acte de candidature, par tous les moyens, y compris les plus injustes et les plus illégaux, pour ceux qui ne mettent pas de côté la vérité et s’en tiennent à des sources factices.

Mais quoi qu’il en soit, le Président Macky Sall peut être félicité d’avoir réussi à dompter ses pulsions personnelles et à résister à la poussée de certains de son entourage, qui risqueraient de projeter notre pays dans l’abîme et de ternir irrémédiablement son bilan, précisément en matière de démocratie et de respect des droits de l’Homme.

Il a dû être contraint de mener des combats ardus contre lui-même et contre certains de ses souteneurs, qui s’imaginent la chute vertigineuse de niveau de vie qui les attend, ne pouvant pas rêver d’une retraite dorée comme celle qui attend le pPrésident de la République. «Nguur neexna, jege buur itam.»

Il l’a fait avec succès, mais personne ne donnerait sa tête à couper qu’au départ il n’avait pas la même position que ses souteneurs sur cette question. Mais l’essentiel est qu’après avoir évalué lors de ses nuits blanches dont nous avions déjà parlé, non sans compassion, dues à ses hésitations à propos du fameux troisième mandat. Y participer ou ne pas y participer, la raison l’a emporté.

Mais s’en tenant strictement aux effets produits par cette décision quelque peu tardive, il est vrai, de Monsieur le Président Sall de s’effacer de la liste des candidats éventuels à la Présidentielle de février 2024, si aucun prétexte ne vient justifier un report de la date constitutionnelle de cet évènement attendu de pied ferme, on peut le féliciter en faisant table rase de ce qu’il aurait continué à faire ou à laisser faire de mal s’il avait persisté. C’est une première épine enlevée des pieds des Sénégalais. Rien que pour ça déjà, on peut le féliciter. Mais il n’est pas évident qu’il soit définitivement exclu que le tamisage forcené des candidatures n’aboutirait pas à raviver les braises qui couvent, si la sagesse et le réalisme en politique ne viennent pas sonner l’arrêt de toutes les causes à la base des troubles qui secouent le pays.

En tout cas, le souhait de tous les désintéressés, pour une paix définitive, est que ceux qui avaient dévié de la légalité ici ou là, qui ont quelque chose à se reprocher dans le sort qui continue à être celui des citoyens dont le seul tort est de se prononcer chaque fois que la pirogue tangue, et qu’ils estiment pouvoir mieux faire, se ressaisissent.

Que cela dépende d’un Conseil constitutionnel ou pas, relativement au cas Ousmane Sonko, en réalité, le Président Macky Sall, qui tient les pagaies de toutes les pirogues immatriculées Sénégal, peut trouver les solutions idoines, en agissant sur des leviers pour que lui-même laisse tomber et fasse laisser tomber certaines tentatives de culpabilisation d’adversaires politiques, à l’aide de décision de Justice, qui ne tiennent pas la route.

Pour que le Président Macky Sall dont le bilan général n’a rien à envier au bilan de ses prédécesseurs, ne se retrouve pas d’ici la fin de son mandat dans une position peu enviable, il convient de le prévenir et de l’inviter à éviter de se laisser rendre «fou» par l’exercice débridé d’un pouvoir sans borne.

Plus précisément, attirons son attention sur la manière digne de critiques de ses rapports avec la démocratie et les droits de l’Homme qui lui ferait perdre des points par rapport à ses prédécesseurs, au moment où personne ne s’y serait attendu.
Me Wagane FAYE