L’ex-maire de Dakar, oui disons ex-maire, Barthélemy Dias, a donc fait les frais de sa témérité politique face au pouvoir Pastef. Reconnaissons-le tout de suite, souvent le Sénégalais sait être à la fois ingrat et amnésique.

En effet, Barth’ a été en première ligne de tous les combats politiques pour la démocratie et la promotion des libertés au Sénégal, depuis le second mandat du régime Wade au moins.

L’affaire Ndiaga Diouf re­monte à 2011, à la veille de l’élection présidentielle, lorsque Wade et ses affidés envoyèrent des nervis (dont feu Ndiaga Diouf) pour attaquer et agresser l’édile de Sicap Mermoz… dans les locaux de son lieu de travail.

Dans son instinct de survie et pour se défendre, survint un terrible spectacle ! Barthélemy Dias dégaina son arme et tira à bout portant sur les intrus. Malheureusement, atteint mortellement, Ndiaga Diouf succomba à ses blessures. En Droit, cela ne s’appelle-t-il pas «légitime défense» ? Etait-ce un meurtre ou un délit ?

Eh oui, Wade avait politisé l’affaire et fit emprisonner rapidement Dias-fils.
A partir de ce moment, Macky Sall et toute l’opposition d’alors se dressèrent contre Wade. Ils avaient tous donné raison à Barth’ pour son droit à la légitime défense.

Survinrent, dès 2012, l’alternance démocratique et l’élection de Sall. Ainsi, l’une des premières décisions avait été de libérer l’enfant des Sicap de prison. Le deuxième acte a été de l’investir sur la liste nationale Benno bokk yaakaar pour faire de lui député en 2012, comme Khalifa Sall à l’époque.

Mais Khalifa et Barth’ étaient tous deux opposés à la dissolution du Ps dans Bby, un vœu de Tanor et compagnie en ce temps-là.

Alors Macky, de connivence avec Tanor, réactiva le dossier «Ndiaga Diouf» contre Barth’, en guise de représailles contre le téméraire jeune loup politique aux dents longues. S’ensuivit la destitution du député d’alors, Barthélemy Dias, pour lui enlever ensuite son immunité parlementaire et le livrer à d’interminables procès-jugements-condamnations…

Son mentor de ces durs moments, Khalifa Sall, aussi, avait subi le même sort, après qu’il refusa de cautionner la dissolution du Ps dans Bby.

A partir de ce moment, Macky activa la machine judiciaire pour avoir sa peau. Il fut destitué de son poste de député, puis condamné et emprisonné. Il perdit de facto ses droits civiques et politiques. Khalifa Sall sera plus tard révoqué de son poste de maire de Dakar.

Cet acte sonnait clairement comme une vengeance politique de la part de Macky contre Barth’ et Khalifa.

En 2022, arriva le rapprochement entre Pastef et Taxawu Senegaal pour former, avec d’autres partis politiques, la Coalition Yewwi askan wi, qui fit un résultat sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal en empêchant la majorité absolue aux Législatives au pouvoir en place.

Macky eut 82 députés et Yaw 81. Ce scénario fut inédit ! Il a fallu que Pape Diop trahisse Yaw au profit de Macky pour voir Bby s’adjuger 83 sièges et Yaw 80. Khalifa Sall était le président de la Conférence des Leaders de Yaw.

Avant les Législatives, Yaw avait mené les élections locales en 2022 et Sonko avait désigné et soutenu la candidature de Barth’ pour la mairie de Dakar, au détriment de Soham War­dini, choix timide de Kha­lifa.

Après son élection, Sonko avait alerté que Macky envisageait de révoquer Barth’. Et Sonko avait tenu une mise en garde sévère à Macky que s’il s’aventurait à destituer Barth’ de son poste de maire sur le dossier Ndiaga Diouf, il trouverait Pastef sur son chemin.

Aujourd’hui, la donne a immédiatement changé. Un scénario triste se joue sous nos yeux. Ceux qui criaient hier au scandale concernant une éventuelle radiation de Barth’ ont eux-mêmes radié Barth’ de ses postes de député et de maire élu.

Au-delà, nous pouvons constater à la limite une défaillance indescriptible de notre système judiciaire à l’ère du Jub-Jubal-Jubanti qui devait invalider la candidature de Barth’ en amont, lors de la phase de dépôt des listes de députés avant la campagne, alors que même le plus petit des Sénégalais savait que s’il était déclaré inéligible, rien ne se serait passé. Le vin du Conseil constitutionnel était donc déjà tiré. Pastef devait le boire jusqu’à la lie pour la sauvegarde de nos acquis démocratiques.

Même si Barth’ et Khalifa avaient trahi Pastef et Yaw une fois élus, cela ne devrait pas être un motif sérieux pour activer la machine judiciaire, comme Macky avait fait contre Barth’ et Khalifa dès qu’ils avaient exprimé leur volonté de garder leur identité et l’héritage politique du Ps en refusant d’être dissous dans Bby.

La diversité ethnique et culturelle du Sénégal nous donne une leçon éloquente que nous sommes condamnés à vivre ensemble malgré notre polychromie qui est source d’une immense richesse. Le parti politique qui comprendra cela sera le parti qui aura la plus longue durée de vie.

Telle est notre analyse du cas Barth’. Nous trouvons qu’il est victime du régime Pastef, comme il l’a été sous Macky, et aussi sous l’ère Wade d’où est parti tout ce feuilleton.

Politiquement, ce qui se passe n’aura aucune valeur ajoutée pour Pastef qui ne fera que perdre un capital sympathie aux yeux du Peuple.
Mamadou Biguine GUEYE – Journaliste Consultant en Communication