Et l’Etat resta debout !

Nous ont-ils autant abalourdis depuis 2021 une fois que leur mentor eût fini de fréquenter Sweet Beauté et de tomber si honteusement sous les soieries intimes et les foudres judiciaires de Adji Sarr ?
Quelle est cette quotité d’étourdissement, de manque de lucidité et de discernement qu’ont-ils si malicieusement inoculée dans les gènes du Peuple, de mon Peuple, pour le rendre si amorphe et peu enclin à la réflexion ?
Nos universitaires -pour la haine d’une seule personne- sont devenus boiteux, bancals, hideux, effroyables dans l’analyse, et puis coulant dans les eaux troubles de la partialité outrée et démesurée. Nos hommes de presse s’effacèrent, s’agenouillèrent déraisonnablement au profit de pouilleux chroniqueurs adeptes d’éditoriaux lugubres, sordides et cauchemardesques, et qui sont loin de la recherche de la vérité ; cette vérité qui, elle seule, peut éclairer un peuple qui cherche à comprendre ce qui lui arrive. Notre jeunesse, envoûtée par un discours incendiaire et populiste qui lui ouvre la voie au suicide et à l’incivisme notoire, lourdaud, balourd et grossier, se dresse contre son propre pays. Notre Société civile (Astaghfiirullah), jadis très alerte, ratatinée comme peau de petit reptile longtemps exposée aux rayons ardents d’un soleil de midi sous les tropiques, elle, porte la robe de l’avocat défenseur. Dieu du ciel, que nous est-il arrivé ?
Pourtant, nous avons vu la bête venir inexorablement, tissant ses tentacules venimeuses et toxiques autour de notre société, étouffant petit à petit notre volonté commune de vivre en paix et en harmonie, cassant les ressorts où reposent les atours de notre République ; infiltrant traitreusement les arcanes de notre Etat central.
Pourtant nous l’avons vue ou sentie venir, cette hideuse bête : elle bafouait notre foi et notre façon d’adorer Dieu en infiltrant méthodiquement nos grandes familles maraboutiques, elle vilipendait et faisait insulter nos dignes et respectables magistrats, offensait et jetait à la vindicte populaire nos républicains généraux et les braves Fds, tournait en bourrique nos institutions en trainant dans la boue à chaque occasion l’homme qui les incarne jusqu’ici. Il ne restait plus rien de nous, de notre pays, de notre beau Sénégal.
Comme des taupes peureuses, nous avons -à l’exception de peu de monde- tous plié l’échine : évitant les insultes, les menaces et autres intimidations d’un conglomérat fait de la vulgaire chienlit qui occupe les réseaux sociaux et la rue. Le Sénégal de la raison, de la mesure et du progrès donna place à celui du populisme abject, du mensonge démolisseur et de la manipulation abêtissante. La déification d’un saltimbanque impudique, d’un gourou inculte, d’un mythomane schizophrène envahit l’espace public en tuant tout discours raisonnable. Le peu de monde qui ose défendre encore les principes de la République, est balancé dans la géhenne de l’intimidation et des menaces. L’ennemi du pays devient héros national : chanté en toute occasion, dans la presse (des groupes de presse deviennent sa caisse de résonance), dans les chaumières et dans les administrations : on lui ouvre béat les cœurs, on ferme délibérément les yeux sur ses errements et on se délecte goulument de ses discours intempestifs, inconvenants, fétides et pestiférés.
Il est sauveur d’un Peuple aux abois dit-on ; un Peuple qui croupit encore sous le joug d’une France coloniale qui refuse de «dégager», il est espoir d’un continent riche de son sous-sol qu’il doit se réapproprier, il est plus grand que Nkrumah, que Mandela, il est né et a grandi immaculé, il est tout juste «mu sell mi». Il est le «Messie» que le Sénégal et l’Afrique attendaient pour enfin émerger tel un iceberg et rayonner comme «Râ» le Dieu-Soleil des antiques Egyptiens.
Que l’on détruisit le Ter, le Brt, les Auchan et les stations Total du pays (envoyant du coup des centaines de «goorgoorlu» au chômage), le gourou ne fait que se défendre d’un complot ourdi au sommet de l’Etat contre lui. Que l’on brûle l’Université, les écoles et les collèges, le grand monsieur a le droit et le devoir de défendre la démocratie déconsolidée par le parti au pouvoir et son chef. Que l’on anéantisse à jamais les investissements publics et privés du pays, que l’on assassine dans des actions terroristes des citoyens, que l’on appelle au meurtre du Président et au vol dans les domiciles des dignitaires du régime, le nouveau Sankara ne fait que décliner une nouvelle vision salvatrice de nos deniers publics. De toutes les façons, une horde de cagoulards trouvera toujours les moyens de lui trouver excuse, motivation et légitimité (ana Aliou Tine ak Seydi Gassama waay ?).
Heureusement que le président de la République eût du répondant ; et l’Etat est resté debout avec lui.
L’Etat et la République furent un : à la défiance, ils opposèrent l’endurance ; à la violence du geste et du verbe, ils apportèrent patience et méthode.
Le pouvoir de la désobéissance civique peut effectivement griser pendant un laps de temps, mais il finit toujours par s’étioler comme fleur au soleil. On ne sort pas délibérément des ornementations de la République et des atours de l’Etat et venir demander à jouir des avantages que la République et l’Etat garantissent aux citoyens modèles. Quel est ce «anti-système» qui combat un «système» et qui demande à bénéficier des facondes de ce même système ?
Le terrorisme (dans toutes ses facettes) ne paie pas ; il conduit à la mort de l’âme et à la destruction du corps. Le seul trophée qu’il sait gagner, est le fond sombre d’une fétide cellule à la prison. Et le tout sans que le Sénégal ne brûlât, comme l’a toujours prédit un monsieur bien connu de chez nous.
Merci monsieur le Président, sa taxawaay rafet na. Cey bu nu la amul woon ?
Amadou FALL
IEE à Guinguinéo
Zemaria64@yahoo.fr