Et si nous stimulions les performances scolaires autant que nous les célébrons au Sénégal !

A l’issue des examens scolaires, les cérémonies organisées pour célébrer les meilleurs élèves se démultiplient à travers le Sénégal, popularisées par des femmes et hommes politiques, mais aussi des citoyens ordinaires, soucieux d’honorer les jeunes prodiges issus de leur propre communauté. Assurément, il convient de magnifier cette tradition dans la mesure où elle contribue à récompenser les élèves les plus méritants, tout en incitant les autres à améliorer leurs résultats scolaires.
Cela dit, investir en amont dans l’éducation et la formation des enfants aurait probablement des retombées plus importantes en termes d’impact sur les performances scolaires. En effet, de tels investissements qui sont menés ex-ante ont l’avantage d’impacter positivement les résultats scolaires qui sont célébrés ex post. Sur ce front, il est cependant à regretter que les actions entreprises par la plupart des acteurs non-étatiques se limitent généralement à offrir quelques cahiers et stylos aux élèves à l’occasion de cérémonies surmédiatisées, organisées à la veille de l’ouverture des classes. Bien que cette pratique soit certainement bénéfique à certains élèves, particulièrement ceux qui sont issus de familles défavorisées, il n’en demeure pas moins que son impact réel reste marginal sur leur épanouissement intellectuel et leurs performances scolaires.
En revanche, mener des actions concrètes visant à améliorer le cadre scolaire, communautaire et social dans lequel les enfants évoluent aurait potentiellement un impact plus transformateur. Même si l’Etat a indubitablement une importante responsabilité en ce sens, tout citoyenne ou citoyen a également le devoir civique et moral d’apporter sa contribution à cet édifice au profit de nos générations futures, gage d’un développement social et communautaire plus équitable, inclusif et harmonieux. Cette contribution n’est pas nécessairement d’ordre financier, elle peut par exemple simplement revêtir la forme d’un engagement citoyen par lequel chaque individu initie les actions qu’il ou elle juge opportunes en fonction de ses propres ressources et capacités.
A Bargny, un petit groupe de citoyens réunis sous la bannière de l’Association Sunu Bibliotech a pu mettre à la disposition de la communauté une médiathèque moderne, en mobilisant auprès des mécènes et de quelques sociétés privées de la place des dons en nature et en espèces valorisés à plus d’une centaine de millions de francs Cfa. Cette réalisation a été facilitée par des partenariats stratégiques qui ont été conclus, y compris avec la commune, mais aussi l’adoption d’un cadre de gestion financière transparente et le recours à Grant Thornton, un cabinet d’audit de notoriété internationale, pour la certification des comptes de l’association. La médiathèque de Bargny, Abasse Ndione, cultive le goût de la lecture auprès des élèves et étudiants de Bargny et des villes environnantes en mettant à leur disposition des milliers de ressources documentaires et numériques. Elle a appuyé les candidats au Bac, en organisant des séances de révision animées par des professeurs. Dans le même temps, ses usagers tirent profit de diverses autres activités éducatives, culturelles et récréatives organisées par la médiathèque.
Il ne faut point se faire d’illusions : II va de soi que les cérémonies destinées à récompenser les élèves méritants continueront certainement de proliférer, notamment au vu de leurs coûts budgétaires relativement limités. Et cela n’est pas forcément une mauvaise chose même si l’intention réelle de nombreux organisateurs est plus d’en tirer un bénéfice personnel que d’honorer les jeunes prodiges.
Mais il faut juste espérer que davantage d’initiatives citoyennes réellement motivées par l’intérêt primaire des élèves fleuriront à travers le pays et viseront à stimuler les performances scolaires de nos enfants au moins autant qu’elles sont célébrées. Un tel changement de paradigme s’avèrerait salutaire pour nos valeureux élèves qui ne demandent qu’à disposer d’un cadre scolaire et extra-scolaire favorable à leur épanouissement intellectuel. Personnellement, je crois que l’optimisme est de mise, particulièrement au regard de la pluralité des actions citoyennes déjà menées en ce sens et des nombreuses structures associatives à travers le Sénégal et la sous-région qui se sont rapprochées des membres de l’équipe de Sunu Bibliotech pour répliquer des initiatives similaires à la leur dans leur propre collectivité.
Daouda SEMBENE – Président de Sunu Bibliotech
http://www.sunubibliotech.org/
info@sunubibliotech.org