L’état de santé de Ousmane Sonko est «préoccupant», fait savoir son avocat Me Ciré Clédor Ly. La robe noire appelle à une «décrispation de cette situation». Une chose que partage Alioune Tine d’Afrikajom center, qui demande une prise de «décision urgente» pour éviter de mettre «en danger la vie» de Sonko. Non sans affirmer que la Justice «sait comment procéder pour éviter au pays des situations aux conséquences imprévibles sans perdre la face».Par Malick GAYE – 

Ils sont des conseils du leader du parti dissous Pastef. Mes Ciré Clédor Ly et Khoureychi Ba assurent le service de communication. Me Ciré Clédor Ly envoie régulièrement des bulletins d’informations concernant leur client Ousmane Sonko. Qui est en grève de la faim et hospitalisé à l’hôpital Principal, et qui a une santé «préoccupante». C’est en substance ce que relèvent les livraisons de ce mardi 15 août de ses conseils respectifs. «Son état se détériore de plus en plus, et c’est d’autant plus préoccupant qu’il avait été envisagé de le sortir de l’hôpital la journée du lundi 14 août, alors que cliniquement il était plus mal portant que lorsqu’il a fallu organiser sa prise en charge par un hôpital de la place», lit-on dans la note du mardi publiée par Me Ciré Clédor Ly.
Pour Me Ly, il est temps de se «ressaisir, de décrisper cette situation, qui détruit un peuple qui ne le mérite pas. Une situation qui décrédibilise les institutions, cultive et entretient la haine et le ressentiment». Car, estime la robe noire, «la raison a déserté les esprits, la loyauté, les plumes d’hommes de lois. Les cœurs se sont endurcis et des hommes se prennent et se comportent comme des dieux, oubliant la précarité de tout pouvoir et de toute âme qui vit».
Me Khoureychi Ba, un autre conseil de l’opposant, parle, de son côté, d’un patient dont les «forces déclinent à vue d’œil». Une situation qui «n’amenuise en rien les aptitudes à la résistance d’un homme, qui n’est nullement perturbé par la situation ainsi créée». L’avocat indique que Ousmane Sonko «n’en continue pas moins de puiser jusque dans ses dernières réserves pour tenir». «En cela, il ne défie personne, il exerce son droit naturel d’exiger le respect de l’inviolabilité de sa dignité intrinsèque d’homme. Et son droit d’arracher la cessation du honteux harcèlement dont il est sans cesse l’objet», poursuit Me Ba.
La robe noire soutient aussi que «Ousmane Sonko mène une lutte intérieure farouche au moment où le cœur de la Nation bat la chamade».

Alioune Tine pour une «décision urgente»
Cette situation décrite par l’avocat a fait réagir. Alioune Tine d’Afrikajom Center s’est fendu d’un tweet pour appeler à une prise de «décision urgente» pour éviter de «mettre en danger sa vie». Pour le droit-de-l’hommiste, «ce pays a besoin de paix, de stabilité et surtout de réconciliation par le dialogue et la concertation». «Les informations qui me parviennent de proches de Sonko, de ses avocats, et même de médecins sur l’etat de santé de Ousmane Sonko, sont très préoccupantes et pourraient, si des décisions urgentes ne sont pas prises, mettre en danger sa vie. Il faut libérer Sonko et les détenus politiques pendant qu’il est encore temps», a-t-il fait savoir.
C’est le même son de cloche du côté de Seydi Gassama. Le directeur d’Amnesty Interna­tional, section Afrique de l’Ouest, estime qu’après «les nombreux morts par balle lors des manifestations, le pays pourrait connaître des décès de détenus suite à des gréves de la faim (…) La Justice sénégalaise sait comment procéder pour éviter au pays des situations aux conséquences imprévibles sans perdre la face. Elle l’a fait pour remettre en liberté Me Juan Branco qui était poursuivi pour quasiment les mêmes infractions».
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