Par moment troublé, Barack Obama a exhorté mardi soir depuis Chicago les Américains à être des acteurs du processus démocratique alors qu’il s’apprête à céder la place à Donald Trump le 20 janvier.

Sous un tonnerre d’applaudissements, Barack Obama a conclu son discours d’adieu, dans la soirée du mardi 10 janvier, par un «Yes we did» («Oui, nous l’avons fait»), allusion à son célébrissime slogan de campagne «Yes we can».
«La démocratie peut flancher lorsque nous cédons à la peur», a-t-il mis en garde depuis Chicago, terre de sa fulgurante ascension politique où il avait célébré, il y a huit ans, son accession à la Maison Blanche.
«Notre démocratie est menacée à chaque fois que nous la considérons comme acquise», a-t-il insisté, soulignant que la Constitution américaine, «re­mar­quable cadeau», n’avait aucun pouvoir en tant que telle.

La race, un sujet qui divise
Les tempes blanchies et le visage émacié par huit années à la tête de la première puissance mondiale, le premier Président noir de l’histoire des États-Unis, âgé de 55 ans, a aussi appelé à l’unité. Car la question raciale reste «un sujet qui divise» en Amérique, a-t-il dit.
«Tous ensemble, quel que soit notre parti, nous devrions nous attacher à reconstruire nos institutions démocratiques», a-t-il martelé.
Le Président sortant a insisté sur «le pouvoir des Américains ordinaires comme acteurs du changement» devant près de 20 000 personnes rassemblées au cœur de cette ville de l’Illinois (nord) où il a rencontré sa femme et où ses enfants sont nés.
Les billets – gratuits – pour assister à ce dernier discours s’étaient arrachés dès samedi à l’aube devant l’immense centre de conférence «McCormick Place» où des centaines de personnes avaient fait la queue dans un froid polaire en espérant obtenir le précieux sésame.

Réconforter sa famille politique
Barack Obama a par moments tenté de réconforter sa famille politique, toujours sous le choc de l’élection surprise de Donald Trump, en vantant les progrès accomplis et sa confiance intacte en la capacité de progrès de la société américaine.
«La première fois que je suis venu à Chicago, j’avais un peu plus de 20 ans, j’essayais de comprendre qui j’étais, j’étais à la recherche d’un but dans ma vie», a-t-il lancé devant une foule enthousiaste.
«C’est ici que j’ai appris que le changement ne se produit que si des gens ordinaires s’impliquent, s’engagent et se rassemblent pour l’exiger. Après huit ans de présidence, j’y crois toujours !»
Dans la «vie d’après», Chicago, où la famille Obama possède toujours une maison, jouera un rôle central pour le président sortant puisqu’elle accueillera sa bibliothèque présidentielle et sa fondation.

Mises en garde
Si Barack Obama n’a jamais cité le nom de celui qui lui succédera le 20 janvier dans le Bureau ovale, il a lancé quelques mises en garde à son attention, en particulier sur le réchauffement climatique.
«Nous pouvons, et devons, débattre de la meilleure approche pour s’attaquer à ce problème», a-t-il affirmé.
«Mais simplement nier le problème revient non seulement à trahir les générations futures, mais aussi à trahir l’esprit d’innovation et de recherche de solutions qui ont guidé nos fondateurs», a-t-il ajouté.
C’est à quelques kilomètres de là qu’il avait pris la parole au soir de sa première victoire, le 5 novembre 2008, à Grant Park, immense jardin public coincé entre le lac Michigan et des gratte-ciels.
«Si jamais quelqu’un doute encore que l’Amérique est un endroit où tout est possible, (…) la réponse lui est donnée ce soir», avait-il lancé devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le froid.

Hommage à Michelle Obama  et ses filles
Barack Obama a laissé échapper une larme lorsqu’il a rendu hommage à sa femme, Michelle : «Depuis 25 ans, tu as non seulement été ma femme et la mère de mes enfants, mais aussi ma meilleure amie», a-t-il lancé.
Il a longuement salué ses deux filles, en l’absence remarquée de la plus jeune, Sasha, 15 ans (la Maison Blanche a assuré par la suite qu’elle était restée à Washington en raison d’un examen scolaire matinal) : «De tout ce que j’ai fait dans ma vie, ma plus grand fierté est d’être votre père».
À l’heure du départ, Barack Obama bénéficie d’une solide cote de popularité. Selon un sondage Quinnipiac University publié quelques heures avant son discours, 55% des électeurs approuvent son action à la présidence, soit son score le plus élevé depuis sept ans).
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