Étude – Amélioration de la Fonction publique : Dakar étudie le modèle français

Avec les nouveaux outils numériques comme l’Intelligence artificielle, l’Administration est obligée de s’adapter. Entre la France et le Sénégal, on tente de trouver les moyens d’échanger les procédés pour améliorer la Fonction publique.Par Justin GOMIS –
Dans le cadre de la coopération entre le Sénégal et la France, le ministère de la Fonction publique a organisé, hier, un séminaire interministériel portant sur le thème : «Quel modèle de Fonction publique, regards croisés Sénégal et France.» Le but est de voir les bonnes pratiques des deux pays. «L’objectif général de cet atelier est de partager, d’échanger et de croiser les expériences sur les modèles de Fonction publique et aussi sur l’évaluation des performances de l’agent pour un service public de qualité. Cela permettra à la partie sénégalaise de présenter l’état de ses réflexions en la matière et aussi à la partie française de partager son expérience en termes de reformes de son modèle de Fonction publique», indique Balla Mandiang, Conseiller technique du ministre de la Fonction publique. Selon Mme Nathalie Collin, Directrice générale de l’Administration et de la Fonction publique en France, il sera question «d’un échange entre les autorités françaises et sénégalaises sur le modèle français de Fonction publique, pour voir ensemble comment il évolue, quels sont les enjeux auxquels il est confronté et quelles sont les réponses que nous pouvons apporter ensemble, en échangeant sur nos bonnes pratiques, nos interrogations et nos perspectives d’évolution».
Que faire avec l’Ia ?
Pour elle, l’Intelligence artificielle est l’un des défis majeurs pour cette évolution. «Je ne suis pas tout à fait sûre qu’on l’ait vu venir, et elle se développe à une vitesse absolument incroyable. Et donc, si on n’essaie pas de prendre en compte cette évolution dans nos pratiques, elle va nous déborder parce que ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que les agents publics, par exemple en France, utilisent déjà l’Intelligence artificielle dans leurs pratiques professionnelles, dans leur vie professionnelle», informe Mme Collin. Elle ajoute : «Il faut qu’on soit en mesure de leur dire en quoi cette situation est bénéfique, ce qu’elle peut apporter, ce sur quoi il faut qu’on soit attentifs, parce que la Fonction publique, ce n’est pas n’importe quelle activité. Il y a un certain nombre de valeurs à respecter, de principes qu’il faut vérifier quand on a recours à ce type d’outil. Et tout ça, c’est au cœur de nos problématiques, parce que l’Intelligence artificielle, c’est une évolution qui est sociale, pas seulement professionnelle.»
Avec l’utilisation de l’Intelligence artificielle, tout change. «Il faut qu’on ait en même temps suffisamment de recul pour pouvoir dire quel est le meilleur cadre dans lequel elle peut se déployer», note Mme Collin. Sans oublier la problématique de la transition écologique. «Ça peut être très différent. Ça peut être d’abord ce qu’on a déployé en France tout au long de l’année dernière, une formation obligatoire aux enjeux de la transition écologique pour tous les cadres supérieures de l’Etat. On a formé 25 000 cadres de l’Etat au niveau central en France, à l’étranger, dans les ambassades, aux enjeux de la transformation écologique. C’est important que l’on puisse tous déjà partager ces enjeux, pour ensuite former les autres cadres de l’Etat, pas seulement les cadres supérieurs», dit Mme Collin.
Par ailleurs, la France ne se limitera pas à ces défis. «Il y a la réflexion du comment, dans la vie quotidienne des agents publics, on prend cette dimension aussi comme aide au meilleur moyen de transport, quelles indemnités à donner pour couvrir les frais de transport en commun, l’aide au covoiturage. Il y a aussi des réflexions sur les enjeux budgétaires et de la transition écologique», ajoute la fonctionnaire française.
Le Sénégal considère cette rencontre comme une opportunité pour pouvoir améliorer sa Fonction publique.
«Leur expérience peut nous permettre d’adresser ces mêmes questions selon notre contexte et peut-être d’entamer la nouvelle réforme du droit de la Fonction publique que le ministère a débutée depuis quelques années», expose Ndèye Awa Diop Ndiaye, directrice de la Gestion des carrières au ministère de la Fonction publique et de la réforme du service public.
Aujourd’hui, les choses bougent avec l’intégration des outils informatiques dans la Fonction publique. «Oui, les contextes changent avec des initiatives et des nouveautés», souligne Mme Ndiaye, qui en veut pour preuve l’Ia, qui vient bouleverser un peu le mode de fonctionnement de l’Administration. «C’est un impératif actuellement. L’Ia est prise en compte dans toutes les initiatives dans l’Administration. C’est le cas déjà avec le New deal que le Président a lancé il y a quelque temps.
L’Ia est au cœur de toutes les initiatives de l’Administration, et forcément de la Fonction publique. Déjà, avec la digitalisation des procédures qui entre dans le cadre de la modernisation de l’Administration, toutes les administrations sont obligées aujourd’hui de simplifier et digitaliser les procédures, et l’Ia vient en appui pour améliorer davantage le travail», fait remarquer Mme Ndiaye.
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