Le manque à gagner causé par la corruption sur les 12 mois précédant mai-juin 2016 s’élève à 118,44 milliards de francs Cfa, selon les résultats de l’étude sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal. Soit un taux de corruption de 14,1%. Et la région de Diourbel est la région la plus touchée par le fléau.

La corruption a coûté au Sénégal durant les 12 mois précédant mai-juin 2016, 118,44 milliards de francs Cfa, révèlent les résultats de l’étude sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal. Ladite étude a porté sur les secteurs privés et publics tous corps confondus, sur les députés, sur la justice et le grand public. Le cabinet Syn­chronics, auteur de l’étude, a travaillé sur un échantillon de 2326 personnes réparties sur l’ensemble des quatorze régions du Sénégal durant les 12 mois précédant mai-juin 2016.
Les résultats, qui ont fait l’objet de partage hier, ont montré que la corruption est un phénomène bien connu au Sénégal, selon 99% des enquêtés et bien rependu d’après 91% des interrogés. Aussi, 93% des Sénégalais disent connaitre la pratique. «95,3% dans le grand public et 61,7% chez les professionnels attestent la présence de la corruption dans leur environnement immédiat», selon le rapport présenté hier par Amadou Niang, membre de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et ancien ministre du Commerce sous le régime de Abdoulaye Wade. Le secteur public est perçu comme celui où les cas de corruption sont les plus nombreux d’après (93%) des interrogés.
La sécurité publique (police et gendarmerie 95,9%), la santé (29,2%) et l’éducation (26,1%) sont les sous-secteurs du public les plus touchés par le phénomène là où les riches ou les nantis, les fonctionnaires et acteurs politiques sont considérés comme étant les corrupteurs.
Aussi selon les résultats de l’enquête, les usagers/clients (78,3%) sont les plus prompts à faire des propositions de corruption que les agents du public et du privé (6,5%) ainsi que ceux dans les collectivités territoriales (2,2%).

Diourbel, région plus touchée par la corruption
L’étude a montré également, que 26,1% des prestataires de services sont dans des dispositions à faire des offres de corruption. La tentative (25,7%) dans le grand public, est plus importante en milieu urbain avec 27,7%, et que les hommes sont plus corruptogènes. Selon l’étude, 1/4 des Sénégalais est exposé à la corruption. Cependant, la région de Diourbel est la plus corrompue avec 19,4%, suivie de celle de Sédhiou avec un taux de 19%, puis de Kédougou, 17,7%. La région où le fléau est moins développé est celle de Saint-Louis, qui se retrouve avec un taux de 6,5%. L’abondance de la pratique à Kédougou s’explique par l’importance des activités informelles, alors qu’à Sédhiou, la corruption se justifie par l’enclavement de la zone et la pauvreté qui la rendre encore plus vulnérable.
Les analphabètes paient plus des pots-de-vin que les personnes instruites. Toutefois, 80% des tentatives de corruption sont acceptés dans le privé avec comme nature de corruption 85% en numéraire.
Les résultats de l’étude ont relevé en outre que les pots-de-vin demandés s’élèvent à 95 mille 406 francs Cfa par personne, alors que le montant perçu par des personnes ayant cédé à la corruption est de 100 mille 877 francs Cfa par an et par personne.

14,1% de taux de corruption au Sénégal
Aussi, le Sénégal a un taux de 14,1% de corruption. La tranche d’âge la plus encline à la pratique est comprise entre 35 et 50 ans. «C’est l’âge la plus active dans l’économie», a expliqué Amadou Niang. Le taux de corruption est plus élevé chez les hommes que chez les femmes, même si ces dernières paient un peu plus que les hommes. La corruption est plus importe en milieu rural à cause de la pauvreté qu’en milieu urbain, alors que la tentative est plus importante en milieu urbain qu’en milieu rural.
Mais l’enquête n’a pas déterminé le coût social de la corruption qui, selon Amadou Niang, a des conséquences beaucoup plus importantes pour la société et touchent principalement des personnes les plus vulnérables et accentuant leur vulnérabilité.

La pauvreté, une des causes de la corruption
Les causes de la corruption sont entre autres, le manque d’éthique (72,8%), la pauvreté (54,7%), la faiblesse des salaires (27,2%) et l’ignorance (18,7%). Les formes de corruption les plus courantes sont le fait de donner des cadeaux ou de l’argent en période électorale, donner des fonds publics à des partisans, donner des pots-de-vin à des personnes mal rémunérées. Se­lon les enquêtées, l’Etat (71,7%) et les citoyens (53%) constituent les principaux acteurs. Seule­ment 22% des sénégalais con­naissent l’existence d’organismes de lutte contre la pratique et parmi eux, 87% connaissent l’existence de l’Ofnac alors que 34% seulement sont satisfaits du travail de cette institution.
ksonko@lequotidien.sn