Le Comité de pilotage du Projet de gestion intégrée des inondations au Sénégal (Pgiis) s’est réuni, le 17 novembre dernier, pour la validation des résultats d’activités liées à la cartographie des zones d’inondation. Conformément à la composante 1 du projet relatif à l’amélioration de la connaissance des risques d’inondation, l’objectif visé à travers cette cartographie, est de rechercher des solutions appropriées pour mieux développer la prévention des risques et partant, les réponses opérationnelles efficientes aux inondations.Par Pape Moussa DIALLO  –

Les fortes précipitations enregistrées par le Sénégal lors de l’hivernage précédent et les dégâts qui ont été occasionnés ne laissent pas indifférent le gouvernement. Après avoir déclenché le Plan Orsec pour voler au secours des sinistrés, il continue à esquisser des solutions structurelles à ce problème, qui risque de s’aggraver à cause des changements climatiques. Il y a quelques jours, les résultats de la cartographie des zones inondables au Sénégal ont été validés au cours d’une réunion du Comité de pilotage du Programme de gestion intégrée des inondations au Sénégal (Pgiis). Ces travaux vont permettre de trouver des solutions appropriées pour mieux développer la prévention des risques d’une part, et d’autre part, les réponses opérationnelles efficientes aux inondations. A en croire Mamadou Alpha Sidibé, directeur de la Prévention, de la gestion des inondations, par ailleurs coordonnateur du projet, l’objectif du comité est de valider les rapports relatifs à «l’état des lieux, l’analyse préliminaire des inondations aux Sénégal avec la production de l’Atlas des zones inondables à l’échelle nationale (voire départementale avec l’échelle du 1/150 000 et même du 1/ 50 000 pour certaines localités)». Toujours à en croire M. Sidibé, des activités ont permis de «produire des données finies et précises sur 100 km2 pour une population qui représente la valeur relative de 55% de la population totale». «Le type de carte de risques d’inondation va servir à indiquer les conséquences sociales, économiques et environnementales des collectivités territoriales lors d’une inondation potentielle», conclut-il.

Venu présider la réunion, le ministre de l’Eau et de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, n’a pas manqué de revenir sur les efforts consentis par l’Etat du Sénégal dans la prévention et la gestion des inondations. Nonobstant ces mesures, l’ «hivernage 2022 a particulièrement marqué les esprits avec des pluies exceptionnelles qui ont entraîné des pertes en vie humaine, des coupures de route, la destruction de superficies importantes de cultures et l’envahissement de concessions par les eaux dans plusieurs localités, entraînant des déplacements de populations». Selon le ministre de l’Eau et de l’assainissement, la hausse des précipitations «se traduit par une plus grande fréquence des jours de très fortes pluies (>20 mm) ainsi qu’une augmentation annuelle des cumuls journaliers». Au regard des constatations et de l’état des lieux, le Pgiis s’est doté de données topographiques précises et homogènes à l’échelle nationale (Mnt Vricon), ainsi que d’un référentiel hydrologique de pluie et de débit basé sur des données récentes et homogènes à l’échelle du pays. Grâce à ces éléments, enchaîne M. Thiam, «une cartographie des zones inondables a pu être produite à l’échelle nationale (voire départementale) et est appelée à devenir un outil-clé d’aide à la décision pour la réalisation du Plan décennal national d’évaluation et de gestion des risques d’inondation 2023-2033».

Les zones les plus exposées aux risques d’inondation ont été identifiées et hiérarchisées lors de cette analyse nationale. Elles ont fait l’objet d’une campagne d’acquisition de données topographiques d’une précision inédite au Sénégal. Il s’agit du triangle Dakar-Tivaouane-Joal, de Diourbel-Touba, de Matam-Ourossogui, de Kaolack-Kaffrine, Tambacounda, Kédougou et Kolda, pour un total de 10 000 km2 sur lesquels il a été mené une campagne d’acquisition aérienne combinant une prise de vue à 5 cm et un relevé Lidar dense (8 points au moins par m2). A en croire Serigne Mbaye Thiam, le niveau de connaissance affiné du risque d’inondation permettra de «disposer, désormais, d’outils nécessaires pour définir des mesures d’atténuation du risque adaptées au contexte particulier d’un quartier ou d’une parcelle».

Pour rappel, afin de renforcer la résilience des populations, le gouvernement du Sénégal a initié, avec le concours de l’Agence française de développement (Afd) et du Fonds vert pour le climat (Fvc), le Projet de gestion intégrée des inondations au Sénégal (Pgiis) qui s’appuie sur une approche scientifique et institutionnelle de gestion des inondations urbaines à l’échelle locale et nationale qui va au-delà de la réalisation d’infrastructures, afin de trouver une réponse plus durable à la gouvernance des inondations. D’un montant de 6 millions 096 mille euros, le ministère de l’Eau et de l’assainissement assure la maîtrise d’ouvrage du Pgiis et une cellule de gestion du projet a été mise en place et logée à la Direction de la prévention et de la gestion des inondations (Dpgi). Le projet s’articule autour de 4 composantes que sont : l’amélioration de la connaissance du risque d’inondation, la réduction de la vulnérabilité des territoires au risque d’inondation, la prévention du risque d’inondation et enfin, le renforcement de la gouvernance du risque d’inondation.