Les jeunes garçons sont plus vulnérables aux violences que les jeunes filles, selon les résultats d’une étude réalisée dans les communes des Hlm et Médina Gounass. Les adolescents sont aussi plus enclins à commettre des violences que les adolescentes. Le cadre de vie, la maltraitance et la déscolarisation sont, entre autres, les facteurs qui expliquent cette situation.
Bien que la gent féminine soit considérée de manière générale comme plus vulnérable face aux situations de violences, les jeunes garçons en sont les premières victimes. D’après les résultats d’une recherche sur la «Violence chez les jeunes» dans les communes des Hlm et Médina Gounass, si 16,7% des femmes sont victimes de violences physiques, ce pourcentage est de 24,5% chez les garçons. C’est pareil pour les violences verbales avec 40,3% pour les filles contre 43,2% pour les garçons.
Concernant les violences sexuelles, la recherche fait état de 3,3% pour les filles contre 4,5% pour les garçons, alors que les atteintes aux biens donnent 41,8% pour les filles contre 46,5% pour les garçons.
Ces derniers sont aussi en première ligne pour ce qui est des acteurs de violences avec respectivement 4,2% pour les filles contre 13,3% pour les garçons en termes de violences physiques, 10,8% contre 17% pour les violences verbales et 0,9% contre 2,7% pour les atteintes aux biens. Pourtant, les chercheurs affirment avoir interviewé le même nombre de filles que de garçons pour justement avoir une équité par rapport aux réponses.
Cette vulnérabilité des garçons s’explique par l’encadrement dont bénéficient encore les filles au niveau familial, contrairement aux garçons et les lieux de fréquentation des jeunes. «Les garçons sont plus exposés aux situations de violences que les filles, mais ce sont eux qui sont aussi les principaux acteurs de violences. Le cadre de vie où se créent ces violences, notamment au niveau des stades, des arènes de lutte ne sont pas des endroits fréquentés par des filles. Peut-être que si les filles fréquentaient ces espaces comme les garçons, on allait avoir une autre situation», a soutenu Djibril Diop, chercheur principal du projet.
L’étude dont les résultats ont fait l’objet de partage hier au cours d’un atelier a été conduite par l’Institut africain de gestion urbaine (Iagu) durant trois ans (2017 début 2020), avec l’appui du Centre de recherche pour le développement international (Crdi) du Canada pour un montant de 400 mille dollars canadiens.
L’étude dévoile en outre que le risque d’être auteur de violences physiques est 4 fois plus élevé chez les jeunes battus dans leur famille que ceux qui ne le sont pas. «Les jeunes rejetés ou marginalisés par leur famille représentent 3 fois plus de risques d’être auteurs de violences verbales et 22 fois le risque de commettre des actes d’atteintes aux biens», a souligné Djibril Diop, selon qui 8,8% des jeunes sont également des auteurs de violences physiques.
Les principaux facteurs de violence
Par ailleurs, renseigne le chercheur principal, le risque d’être victime de violences physiques est 3 fois plus élevé chez les jeunes rejetés par leur famille, comparés à ceux qui ne le sont pas. Cependant ici, les jeunes garçons sont 40% moins exposés aux violences physiques que les jeunes filles.
Selon les résultats de la recherche, la forme urbaine a un lien avec la situation d’insécurité dans les deux communes cibles. Le défaut d’aménagement, traduit par l’étroitesse et la sinuosité des rues, l’absence de lotissement, l’encombrement et l’insalubrité des espaces publics, le manque d’éclairage public, l’existence de lieux servant d’abris aux délinquants notamment les maisons abandonnées, enclos et chantiers, expose les populations, en particulier les jeunes, à des situations de violences. S’y ajoutent la proximité de lieux d’activités économiques comme les marchés et la présence de lieux de vente et/ou de consommation d’alcool sans occulter l’abandon précoce de l’école, le chômage et la maltraitance.
L’incarcération des enfants, facteur de violence
Les chercheurs recommandent, entre autres, pour réduire la violence chez les jeunes, de renforcer l’éducation de base et celle religieuse, de promouvoir les valeurs traditionnelles et familiales et de développer des politiques et stratégies de prévention et de lutte inclusive contre la violence. Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique, Ibrahima Sakho, suggère une «assumation» et un exercice régulier des compétences des uns et des autres. «L’Etat a des prérogatives en la matière, mais également les Collectivités territoriales ont des prorogatives en matière de police municipale», rappelle-t-il. Pour Ibrahima Sakho, le fait de mettre des enfants en prison «pose problème». «Dedans, ils peuvent apprendre des actes qui peuvent les faire revenir en milieu carcéral. C’est nécessaire de sanctionner, mais il va falloir regarder comment adapter la sanction au statut de l’enfant», plaide M. Sakho.