Avec les réticences du Fmi à avaliser les rapports du Sénégal sur les «dettes erronées», les détenteurs des obligations en euros et en dollars (eurobonds) émises par le Sénégal voient leurs bénéfices fondre, alors que ceux des autres pays africains gagnent de l’argent.Par M. GUEYE –

 Le gouvernement du Premier ministre Sonko ne cache pas les espoirs qu’il place sur les Diaspora Bonds qu’il est allé «vendre» auprès des Séné­galais de Milan. Cela pourrait lui être très difficilement reproché, au vu des «misères» que lui font les hauts fonctionnaires du Fonds monétaire international. C’est comme si ces derniers voulaient lui faire payer le langage peu diplomatique qu’il a eu envers leur institution, il n’y a pas si longtemps.

On se rappelle que les membres de la dernière mission envoyée à Dakar se félicitaient de la manière dont était libellé le rapport Forvis Mazar sur l’ampleur de la dette du Sénégal. Mais ils ajoutaient qu’ils devaient prendre leur temps pour en voir le contenu. Au moment où les autorités sénégalaises se croyaient au bout du tunnel, la directrice du Département de la communication du Fonds, Mme Julie Kozack, venait, le jeudi 11 septembre dernier, donc il y a une semaine, figer tous les sourires de l’immeuble Peytavin, en affirmant, en conférence de presse, qu’il y avait encore entre les deux partenaires, des choses à discuter avant que le Conseil d’administration du Fonds ne décide de la reprise d’un accord.

Les conséquences n’ont pas tardé. Le site économique Bloomberg annonce, dans un article publié hier, que les eurobonds émis par le Sénégal sont les seuls en Afrique à avoir perdu de la valeur sur le marché financier. Cela, du fait du pas de deux du Fmi. La journaliste Katarina Hoije indique que «les obligations du Sénégal en euros et dollars affichent les rendements les plus faibles d’Afrique ce mois-ci, les investisseurs se retirant après une brève reprise, en attendant les résultats d’une enquête du Fonds monétaire international sur les déclarations erronées sur la dette de ce pays d’Afrique de l’Ouest». Il ne faut pas se sortir de l’esprit que c’est le meilleur Premier ministre que le Sénégal ait jamais eu qui a eu la brillante idée, un certain 26 septembre, jour de la commémoration du plus tragique naufrage maritime de l’histoire, d’annoncer que le pays avait également subi le plus gros naufrage financier de son histoire, sinon d’Afrique.

Il n’empêche, tous ses efforts pour tirer le pays du 4ème sous-sol où il l’a trouvé, n’ont pas encore produit de résultats, et les eurobonds, auxquels il ne peut plus accéder, ne rapportent plus grand-chose à leurs détenteurs, revenant ainsi plus cher à ces derniers. Bloomberg ajoute que «les détenteurs d’obligations sénégalaises en dollars ont perdu 1, 8% de leur rendement total ce mois-ci, ce qui en fait le seul pays africain à subir des pertes. A titre de comparaison, les obligations souveraines du continent enregistrent un gain moyen de 1, 9% selon l’indice Bloomberg qui suit la performance».

On peut parier que les Diaspora Bonds au moins n’auront pas des problèmes de ce genre.
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