Le chef de l’Etat a évoqué en Conseil des ministres mercredi dernier l’urgence d’évaluer la mise en œuvre des recommandations des Assises de l’éducation nationale et de la formation tenues en 2015. Alors que les syndicalistes demandent souvent la mise en œuvre de ces recommandations, il y a lieu de s’interroger sur les points qui feront l’objet d’évaluation.

En Conseil des ministres mercredi, le chef de l’Etat a rappelé «l’urgence d’évaluer la mise en œuvre des recommandations consécutives aux assises de l’éducation et de la formation du 6 août 2015». A la lecture de ce passage du communiqué du Conseil des ministres, la question que l’on se pose est de savoir quelles sont les recommandations qui ont été mises en œuvre depuis la tenue de ces assises. Les syndicats d’enseignants, lors de leurs différentes sorties, demandent à chaque fois la mise en œuvre de ces recommandations. Il faut rappeler qu’après les assises, un conseil présidentiel a été tenu, et 11 directives ont été retenues. Celles-ci tournaient autour de la réorientation du système éducatif vers les sciences, les mathématiques, le numérique, les technologies et l’entrepreneuriat ainsi que le renforcement de la professionnalisation des ressources humaines. On peut également citer l’amélioration de la gouvernance et la consolidation du dialogue social pour un système éducatif performant et le développement de l’enseignement arabo-islamique et l’articuler au système éducatif. Il y avait aussi la nécessité d’améliorer l’équité dans l’accès ainsi qu’à généraliser la prise en charge de la petite enfance. L’objectif final de la mise en œuvre de ces directives est d’aller vers «la refondation consensuelle de notre système éducatif, en vue d’améliorer ses performances et d’asseoir son rayonnement international». A l’époque le président de la République disait que «l’école devra être une école sénégalaise enracinée, une école de la République qui sera le ciment de la Nation en préservant la richesse de sa diversité».
4 ans après, cette évaluation qui est demandée par le chef de l’Etat devra nous édifier sur la prédominance des élèves en séries littéraires par rapport à ceux des séries scientifiques. En 2018, 82% des candidats au bac venaient des séries littéraires. Ce qui montre que la situation n’a pas beaucoup changé entre temps concernant la réorientation du système éducatif vers les sciences. L’objectif de toutes ces directives était d’améliorer les performances de l’école sénégalaise. Peut-on parler de performance 4 ans après vu que le taux de réussite au baccalauréat est toujours faible. Il faut noter que le taux de réussite à cet examen tourne toujours autour de 30%. En 2018, le taux de réussite était de 35,9%, 31,6% en 2017 et 36,7% en 2016. A cela s’ajoute, le niveau des élèves toujours jugé faible par les acteurs du secteur.
Peut-être que les services du ministère de l’Education nationale rétorqueront que les résultats des réformes ne peuvent pas être perçues en 2 ou 3 ans. Mais, reste-t-il que des améliorations doivent être notées. Sinon comment comprendre que les syndicalistes qu’à chaque fois que l’occasion se présente demandent la mise en œuvre des recommandations de ces Assises nationales. Alors que le gouvernement en est déjà à l’évaluation de la mise en œuvre de ces mêmes recommandations. Espérons que cette évaluation se fasse vite pour qu’on puisse être édifié.
dkane@lequotidien.sn