Trois jours de réflexion à Saly vont aider les responsables du sous-secteur de l’enseignement supérieur à dégager les grands axes devant mener à une orientation des formations aussi bien en Licence qu’en Master pour aider les futurs diplômés à s’insérer dans le milieu professionnel.
Plus de 10 ans après la mise en œuvre de la réforme Lmd (Licence, master, doctorat), une évaluation du système s’impose. Pour ce faire, le ministère de l’Enseignement supérieur a mis en place une commission d’évaluation de la réforme dont le rôle est de faire un diagnostic sans complaisance de tout le système. C’est dans ce cadre qu’il a initié depuis hier, à Saly, une rencontre avec tous les acteurs du secteur pour se pencher sur la question dont les conclusions constituent une nouvelle feuille de route pour les années à venir.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Cheikh Oumar Hann, qui présidait la cérémonie d’ouverture de cette rencontre qui prend fin demain, a décrit la situation. «Dans notre système d’enseignement public, nous avons 295 masters pour 800 professeurs de rang et 26 mille étudiants en Master. Le nombre de masters professionnels est très limité. Les étudiants qui viennent faire un Master 1 ou 2 pour deux ans passent 5 ans dans le système. Aucun étudiant ne réussit son Master 2 en une année. Tous les étudiants qui viennent en Master 2 redoublent avant de réussir. Ce dispositif n’est pas performant. Donc il faudra normaliser», a précisé Cheikh Oumar Hann.
En attendant la remise des conclusions des travaux, le premier constat qui se dégage est que le système Lmd, qui institue trois sorties en Licence, master et doctorat, est quelque part confronté à un certain nombre de problèmes. L’offre des formations s’est heurtée à la réalité de l’efficacité interne et surtout externe, à savoir l’employabilité de ses diplômés.
Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, si tous les étudiants en Licence veulent aller en Master, c’est parce qu’ils n’ont pas une formation qui leur permet d’accéder à un emploi. «L’incertitude d’une insertion professionnelle après le diplôme de Licence, avec une prédominance des licences classiques au détriment des licences professionnelles, pousse la majorité des étudiants à postuler au Master. Il en résulte un engorgement au niveau Master alors que les capacités d’encadrement en rapport avec le nombre et le profil des enseignants restent relativement très faibles.» Mieux, M. Hann poursuit : «Il s’y ajoute que les récents événements douloureux survenus dans notre cher pays nous interpellent particulièrement et nécessitent un diagnostic profond et de nouvelles réorientations de nos formations. En effet, l’efficacité de notre système est plombée par les difficultés d’insertion des diplômés. Le monde de l’emploi, le secteur privé en particulier, n’a cessé de reprocher aux établissements d’enseignement supérieur de mettre sur le marché des diplômés dont les profils sont en inadéquation avec leurs besoins de qualification.» Ainsi, la présence de plusieurs contingents de diplômés qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi pose l’impérieuse nécessité d’adopter de nouvelles approches pédagogiques et de repenser les formations.
A en croire le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, c’est la première étape. «Nous allons nous ouvrir aux étudiants pour la deuxième étape, à tout le monde, pour continuer la réflexion parce que le président de la République a nommé le Pr Oumar Sock comme président de la Commission pour la réforme. Il faudra dans ce cadre nous réunir pour trouver des solutions pour l’intérêt des étudiants. La réforme de fond, c’est que tout devrait aller vers la professionnalisation des filières et l’employabilité des diplômés parce que la finalité c’est qu’ils puissent trouver un travail pour le développement économique et social de notre pays», a précisé Cheikh Oumar Hann.
Après cette rencontre qui prend fin demain, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a donné des instructions aux recteurs et aux chefs d’établissement d’enseignement supérieur pour rencontrer dès jeudi ou vendredi les étudiants, les personnels administratifs et techniques pour qu’il puisse les recevoir la semaine prochaine afin de lancer la procédure pour que cette réforme soit entamée dès cette année et que dans un mois tout soit finalisé.
L’adoption du système Lmd dans les universités et établissements d’enseignement supérieur avait pour objectifs d’organiser des parcours de formation souples et performants, favorisant l’orientation progressive de l’étudiant, le développement de la professionnalisation des études supérieures, les possibilités d’insertion de l’étudiant dans le tissu socio-économique et la mobilité nationale et internationale des étudiants.