Estimée à 1,9%, la contribution de l’environnement à la création de richesses paraît faible. Mais pour l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) qui a réalisé un rapport d’évaluation de la contribution de ce secteur au Pib, ce résultat s’explique par le fait que l’environnement est un secteur transversal. Ce qui fait qu’il y a des activités environnementales qui sont comptabilisées dans d’autres, comme l’agriculture. Partagé hier lors d’un atelier, ce rapport recommande entre autres la construction de comptes satellites pour explorer tous les secteurs contribuant à l’environnement.

La contribution de l’environnement au Produit intérieur brut (Pib) du pays est estimée à 1,9%. C’est le résultat du rapport d’évaluation de la contribution de l’environnement au Pib réalisé par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Lors de la présentation de ce rapport, il a été noté que «les principaux biens et services ayant contribué à la création de richesses sont ceux de la sylviculture et de l’exploitation forestière estimés à 60,2%, des activités à caractère collectif ou personnel, 23,6%». Il y a aussi ceux «de l’agriculture industrielle ou d’exploitation, évalués à 8,1%, des services écosystémiques non marchands, 4,1%, de l’élevage et de la chasse, 3,1%, de la fabrication de produits chimiques, 0,5% et enfin des services d’hébergement et de restauration, 0,5%».
Dans un document de synthèse dudit rapport, on souligne que «la contribution de la sylviculture et de l’exploitation forestière provient essentiellement du charbon de bois et du bois de chauffe qui représentent respectivement 61,8% et 22,3% de la valeur ajoutée de la branche».
Expliquant la faible part des produits d’origine animale d’un taux de 3,1%, les auteurs de cette enquête soutiennent qu’elle «est due non seulement au fait que plusieurs parties du pays sont fermées à la chasse, mais aussi à la difficulté de disposer de données fiables en raison de l’illégalité d’une grande partie de la chasse traditionnelle». Analysant ces données, les auteurs du rapport précisent que la contribution de l’environnement au Pib peut paraître faible, mais «participe fortement à la satisfaction des besoins des populations en améliorant leur revenu et en leur fournissant des biens de consommation non marchande».

Incertitudes dans les statistiques du secteur
Pour sa part, le directeur général de l’Ansd soutient qu’il faut «comprendre que les statistiques de l’environnement dont on dispose aujourd’hui présentent quelques incertitudes». Selon Babacar Ndir, «nous n’avons pas d’informations sur certaines données de l’environnement». A l’en croire, «le secteur est transversal», c’est-à-dire qu’il y a des activités de l’environnement qu’on trouve «au niveau de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et des transports».
Toutefois, renseigne-t-on, le secteur de l’environnement, «en termes de contribution à la promotion de l’emploi, joue un rôle assez important vu le nombre de personnes qu’il occupe (1 million 58 mille 402)». «Il s’agit pour l’essentiel d’exploitants forestiers spécialisés dans l’exploitation du bois de chauffe et du charbon de bois comme le montre par ailleurs l’abondance des quantités exploitées au niveau national», a-t-on précisé.

Construire des comptes satellites
Partant des résultats de cette enquête, le directeur de l’Ansd estime qu’il faut construire des comptes satellites pour explorer «tous les secteurs contribuant à l’environnement». «Ceci va permettre d’avoir la contribution réelle de l’environnement dans l’économie. Mais aussi ce qu’il apporte au niveau des différents secteurs et des populations», a-t-il fait savoir.
L’Ansd recommande ainsi d’envisager «une revue annuelle des dépenses publiques environnementales, de disposer de données détaillées sur les investissements faits dans le cadre du fonds d’adaptation (montants, nature et durée), afin de mieux affiner les données relatives aux transactions sur le marché du carbone en vue de leur intégration future». Autre recommandation formulée dans ce rapport d’évaluation, c’est d’améliorer «le dispositif de collecte sur les produits forestiers, mis en place par la direction des Eaux et forêts, dans le but de mieux capter la production qui échappe au contrôle de l’Administration forestière et d’assurer la réalisation régulière d’inventaires forestiers à l’échelle nationale».
dkane@lequotidien.sn