Les enquêtes sur la douloureuse séquence 2021-2024, qui aurait fait 80 morts, sont en cours depuis quelques semaines. Mais, un coup d’accélérateur vient d’être senti avec la convocation, ce lundi à la Section de recherches, de Pape Malick Ndour, bloqué ce samedi soir à l’Aibd, à la suite d’une plainte de Pape Abdoulaye Touré.Par Justin GOMIS – 

L’ancien ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, est convoqué à la Section de recherches (Sr) de la Gen­darmerie nationale cet après-midi. Il devrait être auditionné sur les évènements de 2021-2024, à la suite d’une plainte déposée par l’une des victimes supposées, Pape Abdoulaye Touré, qui a été entendu vendredi par les gendarmes de la Sr en charge de conduire cette enquête. L’audition est prévue pour déterminer son rôle présumé dans les faits reprochés. «Je ne le connais pas. Il représentait quoi, quel intérêt pour moi pour que je puisse m’intéresser à lui et le torturer ?», s’interroge l’ancien ministre. Qui nie toute implication dans tout acte de torture. «J’ignore ce dont on m’accuse», insiste-t-il.
Il faut savoir que la convocation intervient après que Pape Malick Ndour a été intercepté à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), alors qu’il s’apprêtait à se rendre à Paris. A l’Aibd, il s’est rendu compte qu’il était sous le coup d’une Interdiction de sortie du territoire (Ist). Evidemment, l’ancien ministre a contesté les allégations de tentative de fuite, affirmant que son voyage était transparent et que sa hiérarchie avait été informée. Il avait sollicité, dit-il, et obtenu une autorisation d’absence.
Arrivé à l’aéroport de Dias dans la nuit du samedi au dimanche, l’ex-ministre a commencé ses formalités d’embarquement pour Paris. Puis, il a été approché par un agent, qui l’a prié de le suivre au Commissariat spécial de l’aéroport pour des vérifications supplémentaires. Sans résultats. Alors que son vol était prévu vers 23h 30, il a été placé dans un «violon» du Commissariat spécial de l’Aibd. Après, les policiers de l’Aibd ont saisi la Section de recherches qui a décidé de l’amener dans ses locaux vers 3h du matin. A Colobane, une convocation lui a été signifiée pour aujourd’hui à 15h. Pape Malick Ndour a vivement dénoncé cet enchaînement d’événements d’une «extrême gravité». «Il s’agit d’un enlèvement et d’une tentative manifeste d’humiliation, sur fond de manipulation politique et de pressions exercées sur les Forces de défense et de sécurité. Ceci est symptomatique d’un pouvoir qui instrumentalise les institutions pour tenter de faire taire la voix de ses contradicteurs et détourner l’attention des véritables urgences du pays», explique-t-il. PMN ajoute : «S’agissant des procédures en cours dont je viens d’être informé, je m’en réjouis. J’ai toujours exprimé mon désir personnel d’en découdre sur le terrain judiciaire, face à ceux qui m’accusent.»
Aujourd’hui, l’ancien coordonnateur du Programme de développement des domaines agricoles communautaires (Prodac) dénonce «une procédure illégale», évoquant un privilège de juridiction en tant qu’ancien ministre. «Comment peut-on convoquer un ancien ministre sans faire appel au privilège de juridiction ? Tout le monde sait que pour entendre un ancien ministre, il faut passer par l’Assemblée nationale, devant la Haute cour de justice», s’est-il indigné. Malgré ses contestations fermes sur la légalité de la procédure, il assure qu’il se présentera à la Sr. «Je vais répondre sans difficulté. Moi, tenter de fuir ? (rires). C’est méconnaitre mon histoire, mon sang… Pourquoi quelqu’un qui chercherait à fuir passerait-il par l’aéroport, à visage découvert, dans la masse du samedi soir à l’aéroport, au vu et au su de tout le monde ? Il y a à peine un mois, j’étais à Abidjan, et j’avais également transité par le même aéroport, à l’aller comme au retour. Si j’en avais l’intention, pourquoi n’ai-je pas pris la fuite depuis Abidjan ? C’est de l’affabulation», tonne-t-il.
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