Suite à une requête de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré dénonçant la campagne de pression orchestrée par «ses avocats et ses soutiens pour obtenir sa libération», le Comité des Nations unies contre la torture a réagi. Dans une lettre adressée au Sénégal, il s’oppose à une éventuelle libération de l’ancien Président du Tchad.
Le Comité des Nations unies contre la torture s’oppose à une éventuelle libération de Hissein Habré. Dans une lettre adressée au Sénégal le 23 décembre, le président dudit Comité, Jens Modvig, rappelle que «la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations de la Convention de l’Onu contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (…)». Cette lettre a été adressée au Sénégal suite à une requête de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré pour dénoncer «la campagne de pression orchestrée par ses avocats et ses soutiens pour obtenir sa libération». Ces derniers arguent «qu’il avait une fracture au bras et qu’il ne recevait pas de traitement médical adéquat». Des allégations démenties par les autorités sénégalaises.
Par ailleurs, il faut souligner que «selon le statut des Chambres africaines extraordinaires qui ont condamné Hissein Habré, le Sénégal ne peut en tout cas autoriser de manière unilatérale sa libération, car l’Etat Sénégalais est lié par la durée de la peine». Dans un communiqué, Reed Brody de Human rights watch renseigne que «les victimes de Hissein Habré ont salué la lettre du comité». D’après lui, elles ont même fait «un rapprochement avec le refus persistant de Habré de payer les dommages et intérêts ordonnés par les Chambres africaines d’un montant de 82 milliards de francs Cfa (environ 125 millions d’euros) en réparation à 7 396 victimes». Une préoccupation partagée par le Comité des Nations contre la torture. A en croire Reed Brody, dans sa lettre, le Comité a déclaré à nouveau être préoccupé «par le fait que, jusqu’à présent, les victimes des crimes de Hissein Habré n’aient pas été indemnisées».
Une Cour spéciale africaine a reconnu en mai 2016 Hissein Habré coupable de crimes contre l’humanité et torture, notamment pour viol et esclavage sexuel, ainsi que pour crimes de guerre, et l’a condamné à la réclusion à perpétuité.