Le Conseil national de sécurité sur le Covid-19 (Force Covid-19) s’est réuni le samedi dernier à Dakar pour faire l’état de la situation dans la lutte contre le Covid-19. Face à la progression exponentielle de cette pandémie, la structure a résolu de proposer au chef de l’Etat de proclamer l’Etat d’urgence sur l’ensemble du territoire national. Cela permettrait de contrôler plus strictement les mouvements des personnes sur le territoire national.

Après son escapade religieuse du vendredi à Touba, le ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République, Monsieur Mahammed Boun Abdallah Dionne a pris part avant-hier à la réunion du Conseil national de sécurité sur le Covid-19 (Force Covid-19). Fait notable dans les circonstances actuelles, le Président Macky Sall, qui en principe devait présider la rencontre, s’était fait excuser.
Les bonnes langues de la République ont tôt fait de rapprocher cette absence du chef de l’Etat à une réunion qu’il avait annoncé vouloir présider lui-même, au fait que son plus proche collaborateur avait la veille pris part à un rassemblement de plus de mille personnes dans la ville qui est considérée comme l’épicentre du Covid-19 au Sénégal ; et ce, en foulant aux pieds toutes les recommandations, notamment réitérées lors du dernier Conseil des ministres du mercredi 18 mars dernier. Comme s’il avait voulu éviter une quelconque contamination de la part de M. Dionne.
Au-delà du caractère anecdotique de la présence de M. Dionne à cette rencontre, alors qu’il aurait dû avoir la décence citoyenne de s’auto-confiner pendant 14 jours, les décisions qui sont sorties de la réunion s’annoncent décisives.
Les membres du Conseil, parmi lesquels on a noté les ministres de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, de l’Economie, Amadou Hott, des Affaires étrangères Amadou Ba, des Finances, A. D. Diallo, de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr, entre autres, ont estimé que la situation de la pandémie exigeait actuellement de passer à la proclamation de l’Etat d’urgence sur le plan national. Cela, bien entendu, comme Le Quotidien l’avait annoncé dans son édition no 5123 du jeudi 19 mars dernier, va entraîner des conséquences sociales et économiques que l’Etat a tout intérêt à bien peser. Mais la question est qu’avec un niveau de transmission du virus dit «communautaire», c’est-à-dire par des personnes-contact à d’autres qui n’ont ni voyagé ni été proches des foyers de transmission, l’expansion du Covid-19 risque de devenir incontrôlable. Or les capacités de réponse médicale au Sénégal sont plus que limitées. Le pays ne compte pas plus d’une vingtaine de spécialistes en réanimation pour un nombre d’urgentistes un tout petit peu plus important.
Mais le Conseil a estimé qu’il n’était plus temps de tergiverser, et surtout au regard de la manière dont certaines populations ont réagi aux mesures d’interdiction des prières décidées dans certaines localités, qu’il était plus que temps de passer à la phase supérieure et de mieux contrôler les mouvements des populations sur l’ensemble du pays, en restreignant tout ce qu’il est possible de restreindre et de réglementer ce qui pourrait l’être. Dans ce cadre, il serait plus facile, au regard de la loi, de faire respecter les mesures d’interdiction des rassemblements, même pour des prières et autres dévotions. La mesure aura été soumise à l’approbation du chef de l’Etat et, si ce dernier l’approuvait, devrait entrer en vigueur au cours de cette semaine, et pourquoi pas, être annoncée dès ce lundi.
Cette décision donne une ampleur aux dernières mesures prises le même samedi 21 par le directeur général de la Police nationale, M. Ousmane Sy. Dans une note circulaire destinée à tous ses services, le Dgpn demande de prendre des dispositions «pour préparer aux éventuelles décisions de confinement des localités». Dans ce cadre de lutte contre le Covid-19, la Police nationale suspend toutes les activités non essentielles, telles la délivrance de certains documents administratifs et réquisitionne tous les effectifs pour se préparer à d’éventuels débordements de populations en cas de nécessité.