Depuis l’accession au pouvoir de l’ancienne opposition dite radicale en mars 2024, au Sénégal, nous avons assisté à une nouvelle configuration politique inédite : le camp du pouvoir qui multiplie de poser les actes de rupture contre une opposition frivole, amorphe, en panne d’imagination, de créativité et en manque d’inspiration. Dans pareil cas de figure, existe-t-il encore une opposition au Sénégal ?

L’avènement du Président Diomaye a marqué un véritable tournant historique au Sénégal. L’observation du cours du jeu politique actuel montre clairement le visage pâle d’une opposition désorientée et déboussolée. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est difficile de comprendre la cohérence de l’offre politique de cette opposition actuellement. Car en face, elle a un camp bien rodé. Il faut le rappeler que la majeure partie des leaders du pouvoir actuel ont subi toutes sortes de coups bas de l’ancien régime de Benno bokk yaakaar, au point de se créer une carapace épaisse quasi infranchissable que des discours spécieux ne peuvent dérouter.

En effet, pour comprendre l’indolence de l’opposition actuelle au Sénégal, une grille d’analyse s’impose à nous. Primo, (i) que pèse Bby après la déroute, (ii) quelle figure incontestable est-elle à même de porter le combat de Bby, (iii) avec les démissions à flot et pas des moindres que restera-t-il à cette coalition pour les autres conquêtes de pouvoir. Secundo, les agitations et interventions mal orchestrées des leaders de l’opposition dite républicaine, civilisée d’alors, des arrivistes et la décrédibilisation d’une certaine presse de propagande montrent, dévoilent la manie des uns et des autres à vouloir se positionner comme tête de file de l’opposition ou la nouvelle alternative crédible aux yeux des citoyens. Tertio, le calme plat des vieux carriéristes politiques, sonnant le glas de plusieurs années de conquête sans succès de pouvoir, témoigne d’une opposition de subsistance incapable de relever les défis, de poser un débat de fond riche et enrichissant, de jouer le rôle de contrepouvoir face aux dérives du régime et de s’opposer en offrant au Peuple une nouvelle vision ou offre politique plus attrayante. Ainsi, dans un sens comme dans l’autre, il est a noter que cette opposition actuelle a un point commun : la trouille d’aller au charbon, de se battre ou de se faire emprisonner car n’ayant pas vécu pareilles circonstances dans leur trajectoire politique et d’être force de créativité et de propositions pertinentes.

En somme, face au camp du pouvoir qui -même à l’opposition- a su élever le débat, éveiller les consciences et surtout aiguiser les exigences des citoyens, l’actuelle opposition sénégalaise engluée dans des discours contradictoires ne semblerait-elle pas en perte de souffle en se montrant incapable de jouer son rôle. N’est-elle pas en train de confirmer le nouvel ordre politique national ?
Nicolas Silandibithe
BASSENE