Le voilier Suisse «Fleur de passion», engagé depuis presque 4 ans dans un tour du monde dans le sillage de l’explorateur Magellan, était en escale à Dakar jusqu’à hier. L’équipe scientifique à bord, a saisie l’occasion pour présenter les résultats des différents programmes qui ont été menés au cours de cette expédition baptisée «The ocean mapping expedition».
Contribuer à une meilleure compréhension de l’impact humain sur les océans, à une plus grande conscience des enjeux de développement durable qui s’y rapportent pour susciter une réflexion sur la relation entre l’homme et la planète mer, tel est le but du voilier suisse, Fleur de passion, qui a entamé depuis le 13 avril 2015 à Séville, un tour du monde des océans. Presqu’au terme de leur tour du monde qui se termine le 6 septembre à Séville, le voilier sous pavillon suisse, a fait escale à Dakar pour partager les résultats obtenus au cours de ces dernières années à travers les différents programmes.
Le programme Micromégas, qui a consisté à effectuer des prélèvements réguliers d’eau de mer pour évaluer la teneur en polluants méso et micro plastiques à la surface, s’est fait en partenariat avec l’association suisse Oceaneye. Il a révélé que 90 % des échantillons d’eau de surface analysés à ce jour, contiennent des particules plastiques dans les dimensions mesurées avec une pollution moyenne record de 551g/km2 en Asie du Sud-est. «Toutes les régions traversées par The ocean mapping expédition sont affectées par la pollution plastique. Et l’Asie du Sud-est bat les records», a déploré Pascal Hagmann, directeur exécutif d’Oceaneye et responsable du programme Micromégas.
Le programme 20 000 sons sous les mers a lui aussi confirmé que l’homme est un grand pollueur. Ce programme, qui s’est fait en partenariat avec le Laboratoire d’applications bioacoustiques de l’Université polytechnique de Catalogne à Barcelone, a permis de cartographier la pollution sonore des océans grâce à des capteurs acoustiques embarqués. «Sous la mer, il y a beaucoup de sons que nous n’entendons pas et qui créent une pollution que nous n’entendons pas. Mais quand on met l’appareil adapté, on se rend compte que c’est une véritable cacophonie et l’harmonie qui existait il y a des millions d’années n’est plus due à l’exploitation massive que nous en faisons à travers toutes nos activités humaines», a fait savoir Michel André de l’université polytechnique de Catalogne.
Pour ce qui est du programme The winds of change fait en partenariat avec la faculté des sciences de l’université de Genève pour mesurer les concentrations de gaz à effet de serre, méthane et dioxyde de carbone à la surface des océans, les résultats ont été tout aussi surprenants. «Le monitoring à la surface des océans, consiste à voir quel est le rôle de ces océans dans la régulation de ces gaz. Est-ce qu’ils absorbent beaucoup ? Est-ce qu’ils émettent beaucoup ? Et là, de manière assez surprenante, on observe que les océans qu’on a traversés jusqu’à présent, l’océan indien et l’Atlantique Sud, sont des réservoirs assez insoupçonnés de gaz à effet de serre. Ils ont plutôt tendance à absorber ces gaz», a expliqué Samuel Gardaz vice-président de la Fondation Pacifique qui pilote The ocean mapping expedition.
Réservoirs de gaz à effet de serre
Ce dernier se félicite des données inédites collectées et qui pourront être utilisées par la communauté scientifique et contribueront à une meilleure compréhension du rôle des océans dans la problématique du réchauffement climatique. «Au vu de l’évolution préoccupante du climat et de l’acidification des océans qui en découle, il doit permettre de revoir de manière urgente les concepts en vigueur sur le cycle du Carbonne à l’échelle globale», souligne-t-il.
L’autre motif de satisfaction pour les membres de cette expédition, c’est de savoir que dans ses volets éducatifs et culturels, cette expédition permet d’accueillir des jeunes dans le but de les sensibiliser sur les questions environnementales et des dessinateurs qui eux aussi participent à la sensibilisation, en racontant l’expédition à travers des bandes dessinées. Des écoliers dakarois étaient invités à visiter le voilier Fleur de passion et s’imprégner de toutes ses recherches scientifiques.
aly@lequotidien.sn