Expertise – Pour consolider la paix et la sécurité au Sénégal et en Afrique : Abdou Lat Gaye ouvre un cabinet pour soutenir les Etats

Avec un continent, notamment une sous-région où la situation sécuritaire reste volatile, les Etats ont besoin d’expertise dans ce domaine pour prévenir les risques.Par Justin GOMIS –
Après avoir démissionné de la Commission de la Cedeao, Abdou Lat Gaye veut mettre à profit sa carrière nantie de plusieurs années d’expérience dans le domaine de la paix et de la sécurité au profit du Sénégal et des pays de l’Afrique. Il a mis en place un cabinet pour s’activer dans la consolidation de la paix en Afrique dénommé «Peace Consult», qui sera basé au Sénégal. «C’est un cabinet qui va essayer d’accompagner l’Etat, les partenaires, les communautés pour faire face aux diverses menaces dans la région ouest-africaine et au Sénégal», indique Abdou Lat Gaye.
L’enjeu, selon l’initiateur, est d’apporter des réponses aux questions sécuritaires qui déchirent la sous-région secouée par la menace terroriste et transfrontalière qui fragilise plusieurs pays du Sahel. «Nous vivons une situation qui n’est plus ordinaire avec la dislocation de la Cedeao elle-même, mais aussi avec des terroristes qui, de plus en plus, sont en train de s’approcher de nos frontières», expose M. Gaye. D’après lui, «il y a aussi les autres formes de menace de la sécurité humaine dans le domaine politique avec les élections violentes connues dans la sous-région».
Aujourd’hui, la marche de la démocratie est ralentie par plusieurs évènements. Lesquels sont liés «aux problèmes de gouvernance, de saleté, environnementaux et des problèmes liés à la migration et au foncier. En outre, il se pose aussi la démographie galopante qui est encore taboue dans notre pays et où l’éducation et la formation des jeunes font défaut. Aujourd’hui, il y a un souci avec les Jakarta, devenus un véritable problème de société. Vous prenez la plage de Yoff jusqu’à Tivaouane-Peul, il y a des milliers de jeunes qui sont là sans éducation, sans travail. Ce sont des problèmes de société auxquels il faut faire face. L’Etat n’est pas le seul habilité à faire face à ces problèmes. Nous avons un certain nombre d’experts au Sénégal et ailleurs, au niveau de la Cedeao qui ont décidé de travailler ensemble pour mener ce projet», a-t-il rassuré.
Un avis partagé par Penda Mbow, qui a magnifié l’initiative du consultant à mettre son expérience au service de cet outil et des Etats de la communauté. Pour l’historienne, la sous-région a grandement besoin de l’expertise de ses enfants. Car, d’après elle, «un de nos points faibles en tant qu’Africains, c’est l’absence d’études stratégiques. On nous a toujours reproché cela. Au moment où les autres régions du monde travaillent sur une longue durée, nous sommes dans la quotidienneté, en train de chercher à résoudre des problèmes les uns après les autres. Et au moment où nous cherchons à régler les problèmes au quotidien, d’autres réfléchissent sur notre avenir et continuent à nous piétiner et à être toujours au-dessus de nous», a-t-elle expliqué. Selon Penda Mbow, le Sénégal est l’un des rares pays stables en Afrique de l’Ouest déchirée par de nombreux coups d’Etat et aussi d’attentats terroristes. Mais cela ne doit pas nous amener à baisser les bras. «Nous devons répondre à nos problèmes sénégalais et en même temps répondre aux problèmes des pays qui nous entourent», a-t-elle soutenu. Elle précise «que si les autres pays ne sont pas dans la dynamique de développement, tout ce que fera le Sénégal sera vain».
Avec l’expérience qu’il a capitalisée au sein de la Cedeao, Abdou Lat Gaye veut ainsi contribuer, avec tous ceux qui peuvent aider, à changer un peu la donne en ce moment très crucial pour le Sénégal. D’ailleurs, il avait mis en place un mécanisme d’alerte. «Quand j’étais à la Cedeao, j’avais émis l’idée de mettre en place des centres nationaux qui vont s’occuper de la coordination du mécanisme d’alerte précoce et de réponse dans tous les Etats membres. Il n’y a que le Sénégal et le Cap-Vert qui ne disposent pas de ces centres. Mais la vice-présidente de la Cedeao, chargée de ces centres, est en train de faire le nécessaire pour que nous appuyions très rapidement le Sénégal dans la mise en place de ce centre», a-t-il promis, en ce sens que la vision de ce projet consiste «à aller vers les communautés et à faire ressortir leurs richesses culturelles et sociales en privilégiant des domaines comme l’éducation, l’emploi des jeunes, la promotion de la citoyenneté pour construire des sociétés paisibles, stables, inclusives et prospères».
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