Le «Manko» du foot a produit ses effets, avec les sacres notés au niveau de toutes ses catégories. Aujourd’hui, le basket sénégalais, qui peine à se relever, a aussi besoin de «Manko». Amadou Gallo Fall donne quelques pistes.

Quel est le bilan que vous tirez de cette édition 2023 de l’Afrobasket féminin ?
C’est une compétition qui continue à être très impactante. C’est une compétition au Sénégal qui nous a donné beaucoup de titres africains. Vendredi, j’ai participé à un atelier que la Commission du basketball féminin de la Fiba a organisé pour parler des voies et moyens de continuer la réflexion, pour vraiment pousser cette discipline, pour encourager le plus grand nombre de jeunes filles à participer, à continuer à développer le basket féminin. Mais surtout, j’étais très impressionné par la participation de grandes légendes du basketball féminin africain, comme Mame Maty Mben­gue, Clarisse Machan­guana, Hamchétou Maïga, Fatou Kiné Ndiaye… C’est déjà un très beau pas que la Fiba Afrique a entamé en essayant d’attirer ces légendes pour ce qu’elles ont apporté au basket féminin africain. Elles ont de l’expérience, elles ont joué au plus haut niveau, en Wnba et ailleurs dans le monde. Des joueuses qui ont porté leur maillot national et qui continuent à inspirer la génération future.

Pour revenir au tournoi, on a assisté à de belles affiches. Je crois que le Rwanda est à féliciter. Etre dans le Top 4 africain en si peu de temps, cela fait plaisir à voir. Ensuite, notre compatriote Cheikh Sarr, qui est ici depuis quelques années, a fait du très bon travail. On voit de jeunes joueuses qui se sont développées et qui portent le maillot du pays. Chez les garçons, à l’AfroCan, ils ont fini à la troisième place. Avec l’engagement du Rwanda pour développer ce sport et les investissements qu’il a décidé de faire, avec la construction de Kigali Arena, le partenariat renouvelé avec la Basketball Africa League (Bal), avec un public qui est présent, tout cela est à saluer. Juste pour dire qu’il y a quelque chose de fort et de très spécial qui se développe dans ce pays. Le basketball africain en général doit voir ce modèle qui n’a rien de révolutionnaire ou de magique. Tout commence par le travail, l’engagement, la passion qui va se développer chez les jeunes, leur créer les opportunités de participer. Et c’est comme ça que les bonnes choses arrivent dans le sport.

Est-ce à dire que le basket féminin africain est sur la bonne voie ?
Il est vrai qu’il y a énormément de travail à faire pour attirer plus de filles au basket. On voit les mêmes équipes au top. Mais c’est rafraîchissant de voir une équipe comme le Rwanda pointer dans le Top 4. Il y a l’Ouganda qui fait partie de ces nouvelles équipes qui se sont révélées. On voit le Sénégal, le Nigeria, le Mali, le Cameroun… Il faut profiter des opportunités comme l’Afro­basket pour organiser des workshops et voir plus de monde participer. C’était bien de voir de jeunes coaches féminins, la classe dirigeante de la Fiba-Afrique, écouter les doléances des uns et des autres. Le basketball féminin africain continue à pousser vers l’avant, mais il y a énormément de travail à faire.

Le Sénégal encore battu en finale. Notre basket peine toujours à se relever…
Chez nous au Sénégal, c’est bien qu’on soit ici, mais cela doit nous motiver à nous maintenir sur le chemin de l’excellence. Il y a un renouvellement constant qui doit continuer à se faire. Il y a du talent chez les Lionnes, de jeunes joueuses dans cette équipe. Il y a aussi l’équipe féminine de la Francophonie qui a remporté l’Or à Kinshasa. Faire jouer ces filles le plus souvent possible, mettre des équipes U16, U18 dans les compétitions africaines, c’est comme ça que cela doit se faire. Il faudrait aussi une implication des anciennes, mais qu’elles n’attendent pas non plus. Il faut qu’elles soient motivées, qu’elles soient impliquées chacune à sa manière. Leurs complaintes, c’est qu’on ne leur laisse pas souvent les coudées franches. Je pense que la fédération doit aussi s’ouvrir et accepter que la seule manière de faire les choses c’est qu’il y ait des structures qui s’engagent, en respectant les règles du jeu. Mais qu’on ne ferme pas la porte à toutes ces énergies qui veulent impulser, porter notre basket de l’avant.
Recueillis par Woury DIALLO, à Kigali
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