Après avoir passé une bonne partie de sa carrière d’entraîneur auprès des Hommes, le nouveau coach de l’Equipe nationale féminine, Cheikh Sarr, a dirigé hier au stadium Marius Ndiaye, sa première séance avec les Lionnes. Un premier stage de 15 joueuses avec seulement des meneuses et arrières locaux. Un secteur que le technicien sénégalais estime «sensible» et promet également d’apporter des changements dans le leadership du groupe.
Vous venez de démarrer votre première séance avec l’Equipe nationale féminine en direction du Mondial 2016 en Espagne. Pourquoi le choix d’entamer avec seulement les meneuses et les arrières ?
On commence le travail par des secteurs sensibles. On a vu que c’est un secteur très émaillé lors des différentes sorties de l’Equipe nationale à l’Afrobasket et à la Coupe du monde. Si on voit les statistiques, on constate beaucoup de difficultés à ce niveau-là. Coach Tapha (ancien sélectionneur) a fait des pieds et des mains pour stabiliser son jeu. On ne veut pas que cela nous arrive. C’est pour cela qu’on prend les devants pour voir le potentiel réel dans ce secteur-là sur le plan local. A l’international, on sait ce qu’on a là-bas. On a des binationales et c’est un peu compliqué.
Est-ce que trois jours de préparation seront suffisants pour se faire une idée du potentiel ?
Effectivement ! Ce sont des joueuses que nous suivons dans le championnat. On a vu ce qu’elles valent. C’est important d’être près d’elles pour les voir réellement dans le jeu, évoluer leur capacité individuelle. On a 13 capacités à voir. On aura aussi l’occasion de voir l’attitude de la joueuse, la vision périphérique en termes de travail. Donc, ce sont des choses qu’on peut voir dans le jeu, mais on ne sait pas ce que cela va donner durant la préparation. C’est pour cela que nous avons préféré appeler des meneuses et des arrières.
Est-ce à dire que vous n’avez pas de soucis dans les autres secteurs ?
Les soucis sont là. Il se trouve que beaucoup de filles ciblées connaissent déjà la maison. Ce sont des filles qui ont joué par exemple, pour certaines, la Coupe d’Afrique. Cela ne sert à rien. On connait Ndèye Sène, Fatou Binetou Thiam et autres. Si on doit les appeler, ce sera lors de la dernière phase. On veut voir si ces jeunes-là peuvent titiller les anciennes. Il y a la Coupe d’Afrique en 2019.
On vous connait plus chez les Hommes. Quelle différence il peut y avoir à coacher des femmes ?
C’est surtout sur le plan du leadership. Chez les hommes, c’est le leadership de structuration. Les hommes aiment les choses organisées, bien contrôlées avec une certaine équité dans les décisions. Chez les femmes, l’approche est différente. C’est juste le respect, leur donner la dignité qu’elles méritent et faire des choix qui ne sont pas tirés vers les clans. Mais dans le jeu réel, les autres sont beaucoup plus athlétiques. Ils vont au rebond, tu fais des systèmes qui leur permettent d’aller aux Alley Oops. Chez les femmes, il y a une meilleure approche au niveau de l’intelligence du jeu.
Avez-vous pris le temps de vous adapter à tout cela ?
Tout entraineur est appelé à coacher n’importe quel genre de joueur. C’est vrai que cela a été une surprise quand on m’a proposé le poste. La dernière fois que j’étais avec l’Equipe nationale féminine, c’était en 2007 avec Maguette Diop où j’étais assistant. Je n’avais pas les rênes pour décider. Maintenant, c’est une approche difficile parce que c’est un baptême du feu pour moi. Je pense que je gagnerai à avoir une main mise sur les différences qui font le jeu des femmes. C’est dans la discussion qu’on le fera, établir une base d’un noyau solide. Le leadership peut changer au niveau du capitanat. Je ne sais pas encore, mais c’est très possible. C’est juste pour me permettre d’avoir mes repères.
Vous semblez prôner la rupture. Sur quoi sera basée la sélection des anciennes ?
Sur la compétition, sur ce qu’elles valent sur le plan jeu, aujourd’hui. Ce n’est pas ce qui se faisait hier. Il y en a qui ont commencé très tôt et qui ont été régulières dans leur championnat. Il y en a qui ont rejoint très tardivement leur club. Il y en a qui ne jouent pas. On ne va pas se permettre d’amener des gens qui attendent l’Equipe nationale. On fait ce qu’on doit faire et après, à nous d’apprécier. Je ne vais pas appeler des joueuses qui ont été championnes d’Afrique, qui ont beaucoup joué en Equipe nationale, pour les couper après. Je préfère donner la chance à des jeunes. Il y aura des changements, c’est évident.
Quelle sera la suite de la préparation ?
D’abord, on aura peut-être trois meneuses et trois arrières qui vont sortir de cette phase. Après, on aura un groupe de 15 avec tous les secteurs, sur le plan local. Ce groupe plus celui des meneuses et arrières, sera là pour la seconde phase de la préparation prévue du 10 au 12 juillet. A partir du 14 août, ce sera un autre rassemblement avec les expatriées.