Déjà sans compétition et devant retrouver la scène africaine dans une semaine, le Jaraaf s’inquiète des nouvelles mesures prises par le ministre de l’Intérieur. Son vice-président, Youssou Dial, ne veut qu’une seule chose : jouer !Les autorités ont pris certaines mesures pour faire face au Covid-19, au moment où votre équipe, le Jaraaf, prépare son prochain match en Coupe Caf contre Fc San Pedro, le 23 décembre à Lat Dior. Comment gérez-vous cette situation ?
A notre niveau, rien ne change par rapport à cette décision qui a été renouvelée. On continue à s’entraîner normalement. C’est vrai que samedi dernier, les gendarmes ont fait irruption au centre Sénégal-Japon où on s’entraînait. Mais après tout s’est très bien passé. Ils ont été compréhensifs. Ils nous ont simplement demandé de chercher une autorisation pour continuer nos entraînements. Par rapport à cette autorisation, nous laissons tout entre les mains de la Fédération et de la Ligue Pro qui vont se charger de voir avec le ministère de l’Intérieur et le ministère des Sports, pour avoir de manière formelle, une autorisation. En attendant, on continue à s’entraîner jusqu’à ce qu’il y ait une décision contraire par rapport à ça.
Au-delà des entraînements, est-ce que vous avez des garanties de jouer le 23 décembre à Lat Dior ?
Je ne sais si le Gouverneur de Thiès a sorti un arrêté, mais en tous les cas, il s’agit d’une compétition internationale et le Sénégal ne peut s’empêcher de jouer ce match, sinon on risque des sanctions. On ne se fait pas de soucis. Cela ne nous perturbe pas. On essaie de faire abstraction de tout cela et continuer à faire en sorte que l’équipe se prépare dans les meilleures conditions possibles. Pour nous, c’est un match qui se jouera dans tous les cas. Donc, on s’entraîne pour être prêts le jour J.
Justement, dans quel état d’esprit sont les joueurs, dirigeants et supporters avec tout ce qui se passe en ce moment ?
Nous avons l’habitude d’épargner les joueurs de tous ces tralalas. Nous faisons en sorte qu’ils soient concentrés sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de s’entraîner tous les jours, de se préparer physiquement, tactiquement, mentalement par rapport à ce match. Ils ont aussi des dirigeants qui ont l’habitude de gérer ce genre de situation. On essaie de travailler sur ces aspects là avec la Fédération et la Ligue professionnelle, mais on fait comme si tout se passait très bien et que le match devait se jouer. Pour le moment, nos joueurs sont concentrés sur leurs entraînements, sur l’objectif qui leur ait assigné, c’est-à-dire de passer ce deuxième tour. C’est vrai qu’au niveau des supporters, il y a quelques inquiétudes. Ils n’arrêtent pas d’appeler pour se renseigner sur ce qui se passe. On essaie de les rassurer.
Au-delà des compétitions africaines, il y a également le championnat qui doit démarrer en janvier, avez-vous, à l’heure actuelle, une vision claire sur comment les choses vont se passer ?
Ma vision n’est pas claire là-dessus. Mais pour moi, la date du 2 janvier devrait être respectée. Cela fait déjà plusieurs mois qu’on ne joue pas en championnat. Au même moment dans des pays où les cas sont encore beaucoup plus importants, les équipes jouent. C’est le cas au Maroc avec 2000 à 3000 cas par jour. Cela ne les empêche pas de jouer. Ce qui est important pour nous, aujourd’hui, c’est de sensibiliser tous les acteurs et de faire en sorte que les mesures barrières soient respectées et que les matchs se jouent à huis clos. Ce n’est pas dérangeant. Aujourd’hui, le secteur du sport est le secteur où on prend plus de précautions. Par exemple, nous qui jouons en compétition africaine, les joueurs et l’encadrement sont régulièrement testés. Le football ne sera jamais un accélérateur de la propagation du virus au Sénégal.
Alors quel est le message ou le discours à tenir pour que les autorités puissent répondre à la demande des sportifs ?
On a un ministre de tutelle. C’est lui qui doit être notre porte-drapeau. C’est lui qui doit s’asseoir avec ses collègues et les sensibiliser, leur expliquer comment fonctionne, aujourd’hui, le football sur le plan international. Quand tu vas en France où ils ont 30 000 à 40 000 cas par jour, les gens continuent de jouer. Même si on peut bien comprendre qu’aujourd’hui, dans le contexte actuel, on ne peut pas jouer avec un public. C’est notre ministre de tutelle qui doit monter au créneau pour défendre le sport auprès du président de la République. Jusqu’à présent, le sport a suffisamment souffert de cette situation. Au-delà de l’aspect sportif qui est important, nous sommes de Pme, des Pmi. On a des salariés qui ne bénéficient pas de chômage partiel, comme cela se fait dans d’autres pays. On a des joueurs dont l’avenir est en jeu. Vous constatez que cette année, on n’a pas transféré de joueurs sur le plan international. Si on ne joue pas, ce sont peut-être des avenirs qui risquent de tomber à l’eau. Tous ces aspects doivent être pris en compte dans les décisions qui vont être prises.