La Villa des arts Dago est le cadre d’une exposition photographique qui va durer un mois. Ayant débuté samedi, cette manifestation est organisée dans le cadre de la 7e édition du Parcours.

La 7e édition du Parcours a démarré à Dakar depuis le 3 décembre. Samedi dernier, c’était à la Villa des arts Dago d’accueillir pour un mois des artistes photographes venus d’horizons divers. Parlant du thème de l’exposition qui s’intitule «Les réverbérations des pellicules, regard sur la ville», le commissaire de l’exposition, Idrissa Diallo, de souligner que ce thème en appelle à la «sensibilité du photographe». A travers cette exposition, il pose son appareil sur un fait, à savoir l’occupation anarchique de la voie publique à Dakar, explique-t-il. «On ne peut pas se lever un jour, barrer la voie publique en y érigeant une tente. On ne peut pas se permettre de mettre ses étales sur la place publique. C’est l’anarchie totale. C’est un sujet de préoccupation pour moi. La plupart des photos renvoient à cette situation anarchique que vivent les Dakarois», a indiqué Idrissa Diallo samedi lors du vernissage de l’exposition photographique à la villa Dago. Le but est d’amener à un changement de comportements à travers ces photos, explique Idrissa Diallo. «Au-delà du beau, l’art doit contribuer à corriger beaucoup de choses. Qu’est-ce que l’art ? Qu’est-ce que les artistes proposent pour que les humains aient un regard par rapport à la marche de la société, pour que les humains aient un autre regard sur la société. L’art est un outil thérapeutique», note l’artiste qui renseigne qu’une Française a fait des œuvres sur la Médina dans l’exposition, alors qu’une autre Franco-sénégalaise s’est intéressée au bouillonnement de Soumbédioune.
Pour sa part, Ousmane Ndiaye Dago s’offusque que la photographie ne soit pas intégrée dans l’art au Sénégal. «Malheu­reusement chez nous au Sénégal, la photographie n’est pas considérée comme un art parce que la photo est simple, tout le monde peut la faire. Quand tu dis je suis artiste, on te demande si tu es musicien ou chanteur. Et les intellectuels te demandent si tu es peintre. Ils ne te demandent jamais si tu es photographe», constate l’artiste-designer-photographe qui intervenait lors du vernissage de l’exposition. Ayant pris part à plusieurs biennales dont celle de la Havane en tant que photographe, Ousmane Ndiaye de souligner que «seules des expositions de ce genre constituent un moyen pour changer la donne et amener les Sénégalais à faire comme les Européens qui ont intégré la réalité qui veut que la photographie relève du domaine de l’art». «L’ordinateur est là, mais c’est toujours l’homme qui est derrière. La photo a toujours sillonné le monde. On ne photographie pas seulement les hommes, mais il y a la publicité, la communication. La photo est là du début à la fin. Depuis 1995, j’expose des photos. Il faut que les autres exposent aussi», recommande Ousmane Ndiaye Dago. Onze photographes d’horizons différents ont marqué de leur présence cette exposition. C’est le cas de Ly Lagazelle de Côte d’Ivoire, Mamadou Gomis du Sénégal, entre autres. Le Parcours est ainsi un concept mis en place depuis 2012 où tous les espaces d’art existant à Dakar s’unissent en collectif pour organiser individuellement un programme avec une communication commune.
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