Exposition – Hommage à une artiste plasticienne «hors pair» : Madeleine Devès Senghor en pleine lumière
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Mme Madeleine Devès Senghor est une artiste plasticienne dont le talent est reconnu de tous. Raison pour laquelle ses pairs de la Cacsen lui ont rendu hommage à travers une exposition dans le cadre de la 15ème édition de la Biennale de Dakar.Par Amadou MBODJI –
Mme Madeleine Devès Senghor a reçu un hommage «mérité» de ses pairs à travers une exposition organisée mardi dernier dans le cadre de la 15ème édition de la Biennale de Dakar. Commissaire de l’exposition, Maguèye Kassé décrit Madeleine Devès Senghor «comme une grande dame dont on ne célébra jamais assez la créativité». Une artiste qui, selon lui, «n’a jamais rien demandé à qui que ce soit et qui a pourtant tellement de choses à communiquer au monde». Emu, il explique : «Vous comprendrez, mesdames et messieurs, la joie qui pouvait m’habiter dans cette proposition qui m’a été faite d’être le commissaire de cette exposition. Cette dame est si avenante et si disposée à montrer ce qu’elle a créé depuis des années dans le silence et la paix intérieure propices à la création qu’on ressent dès qu’on considère ces matières premières.»
Professeur Maguèye Kassé ne tarit pas d’éloges à l’endroit de cette «dame de fer» dont l’activité artistique est centrée sur la possibilité de redonner vie, par le canal d’une exposition, à des reliques composées d’ossements d’animaux, de troncs d’arbres, etc.
Alpha Amadou Sy, président de la Communauté africaine de culture section sénégalaise (Cacsen), qui a organisé cet hommage en l’honneur de Mme Senghor, décline le caractère symbolique de cet acte posé à l’endroit de cette artiste «hors pair». «Cacsen dont tu es un des plus éminents membres fondateurs, suivant sa vocation, a pris le parti de rendre hommage à l’autodidacte qui a réussi des excursions remarquables dans l’impressionnant univers des arts plastiques. D’avoir eu l’idée de donner vie à des objets que même les poubelles rechigneraient à accueillir, tu as élevé à la dignité de pionnière de l’art de la récupération», témoigne le patron de la structure. «Ton sens de la créativité n’en est que plus sublime au regard de cet art consommé par lequel tu insuffles aux sekkiit -résidus de tissus jetés par les tailleurs- une âme… esthétique. Ces rebuts étaient au mieux mis à profit pour le bourrage des oreillers. Originellement, l’assemblage hétérogène de tissus paraissait incongru, du moins frappé d’une incohérence esthétique dont ne pouvaient se délecter ni les yeux du corps ni ceux de l’esprit. Pour preuve, le dëbb daaxe, prototype de la dysharmonie, renvoyait au mélange de morceaux de tissus hétéroclites tant par leur couleur, leur qualité que par leur dimension», poursuit-il.
Dithyrambique sur ses œuvres, il enchaîne : «Sans doute, sous les effets conjugués de la crise économique et du cycle de sécheresse des années 1970, des Sénégalais ont ingénieusement récupéré le dëbb daaxe à des fins utilitaires (drap de lit pour les femmes et habits prisés notamment par les Baye Faal). Et, toi, Madeleine Devès Senghor, tu as réussi la prouesse d’en faire l’objet d’une contemplation esthétique !» Pour le président de la Cacsen, cet hommage n’est que justice pour son talent : «L’initiative est vraiment heureuse. Surtout qu’en dehors de ses talents d’artiste, socialement et humainement Madeleine D. Senghor est une grande dame. Notre frère et partenaire, l’artiste-peintre Kalidou Kassé, sitôt informé, a généreusement mis à notre disposition ce prestigieux espace pour accueillir l’événement. Mieux, il a tenu à accompagner, avec beaucoup de professionnalisme et d’enthousiasme, le comité d’organisation.»
ambodji@lequotidien.sn