Les Mourides sont à l’honneur à la Galerie nationale. Et ce, jusqu’au 20 juillet prochain. Une exposition collective sur le thème «Le Mouridisme, le model de savoir être, de savoir-faire et de savoir devenir» est organisée par le ministère de la Culture et de la communication en collaboration avec «Kureel fataliku juli geej gi» de Yoff. L’objectif est de partager l’esthétique mouride avec le monde.

L’esthétique mouride séjourne à la Galerie nationale jusqu’au 20 juillet prochain. Le vernissage de cette exposition s’est tenu avant-hier en présence du ministre de la Culture et de la communication, du président du Parlement de la Cedeao et du vice-ministre de la Culture de l’Afrique du Sud. Cette exposition collective regroupe les œuvres des artisans du village de Ndem et de l’artiste plasticien Ousmane Sèye. On y découvre aussi de tenues traditionnelles de l’Afrique du Sud. Dès l’entrée de la galerie, un mur en paille accueille le visiteur avec ce message : «Le Mouridisme, un savoir être, un savoir-faire, et un savoir devenir». Ici, le savoir être se découvre à travers les vêtements. En effet, de gigantesques tableaux reprennent les habitudes vestimentaires des fils de Serigne Touba et des khalifes de Mame Cheikh Ibrahima Fall. Au loin, on tombe sur une géante et presque identique reproduction du guide religieux. C’est du collage. Et «cela consiste à habiller une photographie en utilisant de la colle adhésive pour fixer les vêtements», explique l’auteur de cette œuvre, Ousmane Sèye, artiste plasticien.
Tous les tableaux de cette exposition sont de même taille et ont le bleu en commun, mais il y a aussi du marron. «Le bleu est unique. Il traduit une certaine spiritualité et renvoie à la vie de ces personnages», informe l’artiste qui préfère laisser les visiteurs interpréter à leur guise le sens de la couleur marron. En réalité, ce qui frappe le plus sur ces tableaux, c’est sans nul doute le souci du détail qu’offre à voir le plasticien. Entre les makhtoum (Ndlr, les petits sacs roulés au coup et qui tombe sur le bas-ventre) et les chapelets présentés, l’artiste fait miroiter dans les moindres détails ces accoutrements de chaque guide religieux, les reprenant fidèlement. Des portraits de Serigne Modou Moustapha Mbacké, Serigne Abdou Lahat Mbacké, Serigne Fallou Mbacké, Serigne Abdou Khadre Mbacké, Serigne Saliou Mbacké Serigne Sohibou Mbacké, Mame Thierno Ibra Faty, Mame Cheikh Anta Borom Bawan et Seydina Ousmane Mbacké sont posés sur les cimaises et le moins que l’on constate c’est que l’auteur a pris le soin de reproduire dans les détails la couleur préférée, soit des écharpes soit des makhtoum ou chapelets des uns ou des autres.
Au fond de la galerie, le savoir-faire mouride opère. L’entreprise Maam Samba, regroupant les artisans du village de Ndem, une localité qui se situe à Diourbel, expose une farandole de produits. De l’habillement en passant par les meubles, des coussins, des robes et parfois même des objets de décoration, tout y est. Et ces artistes utilisent exclusivement du coton pour confectionner leurs articles. Aïcha Cissé, la responsable de cette collection, informe d’ailleurs que leur savoir-faire ne se limite tout de même pas au textile. «Ils savent travailler le métal et le bambou entre autres… On a une palette de 50 couleurs sur laquelle on avait la mention Unesco. On valorise avec les savoir-faire traditionnels africains pour donner du travail à toute une population en milieu rural. On a le label du commerce équitable», se réjouit-elle, précisant que «c’est le travail de 200 jeunes qui est exposé à la Galerie nationale».
Le visiteur, en allant sur les traces du «savoir devenir Mouride», se laisse fasciner par des vidéos montrant l’exploitation champêtre. Ici, les œuvres agricoles mourides sont diffusées. Elles montrent l’engagement des jeunes «baye-fall» qui travaillent pour la communauté, tout en utilisant des matériels modernes. En somme, l’on retiendra de cette exposition que l’habit, à lui seul, ne fait pas le Mouride, mais sans l’habit, on ne saurait reconnaître le vrai Mouride !
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