La conception ou la rénovation d’édifices n’est plus un secret pour Malick Mbow. Architecte de formation, ce peintre explore un genre nouveau. Il s’agit du «Peintisme», un pont entre la photographie et la caricature. L’ancien dessinateur du quotidien national «Le Soleil» expose actuellement au musée Théodore Monod un «Mur de portraits».

Entre caricature et photographie s’intercale Coup de griffe. Un nouveau genre artistique que Babacar Mbaye a baptisé de «Peintisme». C’est ce que l’exposition Mur de portraits donne à voir actuellement au musée Théodore Monod. Ce sont des portraits de politiques, de religieux et d’artistes que l’architecte et non moins peintre Malick Mbow réalise en accentuant leurs traits physiques tout en laissant apparaître cette profondeur qu’une photographie peut donner. Ce travail impressionnant de précision, qui ne manquera pas de surprendre plus d’un, est réalisé avec un ordinateur et sans toucher à la souris. Malick Mbow s’inspire d’une photo ou de la présence humaine pour essayer de reproduire ce que lui-même voit en regardant la muse. Il ne lui faut que 30 minutes pour créer une œuvre. Un besoin «d’être entre la réalité et l’abstrait» que le peintre traduit par une redéfinition des traits de la personne au point de susciter une interrogation chez le visiteur. Qui se demande s’il est devant une photo ou une caricature.
Pour Malick Mbow, le «Peintisme» exprime la nécessité d’exister et «les artistes plasticiens sont obligés de s’adapter parce c’est l’avenir». «S’ils ne le font pas, ils seront noyés dans la masse», prédit l’artiste qui n’a sélectionné que des portraits réalisés lors de son passage au quotidien national Le Soleil. De Mick Jagger en passant par Shimon Peres et Hilary Clinton sans oublier Macky Sall, Abdoulaye Wade ou Lamine Diack, entre autres portraits de personnalités, il crée un Mur de portraits qui ne laisse personne indifférent. Mais les plus impressionnantes de ses œuvres restent les portraits des Présidents Macky Sall et Nelson Mandela qui sont côte à côte avec des postures identiques. En bas de ces tableaux, on peut lire : «Nous avons visité la cellule, les conditions misérables dans lesquelles il a vécu pendant 18 ans dans une petite cellule de 2m² et être capable de dépassement et de pardon.» Dans ce portrait, ce qui intéresse Malick Mbow c’est «l’attitude de Macky dans la cellule». Hormis le fait de se positionner ou d’intégrer les Tic dans le processus de création, le travail de Malick Mbow se veut être un pont entre l’abstrait et la réalité.
«En Afrique, l’abstrait n’est pas très connu (…) On fait du n’importe quoi qu’on appelle abstrait», diagnostique-t-il. Non sans omettre de souligner que, lui, il évite de traduire un sujet, mais l’interprète. Ce travail sur l’ordinateur entamé en 2010 est le résultat d’un besoin de changement. «J’ai commencé à chercher comment peindre et ne pas se salir et ne pas encombrer mon espace. C’est comme ça que je me suis tourné vers l’ordinateur. A partir du moment qu’on peut signer, on peut dessiner avec Pain (un logiciel)», explique-t-il. Ce besoin satisfait, Malick Mbow voit désormais l’avenir s’écrire avec cette pratique avec un style qui cherche surtout à «sortir les caractéristiques essentielles d’une personne pour partager son esprit et toucher l’âme du visiteur». Outre l’ancien premier ministre Mimi Touré qui était à la cérémonie de vernissage, cette exposition a été visité par l’archevêque de Dakar.

mgaye@lequotidien.sn