Dans le cadre des expositions «Off» de la 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar et de la 13e édition du Partcours, un trio d’artistes italiens ou résidant en Italie, d’origine africaine, a exposé ses œuvres à l’Institut culturel italien de Dakar au Plateau. L’expo, qui s’intitule «Souvenir d’Italie», invite à repenser l’identité italienne à travers les prismes de la migration, de la mémoire et de la diaspora. Les visiteurs ont jusqu’au 8 février prochain pour voir les œuvres.

 

Par Ousmane SOW – Un mois après son ouverture, l’exposition «Souvenir d’Italie», orchestrée par Eugenio Viola, Directeur artistique du Mambo, Musée d’art moderne de Bogotá (Colombie), détourne malicieusement le titre d’une comédie italienne de 1957 pour une réflexion acérée sur ce que signifie être italien et africain aujourd’hui. «Le titre Souvenir d’Italie est emprunté au film homonyme de Antonio Pietrangeli de 1957, une comédie touristique qui exploitait les stéréotypes populaires pour promouvoir l’Italie des cartes postales. L’exposition entend subvertir cette vision simplifiée pour proposer une réflexion critique sur ce que représente l’Italie aujourd’hui, et sur la manière dont la culture italienne est influencée et enrichie par les histoires et visions venues d’Afrique et de ses diasporas», lit-on dans un communiqué de presse précisant que l’expo, qui s’inscrit dans le cadre de la 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar section «Off» et de la 13e édition du Partcours, a «enregistré plus d’un millier de visiteurs et sera ouverte au public jusqu’au 8 février prochain dans les nouveaux locaux de l’Institut culturel italien de Dakar au Plateau».

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Ainsi, à travers cette exposition, trois artistes, Binta Diaw, Adji Dièye et Délio Jasse, «explorent des thématiques liées à la mémoire, à l’identité, à la migration et à la diaspora, mettant en lumière les complexités d’un monde de plus en plus connecté et multiculturel, mais aussi marqué par de nouvelles formes d’intolérance», précise le document.

Et pour Eugenio Viola, l’enjeu de cette exposition dépasse la simple contemplation artistique. «L’exposition est une invitation à reconnaître et à célébrer la complexité des expériences migratoires et identitaires, passées et présentes. Elle nous invite à repenser l’italianité dans un contexte global, en offrant un espace pour la réconciliation et le dialogue entre les diversités, stimulant une réflexion critique sur les concepts d’identité et d’appartenance, aujourd’hui plus que jamais fluides et renégociables», précise le commissaire Eugenio Viola. Parmi les œuvres exposées, dit-il, l’installation immersive «Il peut pleurer du ciel» de l’artiste italo-sénégalaise Binta Diaw, réalisée lors d’une résidence au Sénégal, «aborde le thème complexe et urgent de la migration et de ses implications entre l’Afrique et l’Europe, en soulignant l’entrelacement entre identité, patrimoine culturel et imagination».

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De son côté, Adji Dièye déploie, avec «Let Me», une réflexion critique sur l’architecture postcoloniale. A travers la réappropriation des archives iconographiques sénégalaises, elle met en lumière les rêves de modernité et leurs paradoxes, «en s’inspirant des concepts de parallélisme asymétrique introduit par Léopold Sédar Senghor et de la pensée de Felwine Sarr», ajoute le document. Enfin, les œuvres de Délio Jasse, artiste angolais établi en Italie, plongent dans les strates de l’histoire coloniale italienne. Ses séries «Città Foresta» et «Visitate l’Italia» revisitent des archives visuelles «souvent oubliées, en réutilisant des images trouvées comme des passeports et des albums de famille».
ousmane.sow@lequotidien.sn