En décidant d’indemniser les déguerpis de la Cité Tobago, de rétablir les travailleurs de la santé dans leurs droits et d’apaiser l’espace scolaire universitaire par le règlement des indemnités et primes aux enseignants du supérieur à coup de milliards, vous démontrez une fois de plus votre magnanimité et empathie envers vos concitoyens. A travers ces gestes, vous incarnez bien cette posture de «Père de la Nation» tel que vous perçoivent vos compatriotes, parmi lesquels les travailleurs des Industries chimiques du Sénégal, dans l’espoir de pouvoir disposer de leurs droits conformément aux lois et règlements du pays à chaque fois que de besoin.
Définie comme l’espace d’un bon «vouloir-vivre ensemble», la Nation sénégalaise ne saurait exister sans le soubassement d’un Etat de droit dans toutes ses dimensions d’équité et de dignité dont vous êtes, indiscutablement, le garant. Sous ce rapport, les travailleurs, membres de la coopérative d’habitat des Industries chimiques du Sénégal, tout en saluant toutes ces actions qu’ils trouvent tout à fait normales et légitimes, car s’inscrivant dans une dynamique de rétablir certains de vos «enfants» dans leurs droits, se rappellent à votre bon souvenir.
En effet, expropriés de leur terrain, titre foncier n° 1136 R à usage d’habitation pour cause d’utilité publique par l’Etat du Sénégal, au mépris des dispositions réglementaires en la matière, les membres de cette coopérative d’habitat se sont abstenus de toute attitude de défi vis-à-vis de l’Etat. Des années durant, ils ont fait confiance aux institutions républicaines que sont le gouvernement et la justice, refusant ainsi de s’adonner à tout acte susceptible de ternir leur image et d’afficher le respect total qu’ils vouent à la République. En aucun moment, ils n’ont cédé à la tentation de poser des barricades sur les routes ou d’entreprendre une grève de la faim pour se faire entendre et obtenir par compassion la réparation du préjudice qui leur est fait. Ils ont, d’emblée, privilégié la voie du dialogue malheureusement sans issue heureuse, malgré la saisine de toutes les autorités étatiques d’alors, impliquées dans le dossier.
Pour rappel, Monsieur le président de la République, il s’agit d’un terrain de 16 hectares, Tf n° 1136 R, sis à Kounoune, acquis auprès de la Biao, devenue Cbao, au prix de cotisations tirées des salaires des travailleurs, pour la plupart des ouvriers. En 2003, ce terrain a fait l’objet d’une expropriation par l’Etat du Sénégal pour les besoins de la construction d’une centrale diesel. En effet, l’Etat, pour des raisons sécuritaires, avait estimé que conformément aux dispositions du Code de l’environnement, le terrain mitoyen à celui devant abriter la centrale ne pouvait plus servir d’habitation.
Aujourd’hui, Monsieur le Président, les travailleurs de la coopérative des Ics souffrent terriblement dans leur chair cette situation qu’ils sont en train de vivre pour les raisons que voici :
Malgré une décision de justice assortie de pénalités de retard condamnant l’Etat à payer la coopérative, les travailleurs courent toujours après cette indemnisation depuis 2003 ;
Le saucissonnage du paiement ôte toute possibilité aux travailleurs coopérants d’acquérir un terrain en remplacement et par-delà disposer d’un toit pour leur famille ;
Le terrain Tf n° 1136 en question a fini de faire l’objet de morcellement par d’autres Sénégalais qui y ont érigé des immeubles au vu et au su des autorités étatiques en charge des affaires domaniales et d’urbanisme. Lesquelles autorités ont été saisies et informées directement, documents à l’appui, par les responsables de la coopérative sans suite.
Excellence M. le président de la République, il ressort de cette situation que vous êtes la seule voie de recours pour ordonner le paiement définitif de ce qui est dû aux travailleurs de la coopérative d’habitat des Ics. D’autres voix l’ont soutenu avant nous et nous gardons confiance et espoir en l’Etat dont vous êtes l’autorité suprême, irréprochable dans le traitement des questions sociales.
Le Président de la Coopérative d’habitat des Ics
Abdoulaye SAGNA
mfaye6512@gmail.com